JOURNÉE MONDIALE CONTRE LE CANCER

Cancer : à l'hôpital Saint-Antoine, les infirmières font bouger les patients

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Publié le 04/02/2025

A l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP), à Paris, les patients du service d’hématologie ont accès à des séances d'activité physique adaptée en chambre grâce à la création d'un Pôle Sport & Cancer. 

Sport et santé

Crédit photo : AP-HP

Depuis le mois de février 2019, l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP), dans le 12e arrondissement de Paris, propose à ses patients la pratique d'une activité physique adaptée. Un pôle «Sport et santé» a même été inauguré dans l'enceinte de l'établissement, à la faveur d'un partenariat avec la CAMI Sport & Cancer, une association à but non lucratif créée par un ancien sportif de haut niveau et un médecin cancérologue du CHU Avicenne, pour promouvoir le sport auprès des personnes atteintes de maladies. 

On dit à tous nos patients de ne pas passer une journée sans bouger.

Lorsqu'un patient arrive avec un diagnostic, Gina Martins et Stéphanie Devilliere, deux infirmières coordinatrices de parcours de soins au sein du service d'hématologie à l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP), interviennent juste après l'annonce médicale. Lymphome, myélome...«Il nous arrive de rencontrer un patient avant qu'il ne démarre un traitement, ou le jour-même d'un traitement. On reprend donc avec lui ce qu'il a compris (ou non) des informations qui ont été données par le médecin. On répond à ses questions et on part de lui pour savoir comment l'aider dans son parcours». Avec quelques étapes obligées : des explications sur la maladie, les effets secondaires du traitement, fatigue, nausées, troubles digestifs, perte de cheveux..., et aussi la présentation des soins de support proposés par l'hôpital, dont le sport. «Libre à eux d'intégrer ou non ces soins de support. On n'est pas là pour les obliger», précisent les infirmières coordinatrices, qui ont surtout pour mission de créer un lien entre le patient et l'équipe, soit par mail, soit par téléphone. 

« L'activité commence par les gestes du quotidien»

«Notre rôle consiste avant tout à vulgariser les informations pour les rendre accessibles aux patients», souligne Stéphanie Devilliere. «On va aussi reprendre leur quotidien avec la maladie». Certaines questions reviennent: Est-ce que je peux sortir ? Est-ce que je peux bouger ? Qu'ai-je le droit de faire ou de ne pas faire avec ma maladie ? «A ce moment-là, on dit toujours aux patients l'importance pour eux de garder un minimum d'activité physique, pour leur physique aussi bien que pour leur moral». Bouger, y compris faire un tour de pâté de maison, en fonction de l'état de fatigue du patient, car, rappellent les infirmières, «l'activité commence par les gestes du quotidien». Les professionnelles s'adaptent à chacun pour prodiguer des conseils adaptés. «D'où l'intérêt de prendre toutes les informations quand on fait leur connaissance : êtes-vous en appartement ? A quel étage ? Avez-vous un ascenseur ?» A tous, sans exception, elles conseillent néanmoins la même chose: «On dit à tous nos patients de ne pas passer une journée sans bouger».

Lutter contre les idées reçues

Tout au long des traitements des cancers hématologiques (essentiellement des leucémies, lymphomes et myélomes), les patients se retrouvent régulièrement contraints de vivre en milieu protégé, dans des chambres de petite taille. Le cancer, ses traitements, l’alitement et l’enfermement en milieu hospitalier ont des conséquences physiques et psychologiques : perte de masse musculaire, perte de souplesse, altération du sommeil, fatigue, anxiété, stress, détérioration de l’image du corps et de l’estime de soi, isolement, etc. Les patients, fragilisés par la maladie, ont souvent tendance au repli sur soi, et ont aussi beaucoup d'idées reçues. D'autant que les maladies hématologiques touchent le système immunitaire.

On déconseille une activité dans une salle de sport ou un endroit clôt avec une promiscuité importante pour préférer une activité en extérieur.

«Nos patients ont souvent cette peur de se mettre encore plus en danger avec des comportements inadaptés. On les encourage au contraire à sortir, en choisissant les endroits où ils vont se rendre bien sûr, mais ça reste important pour eux de bouger». Les infirmières font également le point sur les règles de bon sens : «On déconseille une activité dans une salle de sport ou un endroit clôt avec une promiscuité importante pour préférer une activité en extérieur. Il faut aussi faire en fonction de son état du jour, sans se fixer des objectifs irréalistes». 

Deux séances de sport hebdomadaires 

« Quand je suis rentrée à l’hôpital, je n’avais pas du tout le moral, je n’avais plus vraiment d’envie ni d’énergie. Je n’étais pas du tout sportive donc les cours d’activité physique je n’ai pas dit oui tout de suite. Mais l’éducatrice m’a convaincue. Finalement, cela m’a fait beaucoup de bien, au physique et au moral. Sinon, naturellement, je serais plutôt restée au lit toute la journée », témoigne Marion, une patiente du service. Depuis quelques années, des praticiens en thérapie sportive de l'association la Cami se rendent ainsi à l'hôpital, dans le service d'hématologie, plusieurs jours par semaine, pour proposer à certains patients de l'activité physique en chambre avec des supports ou pas, adaptée à la personne et en lien avec les équipes soignantes et le corps médical. Les patients bénéficient de deux séances individuelles de thérapie sportive de 15 à 45 minutes par semaine pendant leurs hospitalisations, encadrées par deux praticiennes en thérapie sportive. 

Sur le plan psychologique, l’entretien physique permet au patient de se réapproprier son corps et de se sentir actif pendant la phase de traitement 

Ce sont surtout les infirmiers d'hospitalisation, mais aussi les aides-soignants, qui vont solliciter les praticiens en thérapie sportive pour des patients. «Les patients vont souvent nous dire qu'ils ne sont pas plus fatigués d'avoir fait une petite séance d'activité physique adaptée que s'il n'en avait pas fait». Le sport a plusieurs atouts selon les soignants : «Il aide à garder le moral, à stabiliser la masse musculaire alors que les traitements sont souvent synonymes d'une perte d'appétit et de perte de poids. En bref, il aide tout simplement à rester en forme...» 


Source : infirmiers.com