En France, la pénurie d’aides-soignants s’installe suite notamment au vieillissement de la population. De plus, les rémunérations perçues sont loin de rendre la profession attractive. Une situation similaire est constatée pour les auxiliaires de puéricultures, selon la 7ème édition du baromètre de l’Appel médical.
En 2017, les aides-soignants auraient touché un salaire moyen évalué à 1745 € bruts, ce qui correspond à une augmentation de 1,3% par rapport à 2016 selon l’enquête de l’Appel médical. D’après leurs données, les rémunérations se sont accrues en particulier dans le secteur public où il a été constaté une hausse de 3,1%, les salaires passant de 1794 € brut mensuel à 1850 € brut. Cette évolution était moindre dans le privé avec revenu mensuel moyen de 1682 € brut (+ 0,5%). Même constat dans le milieu associatif, où les aides-soignants ont touché 1731 € brut par mois (+0,7% par rapport à 2016).
Or, les besoins s’accroissent en France, notamment en EHPAD suite au vieillissement de la population et à l’arrivée plus tardive des personnes âgées en maisons de retraite au moment où leur dépendance nécessite un environnement médicalisé. Et pourtant, une enquête de Pôle emploi avait montré les difficultés de recrutement d’aides-soignants sur le territoire. En parallèle, l’enquête suggère que la formation initiale n’est pas assez poussée dans certains domaines, par exemple en ce qui concerne la prévention des troubles musculosquelettiques (TMS).
L'édition 2018 a reposé sur l'analyse de fiches de paie d'intérimaires. La règle imposant qu'un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu'un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires. Les congés payés (10%), les indemnités de fin de mission (10%) et les primes variables n'ont pas été prises en compte.
Les auxiliaires de puéricultures, particulièrement mal payés
Les auxiliaires de puériculture ont gagné 1601 € brut en moyenne, ce qui représente une très faible hausse de 0,4% par rapport à l’année précédente. Toujours selon l’Appel médical, il s’agit « de la plus faible revalorisation relevée dans le baromètre 2018 ». Plus précisément, cette hausse des rémunérations est tout simplement inexistante dans la fonction publique, les salaires n’ayant pas bougé d’une année sur l’autres (à 1 euro près) stagnant à 1631 € brut mensuel. Ils ont même baissé dans le privé passant de 1601 € brut à 1593 € brut (-0,5 %). L’évolution positive vient du milieu associatif où les données indiquent une augmentation de 1,3% passant de 1573 € brut à 1593 € brut.
Lors de l’analyse de ces chiffres, l’Appel médical pointe du doigt les difficultés à recruter ce type de profil « devenu une denrée rare pour les crèches ». Ce qui a pour conséquence, une capacité d’accueil insuffisante notamment dans les grandes agglomérations comme Lyon, Toulouse ou encore Bordeaux où l’on répond à moins de la moitié des demandes.
« Budgets contraints, concentration d’établissements, professionnalisation des modes de gestion… Depuis plusieurs années, le secteur de la santé et du médico-social vit de profonds changements d’organisation qui alimentent parfois chez les personnels soignants un sentiment de perte de sens dans le travail. L’enjeu, aujourd’hui, est notamment de contrer une crise des vocations, en partie liée à des salaires insuffisants, à l’origine de nombreuses difficultés de recrutement », souligne Christophe Bougeard, directeur d’Appel médical. Revaloriser des métiers de la santé notamment au niveau des salaires serait nécessaire. Voilà pourtant des années que les professionnels crient leur précarité et la baisse de leur pouvoir d’achat. Revaloriser leurs professions : une urgence !
Note
- Le baromètre Appel Médical de la santé est une étude basée sur les salaires réels constatés, et donc non déclaratives, réalisée sur les années pleines 2017 et 2016. L'édition 2018 a reposé sur l'analyse de 706 794 fiches de paie d'intérimaires. La règle imposant qu'un intérimaire soit rémunéré au même niveau qu'un salarié titulaire garantit une bonne représentativité des salaires. La base de traitement est le salaire brut mensuel : les congés payés (10%), les indemnités de fin de mission (10%) et les primes variables n'ont pas été prises en compte.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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