Avec 3,8 millions de personnes traitées pour un diabète et une prise en charge qui a coûté 10,2 milliards d’euros à l’Assurance maladie, principalement dans le cadre du régime des affections longue durée (ALD), cette maladie chronique représente 5,3% de l’ensemble des dépenses obligatoires de la Sécurité sociale, souligne la Cour des comptes dans un rapport publié mardi 8 juillet. Et si la France demeure moins touchée que les autres pays européens, son évolution démographique entraîne une augmentation rapide du nombre de personnes atteintes. « Cette progression est liée au vieillissement de la population et à l’augmentation de l’espérance de vie des personnes vivant avec le diabète, ainsi qu’à la prévalence croissante du surpoids et de l’obésité au sein de la population, qui sont les principaux facteurs de risque du diabète », note-t-elle. Le diabète de type 2, qui pèse pour 92% dans l’ensemble des personnes touchées, est aussi plus fréquent en Outre-Mer et chez les plus défavorisés. « Le risque de développer cette pathologie est ainsi 2,8 fois plus élevé pour les 10 % les plus modestes de la population que pour les 10 % les plus aisés. »
En face, les dépenses liées à la prise en charge de cette maladie chronique ont augmenté de 34,8% depuis 2015, ce qui en fait le quatrième poste de dépenses de l’Assurance maladie. Et pour des résultats sanitaires qui ne progressent guère, avec, notamment un nombre d’hospitalisations pour complications qui diminue peu depuis 2013. « Près de 30 % des personnes nouvellement prises en charge pour diabète en 2021 présentent une maladie déjà avancée, avec des complications spécifiques de la maladie », observe la Cour des comptes, alors même que les facteurs de risque sont connus. Et pourraient donc être rapidement identifiés et pris en charge précocement, évitant ainsi aggravation de la maladie et complications.
Mobiliser plus largement l'éducation thérapeutique
Dans ses recommandations pour améliorer la prise en charge du diabète, la Cour des comptes fait le pari de l’éducation thérapeutique (ETP) des patients, « premier traitement » de la pathologie. « La mise en œuvre, avant un éventuel traitement médicamenteux, de thérapies visant à modifier le mode de vie des patients devrait constituer le traitement de première intention du diabète, qui nécessite également d’être poursuivi au long cours », avance-t-elle, identifiant trois dimensions sur lesquelles reposeraient ces thérapies : mise en œuvre d’un programme nutritionnel personnalisé et adapté ; lutte contre la sédentarité par la promotion d’une activité physique adaptée (APA), et donc l’ETP, « fondée sur l’accompagnement par une équipe pluridisciplinaire pour acquérir, dès le diagnostic, des compétences d’auto-gestion de la maladie, à entretenir ensuite au cours de son évolution. » Le dispositif « Mon bilan prévention » (soit ces rendez-vous aux âges clés qui permettent aux personnes d’aborder leurs habitudes de vie avec un professionnel de santé et d’identifier les éventuels facteurs de risque de maladies chroniques) peut servir de cadre au dépistage précoce du diabète et à la mise en place de comportements plus favorables à la santé.
Reste que, dans un contexte de fortes contraintes budgétaires, il faut de toute façon « repenser le cadre économique de la prise en charge du diabète », tranche le rapport, qui pointe l’existence d’une pluralité d’initiatives d’accompagnement du diabète et d’ETP, tel que le dispositif des infirmières Asalée, qui demeurent « ponctuelles ou expérimentales » et bénéficient de financements « disparates » d’une région à l’autre. « Il paraîtrait plus pertinent, pour garantir un accès équitable à l’accompagnement thérapeutique, de proposer à chaque patient, au moment où son diabète est diagnostiqué, un parcours ou un panier de soins intégrant éducation thérapeutique, activité physique adaptée et intervention nutritionnelle. » La Cour des comptes envisage ainsi plutôt comme solution un remboursement d’un parcours de soin qui intègrerait de l’ETP et de l’activité physique, et qui entraînerait de fait « une refonte du dispositif des affections de longue durée, au bénéfice de la prise en charge de l’accompagnement des changements thérapeutiques de modes de vie. » Et de rappeler également que l’une des meilleures pistes pour limiter les dépenses liées à la maladie repose sur la prévention, notamment de l’obésité, facteur de risque principal du diabète. Le rapport préconise ainsi d’agir au plus tôt sur les déterminants de santé, à commencer par la nutrition, en renforçant l’information et la sensibilisation des publics à des comportements alimentaires plus sains.
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