Habituellement versée par la CTM chaque semestre, la bourse des étudiants en soins infirmiers relève désormais de la gestion du Crous. Mais depuis la rentrée, 240 étudiants n’ont pas été payés. Pour certains, ce soutien financier représente entre 1 000 et 4 000 euros, une aide indispensable au vu du budget déjà très serré des études en santé. Vendredi 5 décembre, des étudiants ont manifesté devant les locaux de l’organisme pour exprimer leur détresse.
«Il y a des camarades qui vivent une vraie situation de précarité. Certains bailleurs mettent les étudiants dehors !» déplore Olivia, une étudiante de 28 ans en dernière année, au micro de la 1ère. Certains, désespérés, évoquent même le suicide. Aurélie, 22 ans témoigne à son tour : «On n’a pas reçu de bourse depuis quatre mois. Certains ne mangent plus le soir, d’autres n’ont plus d’essence. Moi aussi, j’étais au bord du suicide.»
Face à l’urgence et au désespoir des étudiants martiniquais, des habitants ont spontanément apporté leur soutien. C’est le cas de France, venue distribuer des denrées alimentaires, qui explique : «Ça me fait de la peine de voir des étudiants infirmiers qui ne mangent pas le soir. Ils sont l’avenir de la Martinique.»
Une rencontre décisive avec la CTM
Les étudiants infirmiers, toutes années confondues, se sont rassemblés pour demander des explications. Une délégation d’étudiants est reçue par Alexandre Ventadour, représentant du Conseil exécutif de la CTM. Après plus d’une heure d’échange, l’élu assure que les paiements vont reprendre. «Il y a effectivement eu un retard. La CTM avait envoyé le règlement. Il y a eu un bug de la Banque de France. Mais on a eu l’assurance que l’argent a été reçu par le CROUS. Les procédures reprennent, les règlements vont être faits.» affirme-t-il.
Il rappelle aussi que le changement de mode de gestion a compliqué la transition. «Il y a trois ans, la CTM réglait directement. Désormais, c’est le Crous. L’enveloppe d’un million d’euros permettra de rattraper les paiements de septembre à décembre. À partir de janvier, les bourses seront versées mensuellement pour éviter ces retards.» explique-t-il.
À la sortie de la réunion, Stella Cypria, représentante des étudiants, confirme l’avancée et espère que :
« Plus aucun étudiant ne vivra une précarité aussi extrême. »
Une mobilisation qui relance le débat
Cette affaire remet les projecteurs sur la précarité étudiante infirmière dans son ensemble. En métropole, la Fage dénonce les coûts de rentrée trop élevés, évalués à 3 227 euros en moyenne. Un montant encore plus difficile à assumer dans les territoires ultramarins, où le coût de la vie est plus élevé. Aux frais de rentrée, s’ajoutent, les inégalités de rémunération de stage. Contre 4,35 euros de l’heure pour un étudiant lamba, les ESI ne touchent qu’entre 1,10 euro et 1,70 euro selon leur année d’étude selon la FNESI.
La Fédération qui a publié en novembre 2024 une enquête sur le bien-être des étudiants infirmiers, espère une universitarisation plus effective de l’enseignement infirmier pour lutter contre l’exposition aux difficultés financières des étudiants en santé et éviter les abandons de cursus pour ce motif.
Sources : France-Antilles / La 1ère
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