CONDITIONS DE TRAVAIL

Le bruit augmente dans les hôpitaux, avec des impacts sur les professionnels

Publié le 25/08/2025

Alarmes, téléphone, discussions dans les couloirs… Les sources de bruit sont nombreuses à l'hôpital. Néfastes pour la santé des patients, en particulier des patients fragiles, les décibels ont aussi un impact sur la qualité de vie au travail.

Puéricultrice devant une couveuse, porte de chambre entrouverte, panneau "je suis sensible au bruit"

Crédit photo : APHP-COCHIN-VOISIN/PHANIE

Dans les unités de soins intensifs, les niveaux sonores sont en constante augmentation. Ce constat est fait par le Centre d'information sur le bruit (CIDB) qui a indiqué lors du salon Santexpo que depuis 1960 les niveaux sonores ont augmenté de 57 décibels (dB) à 72 le jour et de 42 dB à 60 dB la nuit, rapporte Hospimedia. Pour les unités de soins intensifs pédiatriques le niveau sonore est même passé de 5 dB à 9 dB.

L'espace des services hospitaliers est « atypique », a poursuivi le CIDB, puisque ce sont des surfaces dures avec une réverbération importante, combiné à l'augmentation du nombre de patients et de visiteurs, ainsi que des équipements électroniques médicaux. Une chambre d'hôpital enregistre ainsi 40 dB alors que le niveau devrait être à 7 dB. Dans les services, il se situe entre 59 et 89 dB alors que le seuil de danger est fixé à 80 dB. Et les effets sur la santé sont notables. L'Organisation mondiale de la santé considère que les effets critiques sont la perturbation du sommeil, la gêne et l'interférence avec la communication, souligne le centre d'information.

Or un environnement sonore compris entre 59 et 89 dB aux soins intensifs peut avoir un impact sur la fréquence cardiaque et la consommation en oxygène ; le dérèglement du système endocrinien, agitation, stress, baisse des défenses immunitaires ; perturbation du sommeil avec des réveils nocturnes ou un changement de stade de sommeil. Côté personnel, les impacts sont également nombreux. Les bruits excessifs réduisent la compréhension des messages et influent sur la qualité des soins avec des conséquences comme la fatigue, l'irritation, les perturbations sociales ou encore la baisse du comportement altruiste, poursuit le CIDB, qui liste 6 leviers à mobiliser pour limiter ces bruits – et donc leurs impacts :

  • impliquer l'ensemble des personnels hospitaliers ;
  • agir sur l'aménagement des locaux ;
  • privilégier l'achat de matériels et d'appareils électroniques moins sonores ;
  • travailler à la réduction des comportements bruyants ;
  • informer l'entourage du patient ;
  • protéger le patient.

L'exemple du CHU Sud-Francilien

Cette démarche passe par une approche intégrée. Au CH Sud-francilien, avec le soutien de l'agence régionale de santé Île-de-France, le personnel des services de néonatologie et de réanimation néonatale a été formé, soit 140 personnes au total. Un diagnostic a pu être établi avec la désignation d'un référent bruit. L'établissement a aussi mis en place un plan d'actions commun à l'ensemble des services de néonatologie et de réanimation néonatale. Par exemple, dans les services, les paramètres des alarmes sont réglés pour limiter les fausses alarmes avec des prescriptions des médecins ou via un protocole préétabli. Les transmissions se font dans une pièce séparée et tout le matériel est préparé au moment de la prise de poste. Ces mesures ont permis à l'établissement d'être l'un des premiers à obtenir le label Quiet en juillet 2023.

Créé dans le cadre du quatrième plan national santé-environnement, il a pour objectif « de valoriser les lieux calmes ou moments apaisés permettant aux populations de disposer d'espaces de ressourcement, de tranquillité sonore ». Actuellement, vingt-trois espaces disposent du label, dont entre autres les urgences du CH de Valenciennes (Nord). Les candidatures, sur dossier, sont à déposer une fois par an. Ce label est également évoqué dans la feuille de route sur le sommeil présentée fin juillet par le Gouvernement. Ce dernier souhaite que ces espaces se développent sur le territoire pour favoriser « le bien-être, le déclassement [...] et l'entretien de la santé mentale de chacun ».

Géraldine Tribault d'Hospimedia

Source : infirmiers.com