SANTÉ MENTALE

Crise de la psychiatrie : Il faut mieux former les infirmiers, réclame le SNPI

Publié le 03/02/2025

Face à la crise en psychiatrie, le Syndicat national des professionnels infirmiers appelle à miser, entre autres, sur un renforcement de la formation en santé mentale.

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Crédit photo : APHP-St ANTOINE-GARO/PHANIE

Des Assises de la psychiatrie en 2021 et une désignation comme Grande cause nationale 2025 : le secteur de la santé mentale demeure le parent pauvre du système de santé, avec une demande en soins psychiatriques qui n’a jamais été aussi forte. « Accès dégradé, manque de lits, personnels en sous-effectif : la psychiatrie s’effondre sous le poids de sa propre fragilité », alerte ainsi le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) dans un communiqué, alors que doit s’ouvrir l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Face à un patient en détresse, un simple médicament ne suffit pas. Il faut savoir repérer les signaux, comprendre la souffrance, instaurer une relation thérapeutique, prévenir les crises avant qu’elles ne dégénèrent.

Pourtant les chiffres de la santé mentale sont « implacables ». Un Français sur 5 est concerné par un trouble psychiatrique au moins une fois dans sa vie ; pour beaucoup, le manque de moyens et les délais de prise en charge sont synonymes de dégradation de leur santé. Le SNPI dresse ainsi un constat particulièrement alarmant de la situation : « Les patients sont toujours contraints à patienter des semaines avant une consultation, des jours entiers sur un brancard avant une hospitalisation. Des mineurs sont encore placés dans des unités adultes », liste-t-il.

La formation socle en psychiatrie et santé mentale est insuffisante

Et en première ligne, à la fois face aux patients et au manque de moyens, il y a les infirmiers, qui représentent bien souvent le premier recours, assurent la continuité des soins et l’accompagnement quotidien. Or ces professionnels sont mal armés compte tenu des problématiques qu’ils doivent affronter, et ce dès le départ : la formation socle en psychiatrie et santé mentale est insuffisante, tacle en effet le SNPI. « Face à un patient en détresse, un simple médicament ne suffit pas. Il faut savoir repérer les signaux, comprendre la souffrance, instaurer une relation thérapeutique, prévenir les crises avant qu’elles ne dégénèrent. »

Le SNPI réclame donc un renforcement de la formation des soignants, qui passerait notamment par un stage obligatoire en psychiatrie pour les étudiants infirmiers, « un enseignement approfondi sur la santé mentale, dès la formation initiale », et une reconnaissance de la spécificité de l’exercice psychiatrique. Cette dernière supposerait aussi la mise en place de ratios entre les soignants et les patients qui puissent permettre aux premiers de répondre adéquatement aux besoins des seconds.

"La psychiatrie, un droit fondamental"

Pour le syndicat – et plus généralement pour l’ensemble des professionnels de santé du secteur – il y a urgence. « La psychiatrie n’est pas un luxe, elle est une nécessité. Un droit fondamental », plaide-t-il, pointant le même paradoxe que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) lors de la publication de son rapport, fin janvier : malgré les alertes répétées et les forts besoins en soins identifiés, la psychiatrie demeure « l’angle mort » du système de santé, victime d’une invisibilisation dans les budgets et les débats et d’un imaginaire « fait de peur et d’exclusion. » « Les soignants ne réclament pas des effets d’annonce. Ils demandent des décisions concrètes. De véritables investissements, des recrutements à la hauteur des enjeux, une formation qui prépare réellement à la réalité du terrain », conclut le SNPI.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com