Manque de soignants, délabrement des structures d’accueil, délais de rendez-vous avec un psychiatre qui s’allongent de plus en plus… C’est au tour du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) de s’alarmer de l’état du secteur de la psychiatrie en France et d’en souligner les enjeux éthiques. Dans un avis rendu lundi 27 janvier 2025, il pointe une « crise grave, structurelle voire systémique » et appelle à l’élaboration en urgence d’un plan d’ampleur, alors qu’on estime que les troubles psychiatriques concernent un Français sur 5 au cours de leur vie. Parmi eux, « le ministère de la Santé et de l’Accès aux Soins, estime qu’environ 2,4 millions de personnes sont prises en charge chaque année en établissement spécialisé pour des troubles psychiatriques », et 9 300 suicides et 200 000 tentatives de suicide sont recensés par an, soit 24 décès par jour, rappelle le CCNE.
Un "déni" malgré des alertes qui se multiplient
Il identifie un « paradoxe troublant » : d’un côté, on observe une forte dégradation des soins et des conditions d’accueil des patients, faute de moyens adaptés, et de l’autre, « une banalisation et à un déni de l’état actuel du système des soins en psychiatrie, ainsi qu’à une certaine forme d’indifférence du reste de la communauté médicale pour cette spécialité », déplore-t-il. Et ce malgré les alertes, nombreuses, des professionnels du secteur et la multiplication des rapports (de l’Assemblée nationale, de la Fédération hospitalière de France, avec ses 142 propositions, de la Cour des comptes…). La discipline est ainsi l’une de celles du système de soins « les plus touchées par le manque chronique d’investissements, la fermeture de nombreux lits d’hospitalisation sans moyens suffisants pour l’ambulatoire, le manque d’anticipation de la démographie médicale, le manque de moyens humains, les difficultés à recruter des professionnels médicaux et paramédicaux, des insuffisances en termes de formation, la vétusté indigne de nombreux établissements… », détaille-t-il dans une liste accablante. La psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, surtout, se trouve « dans une situation catastrophique », avec comme impact des prises en charge de plus en plus tardives.
Un vrai Plan Psychiatrie à élaborer
S’il « accueille favorablement » le choix de la santé mentale comme grande cause nationale, il insiste toutefois sur l’urgence d’apporter « une réponse structurée » et « déterminée, rapide et de plus grande ampleur de la part des autorités publiques et des professionnels » à cette crise. Avec une recommandation : concentrer en priorité les efforts sur les infrastructures publiques qui prennent en charge les situations de souffrance les plus graves et les plus complexes, tout en demeurant confrontées aux défis financiers et organisationnels les plus critiques. Et cela passe donc par un Plan Psychiatrie, construit autour de 3 objectifs prioritaires :
- Garantir un accès équitable à des soins psychiatriques de qualité pour tous comportant une meilleure coordination des expériences multiples de terrain
- Lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques
- Renforcer la recherche et l’innovation en psychiatrie dans toutes ses dimensions.
Il faut enfin que l’ensemble des acteurs se mobilisent autour de « valeurs fondamentales d’éthique ». « Cette mobilisation est cruciale, car elle engage le respect des droits fondamentaux de personnes qui sont en situation de particulière vulnérabilité », plaide-t-il. « Elle reflète aussi notre capacité, en tant que société, à reconnaître et prendre en charge la souffrance psychique dans le respect des principes de liberté, d’équité et de dignité. »
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