VACCINATION

La vaccination HPV progresse mais reste insuffisante chez les ados

Publié le 07/07/2025

À l'issue de la deuxième campagne de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges, collectifs et associations constatent une augmentation du taux de couverture chez les adolescents. Mais des freins restent à lever pour parvenir aux objectifs fixés par le gouvernement, dont un manque d'information de la population.

vaccination, enfant

Bien mais peut mieux faire. C’est, en substance, le diagnostic à tirer de la deuxième année de la campagne de vaccination contre le papillomavirus dans les collèges, reconduite à la rentrée de septembre 2024 pour toute l’année scolaire. Le bilan officiel n’a pas encore été communiqué, mais « si on atteint 30-35% de nouveaux vaccinés au collège sur la tranche d’âge après cette deuxième campagne, ce sera déjà un succès », a ainsi déclaré Jean-Baptiste Lusignan, responsable du pôle santé jeunesse du CIRPS Ile-de-France, une association membre du collectif « Demain sans HPV », auprès de l’AFP. En cause, un « effet de nouveauté » qui s’est essoufflé après la première année, avec des difficultés à « motiver les collèges » pour relancer les vaccinations. « Certains ont connu un peu de relâchement ou eu d’autres sujets à traiter », même si la plupart l’ont maintenue. Mathilde Varrette, secrétaire générale adjointe des infirmiers du SNICS-FSU, évoque, elle, une « baisse significative » du nombre d’élèves vaccinés : entre 0 à 6 par établissement, après une première année qui enregistrait plutôt une moyenne de 14. Elle avance comme explication possible une informatisation des formulaires à remplir par les parents, qui a pu compliquer la procédure, mais aussi des parents qui n’ont pas souhaité « que leur enfant soit vacciné hors de leur présence par un soignant inconnu ».

Des progrès en médecine de ville

C’est plutôt la vaccination en ville qui a boosté la campagne de cette année, où davantage de soignants peuvent la pratiquer, dont les infirmiers libéraux, qui depuis juillet 2024, bénéficient d’une tarification spécifique à la vaccination HPV, et les pharmaciens. « La France a, enfin, franchi la barre des 50% d'adolescentes de 15 ans vaccinées contre HPV : 53% en 2023, quasiment 60% en 2024. Ça progresse aussi chez les adolescents : on est passés de 25% à quasiment 37%. Il y a un mieux et la vaccination au collège est un élément déterminant », estime le Pr Xavier Carcopino, président de la société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPV). Des chiffres qui s’améliorent, certes, mais qui demeurent encore loin des objectifs qui devaient être atteints, soit 60% en 2023 pour pouvoir atteindre 80% en 2030.

Un manque d'information des parents identifié comme cause principale

Pour expliquer ce manque d’entrain, Philippe Bergerot, président de la Ligue contre le cancer, pointe un défaut d’information de la population. « Tout le monde n’est pas persuadé de l’innocuité du vaccin: des parents mais également des soignants », a-t-il déclaré à l’AFP, jugeant « essentiel d'éduquer la population. » Un constat que partage Jean-Baptiste Lusignan : « Finalement, le plus gros frein est un manque d'information. »  S’y ajoute l’état de la médecine scolaire, desservie par un manque d’effectifs infirmiers. Dans une majorité des cas, les établissements où la vaccination marche mieux se démarquent par la présence de ces professionnels de santé : « les élèves ont été informés, les parents ont eu des réponses », poursuit-il. Mais avec une infirmière scolaire pour 1 600 élèves en moyenne et parfois un seul jour passé dans l’établissement, « l’éducation à la santé autour de la vaccination contre le papillomavirus est plus compliquée », a déploré Mathilde Varrette.

En ville, le coût du vaccin - environ 115 euros - peut également peser. S'il est remboursé à 65% par l'Assurance maladie et le reste par une éventuelle complémentaire, l'avance des frais ou l'absence de mutuelle peuvent constituer « un gros frein », relève Philippe Bergerot. La Ligue contre le cancer « prône la vaccination obligatoire » contre le papillomavirus. À l’'inverse, le collectif « Demain sans HPV » pense qu'il y a « énormément de marge » de progression rien qu'avec davantage d'informations. Selon Santé publique France, près de 192 000 enfants ont été vaccinés lors des deux phases de la première campagne au cours de l’année scolaire 2023-2024.

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP

Source : infirmiers.com