La colère a gagné les infirmiers libéraux (IDEL). La Fédération nationale des infirmiers et le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) dénoncent tous deux la décision du Conseil national d’évaluation des normes (CNEN) de reporter l’examen des textes relatifs à la réforme de la formation infirmière. Quelques jours plus tôt, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI) s’agaçait d’un revers, provenant des régions, qui pourrait peser sur l’élaboration des maquettes de formation par les Instituts de formation en sciences infirmières et les universités.
Une profession "otage" d'arbitrages budgétaires et institutionnels
Ce qui agace les libéraux, c’est qu’il dépend de décisions et d’un contexte qui échappent complètement au secteur de la santé. «Alors que les instances nationales compétentes en matière de formation et de professions de santé ont rendu des avis favorables, ces textes se trouvent aujourd’hui bloqués pour des raisons sans lien avec le fond de la réforme», s’insurge ainsi le Sniil, qui dénonce une «prise en otage par des rapports de force institutionnels et financiers». «Otage», c’est également le terme qu’emploie la FNI pour décrire la situation, alors même que la réforme apparaît «indispensable» pour «l’avenir de la formation infirmière» et pour l’attractivité du métier. Pour le syndicat, il y a urgence et celle-ci est aussi bien sanitaire, que pédagogique et administrative. «Elle ne peut être ralentie, fragilisée, par des arbitrages budgétaires ou des conflits de compétences qui ne relèvent ni des étudiants, ni des professionnels de santé», matraque de son côté le Sniil.
Le report de l’examen du texte par le CNEN est d’autant plus préjudiciable qu’il fait peser un risque sur le calendrier : le retard de publication compromettra nécessairement la capacité des IFSI et des universités à «préparer correctement la mise en œuvre de la réforme», prévue pour la rentrée 2026. «Retarder cette réforme, c’est retarder l’adaptation de la formation aux réalités du terrain, c’est fragiliser les instituts, et c’est envoyer un signal négatif à toute une profession», alerte par ailleurs la FNI.
Un appel à l'État pour débloquer la situation
Les deux syndicats demandent instamment au CNEN, à l’État et, plus largement, à l’ensemble des parties prenantes «à faire preuve de responsabilités» et «à replacer l’intérêt général au cœur des discussions.» Le gouvernement doit «clarifier sans délai la gouvernance de la formation infirmière, de sécuriser les équilibres financiers et de garantir un calendrier réglementaire compatible avec les exigences opérationnelles du terrain», insiste particulièrement le Sniil, rappelant que la profession infirmière n’a pas à être une variable d’ajustement de dysfonctionnements institutionnels.
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