Les effets positifs du peau à peau sont confirmés. Le peau à peau consiste à placer le nouveau-né, dès sa naissance, à même la peau d'un parent, poitrine contre poitrine. L'étude, parue dans la revue eClinicalMedicine, étudie ses bénéfices à long terme chez plus de 2 500 enfants «nés extrêmement ou grands prématurés» (24 à 31 semaines de grossesse) en 2011, précise un communiqué mardi 14 octobre. La moitié de ces bébés nés dans des unités de néonatalogie françaises en ont bénéficié leurs sept premiers jours de vie, l'autre non.
Des effets bénéfiques de cette pratique ont déjà été observés dans des études de moindre envergure et «à court terme : les enfants sont plus stables, respirent mieux, maintiennent mieux leur température, les parents sont moins déprimés», énumère la chercheuse de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale français (Inserm) Véronique Pierrat, co-autrice de l'étude.
Ces nouveaux travaux, conduits par l'Inserm, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) et deux universités en collaboration avec deux centres hospitaliers français, montrent qu'à l'âge de 5 ans, les enfants ayant bénéficié de peau à peau obtiennent «un meilleur score de développement cognitif», mesuré par des tests standardisés, selon elle. «C'est donc important de le promouvoir à l'échelle de la population», alors que 7% des plus de 600 000 bébés qui naissent chaque année en France sont prématurés, affirme-t-elle. La différence - estimée à «2,3 points de plus» en moyenne sur le score de ces tests de QI - «peut sembler minime à l'échelle de l'individu», mais elle n'est «pas négligeable lorsqu'il s'agit d'une moyenne sur l'ensemble d'une population», juge Ayoub Mitha, co-auteur de l'étude.
En réduisant le stress lié à la séparation» avec la mère et en offrant un environnement sensoriel adapté», le peau à peau contribuerait à protéger le développement cérébral des bébés prématurés.
Réduit le stress et protège le développement cérébral
«Après, il faut s'adapter à chaque situation individuelle», poursuit Mme Pierrat. «Il peut y avoir des parents qui nous disent, 'Non, pour moi, c'est insupportable', pour des raisons qui leur appartiennent : à ce moment-là, on va les soutenir pour qu'ils puissent entourer leur bébé avec les moyens qui leur sont propres et leur conviennent. Mais c'est vraiment rare.» En «réduisant le stress lié à la séparation» avec la mère et en «offrant un environnement sensoriel adapté», le peau à peau contribuerait «à protéger le développement cérébral» des bébés prématurés et aurait un «effet neuroprotecteur durable», montre l'étude.
Car ces interactions précoces, pour lesquelles «il n'y a pas de limite de durée», souligne la chercheuse, «activent des mécanismes biologiques et hormonaux qui participent au développement du cerveau et à la construction du lien affectif parent/enfant». Dans les pays à faibles revenus, elles améliorent même la survie des enfants, rappellent les chercheurs. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande depuis 2022 un contact peau à peau immédiat, sans séparation, pour les bébés nés prématurés ou trop petits, au vu de ses «avantages majeurs pour la santé».
"Chambres parentales"
L'étude plaide pour «l'implantation de chambres parentales dans les unités de soins intensifs de néonatologie», estime aussi Ayoub Mitha, alors qu'il existe «beaucoup de disparités des pratiques entre les unités de soins», complète Mme Pierrat. Cette intervention est «peu coûteuse» et «simple à mettre en œuvre», souligne-t-elle. «Le coût, c'est former des professionnels» précise la chercheuse, et investir dans «de bons fauteuils, parce qu'on se débrouille souvent avec les moyens du bord: s'installer dans un transat de plage, pour une mère qui vient d'avoir une césarienne, ça n'est pas évident!»
PRATIQUE AVANCÉE
«On est bien conscients de ce qu'on sait faire ou pas, on ne se prend pas pour des médecins!»
ACTUALISATION DES CONNAISSANCES
Bonnes pratiques ou fakes ? 5 idées reçues expertisées
LOI INFIRMIÈRE
Décret infirmier : les IDEL contre la délégation d’actes aux aides-soignants
LÉGISLATION
Projet de décret infirmier : l’Ordre dénonce un texte "très éloigné" de celui attendu