Elle constitue un outil privilégié de prévention. Pourtant, la vaccination des femmes enceintes contre certaines maladies demeure marginale, se désole l’Académie de médecine dans un rapport publié le 25 mars. Actuellement en France, 4 vaccinations sont recommandées pour cette catégorie de population : la coqueluche, selon les dernières préconisations de la Haute autorité de santé , la grippe saisonnière, le Covid-19 et le virus respiratoire syncytial (VRS), qui infecte principalement les enfants de moins d’un an. Or, la couverture vaccinale, marquée par les inégalités aussi bien sociales que territoriales, reste « insuffisante ». En 2021, elle était de 21% pour la grippe selon Santé publique France, de 70% début 2022 pour le Covid-19, un taux bien inférieur à celui des autres femmes du même âge qui n’étaient pas enceintes, et de 72,4% pour la coqueluche. Quant au taux d’adoption du vaccin anti-VRS, introduit seulement depuis septembre 2024, les données manquent encore pour l’évaluer.
« Cette vaccination permet la transmission des anticorps maternels au fœtus afin de protéger la période postnatale, particulièrement vulnérable avant que l’immunité vaccinale prenne le relais chez le nourrisson, et protège aussi la femme elle-même contre des maladies respiratoires potentiellement aggravées par les modifications immunitaires et les modifications ventilatoires de la grossesse », insiste l’Académie de médecine.
L'absence de proposition, frein principal à la vaccination
Plusieurs raisons expliquent ce phénomène dont, en premier lieu, l’absence de proposition faite à ces femmes de se vacciner ; cela concernait 40% d'entre elles, selon une enquête IPSOS publiée en septembre 2023. Viennent ensuite la peur d’effets défavorables pour le bébé (23,9%), l’absence de crainte face à la grippe (22%), la méfiance envers les vaccins (21,9%), et la peur d’effets défavorables pour la femme (15,8%). « L’acceptation ou au contraire la réticence, la méfiance, la crainte, le scepticisme, voire l’opposition envers les vaccins concernent les femmes enceintes comme la population générale », commente l’Académie de médecine.
Le rôle des professionnels de santé est déterminant. La probabilité de recevoir un vaccin contre la coqueluche ou la grippe est 10 à 12 fois plus élevée chez les femmes enceintes ayant reçu une recommandation de leur part.
Aussi, pour tenter d’améliorer cette couverture vaccinale, préconise-t-elle plusieurs solutions, dont l’une cible les professionnels de santé eux-mêmes. « Leur rôle est déterminant », souligne-t-elle, « car ils conseillent, informent, prescrivent et administrent les vaccins. La probabilité de recevoir un vaccin contre la coqueluche ou la grippe est 10 à 12 fois plus élevée chez les femmes enceintes ayant reçu une recommandation des professionnels de santé. »
Mieux former les professionnels de santé à informer
Il faut donc former et mobiliser les professionnels de santé, dont les infirmiers, pharmaciens et sages-femmes, désormais habilités à vacciner les femmes enceintes, sur ces questions. Et en particulier dans les régions où les taux de vaccination sont les plus faibles. Cette mobilisation suppose une formation continue qui doit comporter une dimension éthique et des notions de sciences humaines pour mieux appréhender les facteurs de l’hésitation vaccinale, relève-t-elle. « Pour délivrer cette information, ils doivent être eux-mêmes convaincus et bien formés. »
Inscrire la vaccination dans le suivi prénatal
Parmi les autres pistes avancées pour tenter d’améliorer la situation, l’Académie de médecine évoque la nécessité d’inscrire la vaccination des femmes enceintes dans le suivi prénatal usuel, après la délivrance d’une information claire et individualisée, et de la rendre plus accessible en la proposant dans une pluralité de lieux (maternités, services de protection maternelle et infantile, en pharmacie…). Autre axe à mobiliser : encourager la recherche et le développement des vaccins pendant la grossesse. « La vaccination pendant la grossesse constitue un volet majeur de la prévention pour la future mère et pour l’enfant à naître, qui inclut les règles d’hygiène et les gestes barrières. Elle complète utilement dans cet objectif la stratégie vaccinale globale de la population, à visée tant directe et individuelle qu’indirecte et collective », conclut-elle.
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