JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE CANCER

Cancers du col de l'utérus, colorectal : le dépistage progresse mais des freins persistent

Publié le 04/02/2025

La vaccination contre l'infection au papillomavirus, principale cause de la maladie, et le dépistage s'améliorent doucement en France, mais pâtissent encore de freins territoriaux, socioéconomiques ou culturels. Quant au cancer colorectal : seul un tiers des Français concernés se fait aujourd'hui dépister en raison de résistances.

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Crédit photo : BURGER / PHANIE

Premier exemple d'une prévention qui progresse, malgré des inégalités persistantes : le cancer du col de l'utérus. Avec plus de 3 100 nouveaux cas et plus de 1 100 décès chaque année dans le pays, ce cancer «reste un problème de santé publique majeur», qui serait «évitable grâce à la vaccination anti-HPV et au dépistage», résume Santé publique France (SPF) à l'occasion de la Journée mondiale contre le cancer.

La vaccination contre les papillomavirus humains (HPV), qui cible les types du virus responsables de la plupart des cancers du col de l'utérus, prévient jusqu'à 90% des infections HPV à l'origine de cancers. En 2023, la couverture vaccinale était estimée à 54,6% pour au moins une dose chez les filles de 15 ans (+6,8 points par rapport à 2022, +8,8 par rapport à 2021), et à 44,7% pour deux doses chez celles âgées de 16 ans (+3,2 points et +7,2 respectivement), selon SPF. Malgré tout, «des disparités territoriales importantes» (...) subsistent, «notamment dans le sud de la France et les départements et régions d'Outre-mer», où les niveaux de vaccination sont les plus faibles, observe l'agence. Comme la vaccination n'élimine pas totalement le risque de développer un cancer du col de l'utérus, parfois lié à d'autres facteurs (tabagisme, maladies sexuellement transmissibles...), un dépistage national est organisé depuis 2019 pour repérer le plus tôt possible d'éventuelles lésions précancéreuses, les surveiller ou les traiter avant leur mue en cancer.

Dépistage : encore loin des objectifs de l'OMS

Le cancer du col de l'utérus peut être guéri s'il est diagnostiqué à un stade précoce et traité rapidement. Pour le dépistage, la participation a globalement un peu augmenté en France : le taux de couverture triennal a atteint 59,5% entre 2020 et 2022, contre 57,9% entre 2010 et 2015, avant son démarrage. Cela reste cependant loin des objectifs fixés par l'Organisation mondiale de la santé et par l'Europe. Et, comme pour la vaccination, des disparités perdurent. Si les invitations semblent avoir amélioré l'accès des 60-65 ans, «des disparités dans le recours au dépistage persistent entre les jeunes adultes et les femmes plus âgées», selon l'étude qui note aussi «des disparités régionales notables subsistent».

Freins culturels 

«Les inégalités territoriales peuvent être intrinsèquement liées aux inégalités socioéconomiques», avec notamment des différences d’accès à l’information et aux professionnels de santé, observe Santé publique France, qui évoque aussi «des freins culturels, notamment autour de la sexualité». Le vaccin anti-HPV est notamment la cible, en France comme à l'étranger, de milieux religieux opposés à aborder la sexualité avec de jeunes adolescents.

Dans le monde, plusieurs pays riches, où la couverture vaccinale anti-HPV avoisine 80%, semblent partis pour éradiquer dans quelques années les infections liées au papillomavirus humain, à commencer par l’Australie, qui vise une quasi disparition du cancer du col de l'utérus d'ici 2035. Les pays d’Europe du Nord, le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis suivent ce chemin.

Dépistage du cancer colorectal : parmi les réfractaires, 36% ressentent «de la gêne», 15% «de la peur», à «l'idée de faire ce type de test» et 24% «ne se sentent pas concernés».

Cancer colorectal : deuxième cause de décès par cancer dans le pays

Seul environ un tiers des Français concernés par le cancer colorectal, deuxième cause de décès par cancer dans le pays, se fait aujourd'hui dépister en raison de résistances. Détecté tôt, cette maladie -qui touche plus de 47 000 personnes et en tue 17 000 chaque année-, se guérit dans neuf cas sur 10, rappelle la fondation pour la recherche sur le cancer, la fondation Arc , qui appelle à «briser le silence» autour du test de dépistage. Deuxième cancer le plus fréquent pour les femmes et troisième pour les hommes, il fait en effet l'objet d'un dépistage proposé aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans via un test immunologique de recherche de saignement dans les selles.

Pour comprendre pourquoi seuls 34% des Français concernés se font dépister, l'Arc a commandé un sondage à l'institut Verian, auprès d'un échantillon représentatif de 1 000 personnes via Internet. Il en ressort que parmi les réfractaires, 36% ressentent «de la gêne», 15% «de la peur», à «l'idée de faire ce type de test» et 24% «ne se sentent pas concernés». Une pratique d'exploration endoscopique permet elle aussi à un certain nombre de personnes d’être couvertes par le dépistage, note l'étude de SPF, estimant que 47,8% des 50-74 ans étaient couverts par l'une des modalités de dépistage de ce cancer en 2022. Cette proportion augmente avec l’âge (passant, chez les femmes, de 42,5% pour les 51-54 ans à 52,9% pour les 70-74 ans, et, chez les hommes, de 39,7% pour les 51-54 ans à 53,2% pour les 70-74 ans), et varie selon les régions. La mortalité du cancer colorectal - 12% du total des décès par cancer - diminue régulièrement depuis 1980, grâce au dépistage et au retrait des lésions précancéreuses. En 2015, 21% des cancers colorectaux chez les plus de 30 ans sont directement liés à la consommation d'alcool, les autres facteurs de risques étant le tabac, l'inactivité physique, le surpoids, l'obésité, une alimentation pauvre en fibres, mais riche en viande rouge ou en charcuteries.


Source : infirmiers.com