PÉDIATRIE

Bronchiolite : l’Île-de-France sous tension

Publié le 09/12/2025

Alors que la bronchiolite poursuit sa progression en Île-de-France pour la sixième semaine consécutive, les services d’urgences pédiatriques prennent en charge un nombre croissant de nourrissons. Une situation qui oblige les autorités sanitaires à ajuster l’organisation territoriale.

vaccination d'un nourrisson contre le VRS

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Depuis le 17 octobre, 16 enfants ont été transférés vers des hôpitaux situés dans des régions voisines, indique l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France dans un communiqué. Une mesure qui, malgré les inquiétudes qu’elle peut susciter, répond davantage à une logique de proximité qu’à une saturation généralisée du système hospitalier francilien. L’ARS confirme que, dans plusieurs cas, le transfert hors région était la solution la plus cohérente et la plus confortable, sans impact négatif sur la prise en charge médicale. En effet, sur les 16 transferts réalisés, seuls 10 sont directement liés à des tensions ponctuelles dans certaines zones d’Ile-de-France. Les 6 autres concernaient des situations familiales nécessitant un rapprochement du domicile parental plutôt qu’un manque de lits.

Dans certains départements de la grande couronne, se rendre dans une ville voisine mais techniquement hors région, peut-être plus rapide que de traverser l’Île-de-France pour atteindre un grand centre pédiatrique. Pour les parents, cela signifie des trajets plus courts et une présence facilitée auprès de leur enfant.

Des indicateurs fragiles mais en voie de stabilisation

Entre le 24 et le 30 novembre, les urgences ont enregistré +7,4 % de passages pour bronchiolite chez les moins de deux ans et +9,7 % chez les moins d’un an. Des hausses notables, qui restent à nuancer. Depuis le 29 novembre, les services observent un infléchissement des passages de nourrissons pour bronchiolite, et l’activité liée à l’épidémie se stabilise depuis deux semaines, atteignant des niveaux similaires à ceux de la saison hivernale précédente.

L’ARS suit quotidiennement la situation dans les services pédiatriques. À ce jour, la région conserve une capacité minimale assurant la continuité des soins avec 1 lit en réanimation pédiatrique, 12 lits en soins intensifs pédiatriques, 14 lits en soins continus, 9 berceaux en réanimation néonatale et 12 berceaux en soins intensifs de néonatalogie.

Les gestes barrières, première ligne de défense

Comme chaque hiver, les services de pédiatrie rappellent que les nourrissons sont particulièrement vulnérables au virus respiratoire syncytial (VRS), principal responsable de la bronchiolite. L’ARS insiste sur le maintien des gestes barrières avec des mesures simples comme : limiter les visites auprès des bébés aux adultes proches et non malades, se laver les mains avant et après les contacts, nettoyer régulièrement les jouets, tétines et doudous, porter un masque en cas de rhume, de toux ou de fièvre, isoler temporairement la fratrie en cas de symptômes viraux, ou encore éviter les lieux clos et très fréquentés.

Des traitements préventifs accessibles

À noter que depuis 2023, la prévention contre le VRS a franchi une étape importante avec l’arrivée de Beyfortus® (nirsevimab). Cet anticorps monoclonal, administré en maternité ou en pharmacie, est destiné à tous les nourrissons de moins d’un an. Selon les modélisations de Santé publique France et de l’Institut Pasteur, 5 800 hospitalisations ont ainsi été évitées, rappelle l’Agence dans son communiqué.

Cette saison, la disponibilité du produit a été doublée, permettant une diffusion plus large en maternité et en officine. Deux autres outils complètent les options préventives, à avoir le Synagis® (palivizumab), réservé aux nourrissons prématurés ou présentant une pathologie cardiaque ou pulmonaire et l’Abrysvo®, un vaccin administré aux femmes enceintes entre 32 et 36 semaines d’aménorrhée, permettant au bébé d’être protégé dès la naissance. Toutes ces mesures préventives contribuent largement à limiter les formes graves, à réduire la pression sur les urgences et à préserver la capacité d’hospitalisation pédiatrique sur la durée de l’épidémie.

L’ARS reste en vigilance constante, prête à ajuster ses dispositifs en cas de dégradation. Pour l’heure, la région IDF tient bon, aidée par la mobilisation des équipes hospitalières et l’utilisation croissante des traitements préventifs.

Source : ARS IDF

 

Corinne Pauline NKONDJOCK

Source : infirmiers.com