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Le podcast qui donne la parole aux infirmiers

Chaque mois, découvrez un nouveau podcast sur l’actualité de la profession infirmière... vue par les infirmier.es !

23/11/2023 - 
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Alors que les débats autour de la suppression de l'Aide Médicale d'Etat (AME) secouent le Sénat, à la permanence d'accès au soins de santé de l'Hôtel-Dieu à Paris, les patients viennent chercher une écoute, et du soin. «J'ai fait ce métier pour aider les gens». Nathalie Dumont aime avant tout l'échange avec ses patients : «c'est toujours très très fort», confie-t-elle. «Ce sont des patients démunis et, même si c'est un peu commun de dire ça, ici je me sens vraiment utile», résume-t-elle. La Pass de l'Hôtel Dieu sur l'Ile de la Cité «dépasse les 15 000 consultations par an», confie Edouard Lefevre, cadre de santé à la Pass. «On est même trois Pass en une», explique-il : «une Pass généraliste avec des soins de médecine générale, une Pass de soins dentaires et une Pass de soins ophtalmologiques».  

Ici, chaque jour, se présentent des gens en grande précarité, qui n'ont aucune couverture sociale. «On reçoit une grande majorité de migrants, selon la situation géopolitique, énormément d'Afghans en ce moment, mais aussi une population de sans-domicile-fixe, étrangers ou Français qui n'ont plus accès aux soins». La prise en charge, financée par l'Agence régionale de Santé, est entièrement gratuite. 

Prises de sang, pansements, mise en place d'une vaccination...

Après un premier bilan systématique avec un médecin, l'infirmier prodigue des soins, prises de sang, pansements, la mise en place d'une vaccination, une éducation thérapeutique pour du diabète... Et cet entretien ne se limite pas toujours à des gestes techniques : parfois les patients se confient, sur leur parcours, leurs difficultés. 

Pass infirmière
Nathalie Dumont est infirmière à la Pass depuis 2020. 

Il faut aussi faire avec le manque de moyens, pas toujours évident à gérer : un box infirmier pour deux professionnels, alors que les gens continuent d'affluer dans la salle d'attente. «Oui on sait s'adapter», sourit Nathalie Dumont. L'infirmière l'assure : elle trouve encore, chaque jour, du plaisir à venir travailler. 

 

Ecoutez cet épisode : 

13/11/2023 - 
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La nuit du 13 novembre 2015, Théophile Bastide, cadre de santé aux urgences de l’hôpital Lariboisière, à Paris, n’est pas censé travailler. Pourtant, devant les informations qui lui parviennent, il décide rapidement de se rendre à l’hôpital. A son arrivée, autour de 22h30, les premières victimes des attentats ont déjà été prises en charge par les équipes… Une trentaine d’entre elles défileront cette nuit-là à l’hôpital Lariboisière, qui pour des raisons géographiques, fût l’un des premiers à recevoir les blessés. Le grand silence, le calme inhabituel… Théophile Bastide* revient sur cette nuit hors-norme, qui a marqué l’hôpital et dont il a tiré des enseignements…

 

La France frappée en plein cœur

La Première ministre Elisabeth Borne a participé lundi 13 novembre, à Paris et Saint-Denis, à de brèves cérémonies d'hommage aux 130 victimes tuées il y a huit ans lors des pires attaques terroristes en France, revendiquées par l'organisation Etat islamique (EI). Au côté de la maire de Paris Anne Hidalgo et de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, la cheffe du gouvernement s'est recueillie successivement au Stade de France à Saint-Denis, devant cinq bars ou restaurants parisiens visés par les assaillants, et enfin devant la salle de concert du Bataclan - où 90 personnes ont été tuées.

«Le 13 Novembre 2015, le terrorisme islamiste frappait la France en plein cœur», a commenté Mme Borne sur X (ex-Twitter). «Un jour gravé dans notre mémoire, comme les visages et les noms de celles et ceux qui nous ont été arrachés par la barbarie. Hommage aux victimes, à leurs proches, aux survivants. N'oublions jamais», a-t-elle ajouté.

Les attentats du 13 novembre 2015, menés par trois commandos jihadistes, ont fait 130 morts et plus de 350 blessés, à Paris dans la salle de concert du Bataclan et aux terrasses de bars et restaurants, ainsi qu'à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) près du Stade de France. Le procès historique de ces attentats s'est achevé en juin 2022, au terme de dix mois d'audience. La cour d'assises spéciale de Paris a condamné Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos, à la perpétuité incompressible, la peine la plus lourde du code pénal. Ses 19 coaccusés (six dont cinq présumés morts étaient jugés en leur absence) ont été condamnés à des peines allant de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité.

*Théophile Bastide est aujourd'hui formateur auprès des professionnels de santé à l'Institut de Formation des Cadres de Santé - Assistance Publique-Hôpitaux de Paris.

18/10/2023 - 
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Ecoutez cet épisode : 

 

Eric Lotterie, un infirmier en psychiatrie, a eu l'idée (géniale), il y a 5 ans de créer cette radio qui émet en plein cœur de l'hôpital psychiatrique de Niort, dans les Deux-Sèvres. Aux manettes, des patients y parlent musique, cuisine, relaxation, humour... Pas de grille des programmes établie mais une expression libre - bien qu'encadrée, structurée et réfléchie, comme le rappellent Thomas Gerbaud et Charlotte Hill, les deux infirmiers en psychiatrie, spécialisés en musicothérapie qui ont pris la relève d'Eric Lotterie à la direction de l'antenne. Depuis leur petit studio d'enregistrement, ils nous racontent les coulisses de Radio Pinpon.  

Radio Pinpon
Thomas Gerbaud et Charlotte Hill en studio d'enregistrement. 

 

Radio Pinpon : écoutez le direct

13/10/2023 - 
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Christine Dupré reçoit des patients au sein de l'hôpital et des patients en externe : souvent en externe ils viennent d'eux-mêmes ou ils sont adressés par des médecins, par la famille... dans une démarche davantage individuelle, explique-t-elle. Quant aux patients que l'on voit en liaison, soit ils sont aux urgences pour un problème d'alcool, et là, les urgentistes m'appellent pour pouvoir parler avec le patient, soit ce sont des patients qui sont hospitalisés pour une chute ou un problème de santé, qui vont révéler une addiction.

L'infirmière réalise alors un premier entretien qui permet de faire du lien, de faire de l'alliance thérapeutique et d'entamer -peut être- une éducation thérapeutique du patient. L'idée est de travailler sur sa motivation à lui précise Christine Dupré, qui fixe avec ses patients des objectifs adaptés, à l'issue de leurs échanges.

Découvrez notre épisode : 

 

 

 

31/08/2023 - 

Education sexuelle, suivi des élèves... Le rôle des infirmières scolaires est multiple : elles accueillent les élèves qui se présentent à l’infirmerie, assurent les urgences ou les soins quand c’est nécessaire, se chargent des projets d’accueil individualisés et mènent enfin des actions de prévention en santé auprès des élèves. Pendant la pandémie de Covid pourtant, ces missions ont été mises à mal. En septembre 2022, nous avions rencontré Gwenaëlle Durand. A 44 ans, cette infirmière scolaire en lycée a passé 10 ans à l’Education Nationale et occupe aujourd’hui les fonctions de secrétaire générale du SNIES UNSA Education. Ecoles : tout ce que les infirmières n’ont pas pu faire pendant le Covid : elle nous en dit plus.

 

20/07/2023 - 
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[PODCAST] Quelles alternatives à la contention ? Les professionnels du soin y ont recours à contre-cœur lorsqu’ils sont confrontés à la violence de leurs patients. Lors des 7e Rencontres de la recherche en soins en psychiatrie, qui se sont déroulées à Ecully, près de Lyon les 23 et 24 mars dernier, plusieurs soignants ont interrogé ce geste - souvent très mal vécu – et présenté leurs recherches sur des méthodes moins coercitives ou sur des outils qui permettent de limiter voire d’éviter le recours à la contention. Jean Lefèvre-Utile, infirmier chercheur et Docteur en Ethique dans le service de pédopsychiatrie de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, a choisi de parler d’un ballon thérapeutique. 

 

Le ballon thérapeutique, ou ballon ITCA (Intervention Thérapeutique pour Conduites Agressives) est un outil de sécurisation alternatif à la contention, dans la prise en charge des jeunes avec autisme et déficience intellectuelle, qui peuvent présenter des troubles graves du comportement. Ces patients vont confronter les professionnels à des situations de violence qui peuvent les amener à de la contention ou à de la contrainte au sens large : que ce soit l'isolement, les interventions physiques pour immobiliser une personne ou un traitement médicamenteux pour sédater une personne et essayer de la calmer autant que faire se peut ou alors en ultime recours, attacher une personne à son lit ou à un brancard, explique Jean Lefèvre-Utile.

 

 

 

Réduire la réponse punitive

Créé il y a plus de 20 ans, ce ballon a été imaginé pour essayer de réduire ce qui est trop punitif pour les jeunes avec autisme et d'avoirdes approches les moins invasives possibles dans le quotidien. Très concrètement, c'est donc un ballon qui va être utilisé essentillement lors des situations où vont apparaître ces crises ou ces troubles du comportement qui vont amener à ce qu'on appelle l'escalade comportementale. 

L'objectif ? Trouver cette fameuse juste distance, très difficile à rechercher, notamment quand on est infirmier parce que c'est contre-intuitif de chercher à s'écarter physiquement dans l'espace pour sauvegarder le lien. 

L'intérêt de ce ballon  ? Il permet de garder un contact visuel, mais également un contact au niveau de la communication gestuelle tout en ayant cette distance de sécurité nécessaire et suffisante. Dans le soin, deux choses sont importantes aux yeux des soignants, rappelle Jean Lefèvre-Utile : sauvegarder la relation et tenir compte de la souffrance de la personne que l'on soigne. Quand il n'y a plus de relation, il n'y a plus de possibilité d'essayer de comprendre cette souffrance, priorité est donc donnéee au lien coûte que coûte pour que dans un second temps, une fois que l'on a cette possibilité de la relation, on puisse se laisser un peu le temps collectivement pour mieux comprendre la situation et mieux identifier quelles sont les étiologies de ces troubles du comportement qui sont complexes à comprendre à première vue

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin

10/05/2023 - 
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Souvent, les enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) vont de placements en placements. Ils perdent leur carnet de santé, leur suivi dentaire se fait mal, tout comme leur suivi vaccinal. Pour améliorer leur prise en charge, des équipes mobiles dédiées ont été créées. Mais la demande, rapidement, a dépassé les seuls enfants placés. Aujourd’hui, ces équipes, 5 à Paris, quelques autres en France, à Nantes ou à Rennes (où existent ce qu'on appelle des UAPED, unités d’accueil hospitalières pour les enfants en danger), sont appelées par tous les services des hôpitaux dans lesquels elles ont été mises en place. 

Mathilde Perdriau est Infirmière Puéricultrice au sein de l'équipe mobile de prévention protection de l’enfance à risque à Hôpital Universitaire Robert-Debré. Elle travaille actuellement en binôme avec un médecin et elle revient sur son travail, à la fois passionnant et extrêmement délicat.

Ecoutez le podcast : 

En France, un enfant meurt en moyenne tous les trois jours des suites de violences familiales, tandis que 6 à 14% d’enfants sont victimes de maltraitance, avec des conséquences dramatiques sur leur avenir et des séquelles parfois très lourdes. 

Dans le bureau de l'équipe mobile, il y a la place pour trois personnes, un médecin, le docteur Tania Ikowsky, une infirmière, Mathilde Perdriau et un assistant social, parti depuis quelques mois. Les deux premières espèrent que le trio sera bientôt reformé et qu'un nouveau professionnel viendra compléter l'équipe. Car le téléphone ne cesse de sonner et qu'il s'agit de répondre à la demande de tout un hôpital...   

Mathilde Perdriau infirmière Hôpital Robert Debré
Mathilde Perdriau devant l'hôpital Robert Debré (AP-HP) à Paris. 

Grande précarité, maltraitance, aide à la parentalité... 

« On accompagne les enfants de zéro à dix-huit ans, à la fois dans des situations de grande précarité, ou des situation de protection de l'enfance donc des cas de maltraitance, de violences, on accompagne aussi des adolescents, des mineurs à la rue », précise Mathilde Perdriau.

« Concrètement, on est appelé par le service, on fait le point sur la situation avec les équipes, on peut ensuite rencontrer les parents et l'enfant, soit ensemble soit séparément, puis, au regard de ce que l'équipe nous a dit et de ce que nous avons perçu de la situation, soit il y a besoin de rédiger un écrit, une information préoccupante, soit l'enfant est vraiment en danger et il y a besoin de rédiger un signalement... pour que les décisions soient prises par un juge. Soit il y a besoin d'accompagnement à la parentalité, et de mettre en place des mesures d'aide éducative, ou des mesures de soutien à domicile. C'est vraiment individualisé, en fonction de chaque situation », résume l'infirmière puéricultrice qui suit « 10 situations par semaine, plus de 45 nouvelles situations par mois» et déjà en un an, a géré «plus de 180 situations » au sein de l'hôpital Robert Debré. 

Il arrive que les décisions prises, toujours en concertation avec l'ensemble des professionnels, soient très difficiles, parfois même traumatiques, voire incompréhensibles pour les parents. 

Ni jugement, ni punition  

Il y a peu, Mathilde Perdriau a pris en charge un jeune adolescent aux urgences, qui présentait des carences et qui racontait ses conditions de vie difficiles. « On a rencontré la maman et la fratrie et on a tout de suite proposé des mesures d'aides à domicile, qu'une infirmière passe, aussi, à la maison, pour l'aider, pour assurer le suivi des soins. On lui a dit les choses en toute transparence et cette maman était demandeuse, elle a très bien compris». 

Les choses ne se passent pas toujours aussi bien, en accord avec la famille. Placement d'un bébé en pouponnière, parfois plusieurs bébés au cours de la même semaine : « il arrive que les décisions prises, toujours en concertation avec l'ensemble des professionnels, soient très difficiles à prendre, parfois même traumatiques, voire incompréhensibles pour les parents», explique Mathilde Perdriau dont l'objectif reste toujours « l'intérêt supérieur de l'enfant ». «On n'est jamais dans une démarche de jugement ou de punition», assure-t-elle et quand c'est possible, l'objectif reste «d'accompagner la famille». 

Il faut prendre du recul, en tant que professionnel(le)s, sur ces situations douloureuses. Une épreuve que Mathilde Perdriau brave chaque jour grâce «à l'expérience, à la communication avec les équipes et à l'amour de son métier», sourit-elle. 

27/02/2023 - 
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«Quand il y a une catastrophe, le critère qui va permettre de définir s'il y a départ ou pas, c'est si le pays concerné formule une demande d'aide internationale», explique Yann Hornebeck à son retour de Turquie, où il a passé six jours, avec une équipe de bénévoles, à creuser pour tenter de retrouver des survivants du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie dans la nuit du 6 février 2023. «Tant que ce n'est pas le cas, on n'impose pas notre présence».

La Turquie a fait cette demande très rapidement, seulement quelques heures après la première secousse. La mission a donc été enclenchée par Secouristes Sans Frontières dans la foulée. «On est arrivés sur place le mercredi soir, soit un peu plus de 48h après la catastrophe, on a installé le camp de base, on s'est enregistrés auprès des autorités locales et on a pu entamer les recherches le lendemain matin», raconte Yann Hornebeck.

ECOUTEZ LE TEMOIGNAGE DE YANN HORNEBECK : 

«Lorsqu'on arrive à Antakya (Antioche en Français), en Turquie, le premier sentiment qu'on a, c'est un sentiment d'impuissance au départ, parce qu'on est confronté à une catastrophe d'une très grande ampleur. Si on prend la ville d'Antioche où nous sommes intervenus, c'était quand même un bassin de population de 240 000 personnes, et les autorités ont recensé entre 2 400 et 2 800 immeubles effondrés. On sait bien que les secours locaux sont comme nous, dépassés par l'ampleur du séisme. Ils font comme ils peuvent. Très honnêtement, aucun pays n'est prêt à ça. On peut anticiper, on peut s'organiser, mais face à quelque chose de cette envergure sur un si gros bassin de population, la première question qu'on se pose c'est : où est-ce qu'on va et où est-ce qu'on peut être utile ?» 

Séisme Turquie photo Secouristes Sans Frontières

 

Vision apocalyptique 

 

«C'était assez paradoxal» , se souvient le secouriste, «certains bâtiments étaient intacts. Si on prend le dernier chantier sur lequel on est intervenu, un immeuble de 10 étages effondré, il y avait trois bâtiments collés les uns aux autres, et celui du milieu était complètement anéanti tandis que les deux autres étaient toujours debout. On était face à cette disparité avec des secteurs pulvérisés et d'autres, peut-être avec des bâtiments plus modernes, qui avaient tenu le choc. De manière générale, c'était un très haut niveau de destruction». 

Quand on avait un doute, on engageait  d'abord la recherche avec un chien, qui confirmait ou non la présence d'un vivant.

Là, j'ai entendu du bruit 

Arrivés sur le secteur d'Antioche sur demande de l'Afad (l'agence turque chargée de gérer les conséquences des tremblements de terre), l'équipe a pu entamer sa mission auprès d'un premier chantier. «On nous a dirigé sur ce secteur parce que des gens avaient téléphoné, assurant avoir entendu quelqu'un appeler à l'aide, ou bien du bruit», explique Yann Hornebeck. «L'Afad centralisait les appels et répartissait les équipes de sauveteurs en fonction. Notre mission c'était d'aller vérifier si des gens se trouvaient effectivement sous les décombres aux endroits indiqués, aidés par les survivants qui nous disaient : là j'ai entendu du bruit».

«Quand on avait un doute, on engageait  d'abord la recherche avec un chien, qui confirmait ou non la présence d'un vivant. Si effectivement on avait un marquage par le chien, on se servait ensuite d'appareils de recherche, d'écoute, pour essayer de localiser les éventuels survivants».

La peur est associée à ce type d'interventions, risquées puisque des répliques peuvent survenir. «Bien sûr qu'on a peur. On sait que tout peut basculer en une fraction de seconde. C'est assez étrange d'aller, en tant que secouristes, vers des zones que tout le monde cherche à fuir. Au début ça fait bizarre», confie le sauveteur. 

séisme Turquie Photo Secouristes Sans Frontières

Une équipe rapide, légère et formée aux catastrophes

L'équipe de sauvetage-déblaiement de Secouristes Sans Frontières est une équipe avec un savoir-faire avant tout technique. Sa mission : recherche, localisation et extraction des victimes. «On est tous bénévoles. Donc dans l'équipe avec moi, il y avait toutes sortes de professions : un économiste, deux électriciens, un expert gazier, détaille Yann Hornebeck, qui a, lui, une double casquette puisqu'en plus de sauveteur, son diplôme d'infirmier peut l'amener à pratiquer des soins de premier secours. Le principe de cette équipe c'est qu'elle est dite 'légère', c'est à dire rapide et mobile». Pour ce type d'interventions, les heures sont comptées si l'on veut retrouver des vivants. 

Un an de formation

La formation des équipiers-secouristes s'étale sur un an (en parallèle de la vie professionnelle de chacun). «On se forme aux différentes techniques de recherche, de localisation, de sauvetage-déblaiement, à la transmission radio,... enfin à tout ce qui est essentiel à notre travail sur le terrain».

Au terme de cette année de formation, les équipiers vont passer un stage de validation opérationnel. Ils partent faire une grosse manœuvre d'une semaine pendant laquelle ils sont mis en condition de mission. «On essaye de coller au maximum à la réalité, avec tout ce qui va avec : quand on est en mission, on dort peu, mal, côté nourriture : on se contente de ce qu'on a... C'est assez rude.» Dès lors qu'ils ont validé ce stage, les équipiers-secouristes sont aptes à partir pour intervenir après des catastrophes, séismes, ouragans, inondations, tsunamis... L'une de leur précédente mission a par exemple été d'aller prêter main forte aux habitants dans la Vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), en octobre 2020, après le passage de la tempête Alex. 

Avant de partir pour le terrain, les équipiers sont briefés par le chef de mission (généralement à l'aéroport avant l'embarquement) sur les objectifs de la mission, la météo, sur l'environnement dans lequel l'équipe va être amenée à intervenir (urbain, rural), ou encore les points de vigilance. 

Lors de cette intervention, malgré tous ses efforts, l'équipe de Yann Hornebeck n'a pas eu la chance de sortir des personnes vivantes des décombres. Les secouristes ont tout de même pu ramener des corps à leurs familles, ce qui fait aussi partie de la mission. Une maigre consolation mais tout de même une lueur d'espoir dans ce sinistre tableau : l'équipe est parvenue à extraire un chat de la montagne de gravats : l'animal, qui appartenait à une victime ensevelie, a été rendu à son fils. «Il est tout ce qui me reste de mon père», a confié le jeune homme reconnaissant aux secouristes.  

Plus de 42 000 personnes ont péri en Turquie des suites du séisme du 6 février. Celui-ci a fait près de 46 000 victimes en comptant celles de la Syrie voisine. 

 

06/12/2022 - 

A son arrivée sur le territoire français, un mineur non accompagné doit se présenter à un bureau d’évaluation de la minorité. S’il est reconnu mineur, il est pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Dans le cas contraire, il se retrouve à la rue. Ce sont ces jeunes dont s’occupe le Centre d’accueil pour mineurs isolés de Médecins Sans Frontières à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Une équipe pluridisciplinaire se charge alors de les aider à s’inscrire à l’école, à faire un recours devant le juge des enfants pour défendre leur minorité, à trouver où loger, où se laver, et leur apporte, quand c’est nécessaire, une aide psychologique… Sur le plan de la santé, 3 infirmières se relaient auprès d’eux. Nous avons rencontré Marie, l’une d’entre elles.

03/10/2022 - 

La contention, l’isolement, sont des mesures de dernier recours qui visent à immobiliser ou à mettre à l’écart un patient lorsque son comportement présente un danger pour lui-même ou les autres. Or, il existe des établissements psychiatriques qui ont banni ces pratiques et qui proposent d'autres pistes. 

Loïc Rohr est infirmier à l’hôpital psychiatrique de Saint-Jean de Dieu, à Lyon. Depuis une petite dizaine d’années, il travaille avec le groupe de recherche en soins infirmiers sur la question du moindre recours à l’isolement et à la contention. Il nous parle de la recherche Plaid-Care (Psychiatrie et libertés individuelles) dont le principe est d'étudier le fonctionnement des établissements psychiatriques qui n'ont pas ou peu recours à des mesures de contrainte, afin de dégager les leviers d’une discipline plus respectueuse des libertés individuelles*. 

On est allé investiguer des établissements qui ont une antériorité historique de moindre recours à l'isolement, explique-t-il. Ce qui est intéressant, c'est qu'au lieu de pointer les établissement qui ont un fort taux de recours à la contention, on va s'intéresser au contraire à des établissements qui ont justement une pratique déjà un peu hors norme en France de moindre recours à la contention, pour essayer de soulever des leviers au niveau des pratiques soignantes (qu'est-ce qui permet cela dans les pratiques, au niveau de l'organisation des soignants, de l'organisation de l'établissement, ou encore de l'histoire de l'établissement...)

L'équipe balaie du même coup les idées reçues : On entend souvent que les patients compliqués vont dans d'autres établissements, ce qui n'est pas le cas. C'est même plutôt l'inverse, ce sont souvent ces établissements qui accueillent des patients d'autres établissements, souligne Loïc Rohr.

On se rend compte qu'au niveau national, on est beaucoup focalisé sur ce qui dysfonctionne et on cherche à bricoler avec tous ces dysfonctionnement pour rester dans les clous.

L'idée pour nous c'est d'être vraiment en amont de tout ça et de s'appuyer au contraire sur ce qui fonctionne pour pouvoir le transférer.

*Financée par l’Institut pour la recherche en santé publique (Iresp), l’étude se déroulera de novembre 2021 à octobre 2023.