Depuis septembre 2024, le centre médico-psychologique (CMP) Le Sémaphore de La Rochelle (Charente-Maritime) propose un programme d'accompagnement par le surf aux patients victimes de violences physiques ou sexuelles. Coécrit par Zoé Provot, monitrice de surf formée en psychotraumatisme, et Charlotte Delavaud-Tschan, infirmière, ce projet vise à contribuer à la restauration du lien entre soin psychique et physique.
Alors que les effets des violences sur la santé psychologique sont aujourd'hui largement documentés, l'accès aux soins, lui, reste inégal malgré plusieurs initiatives mises en place (dispositifs d'accompagnement gratuits, création de centres régionaux du psychotraumatisme…). Ce projet de surf thérapie ambitionne donc d'offrir une nouvelle approche thérapeutique au plus grand nombre en garantissant un cadre sécurisé et sécurisant. À échelle internationale, de nombreuses initiatives semblables existent, notamment en Irlande, aux Pays-Bas ou encore au Portugal. Cette approche, qui se veut complémentaire à une prise en charge classique par consultation, s'avère particulièrement pertinente pour les troubles de stress post-traumatiques ou les états dépressifs. Dans ce programme de huit semaines consécutives, il est question de six séances de surf par groupe de sept patients. Quatre accompagnants sont mobilisés dont une infirmière et deux psychologues du CMP Rochelais mais également une monitrice de surf.
Des résultats sans appel
Avant le lancement d'un nouveau groupe en programme, Charlotte Delavaud-Tschan se charge de faire passer des tests psychométriques aux patients concernés. À la fin des huit sessions, ces tests sont reconduits afin de mettre en exergue les évolutions de chacun. "Quand on voit les résultats, on sait pourquoi on l'a fait, ça nous motive à continuer et aller plus loin !", explique l'infirmière à Hospimedia. "On remarque aussi une reprise des projets professionnels, d'activités artistiques ou sportives", ajoute la monitrice de surf. Des résultats qui relèvent aussi parfois du domaine physique. "C'est indéniable, les patients sont métamorphosés ! Ça agit sur leur confiance en eux, leur féminité pour certaines. Moi je les vois avant et après les séances et je vois qu'elles reprennent possession de leur corps. Il m'est arrivé récemment de ne pas reconnaître une patiente", témoigne Valérie Douteau, cadre de santé du CMP.
Si le premier groupe était exclusivement composé de femmes et accompagné par des professionnelles féminines, la dernière session en date était quant à elle mixte, imposant la participation d'un professionnel masculin. Cette nouveauté a permis de travailler de nouveaux axes. "Le psychotraumatisme impacte aussi toutes les croyances négatives sur le monde et les hommes en général. Certaines femmes étaient apeurées d'être avec des hommes dans le groupe et on peut voir par rapport aux résultats sur les échelles psychométriques que les séances ont permis de changer cela", explique Charlotte Delavaud-Tschan.
Un projet amené à évoluer
Alors que le projet fait d'ores et déjà ses preuves auprès des patients y ayant recours, les porteuses de l'initiative envisagent d'aller plus loin. "Nous avons l'idée, d'ici deux ans, de faire de la recherche. Nous sommes en train de collecter notre base de données pour pouvoir documenter les effets de la surf thérapie sur les troubles de stress post-traumatique et sur la dissociation associée", envisage Charlotte Delavaud-Tschan. En attendant, le groupe de professionnelles est à la recherche de financements afin d'atteindre l'objectif de deux groupes accompagnés par an. "Ce ne sont pas des projets trop onéreux et pourtant nous pouvons prendre un nombre conséquent de patients", affirme Valérie Douteau.
En mai 2024, Zoé Provot a souhaité monter une association autour du programme afin de faciliter les recherches de financement : "C'est plus facile de trouver des fonds pour une association plutôt que pour un hôpital, explique-t-elle. Au sein de l'hôpital psychiatrique, on a une association de patients qui subventionne quelques projets et activités. Ils nous ont fait confiance en nous donnant 2 000 euros pour démarrer et lancer notre programme. Ça nous a permis de nous lancer en septembre 2024."
Trois mois après le lancement du projet de surf thérapie, l'ARS Nouvelle-Aquitaine, à travers le projet territorial de santé mentale, a accepté de financer l'initiative à raison de deux programmes par an sur le CMP de La Rochelle. Une occasion pour les deux professionnelles d'envisager l'export du projet : "Avec Zoé, on a écrit le projet pour qu'il soit dupliqué en France métropolitaine et outre-mer. Le but c'est que chaque secteur maritime ou bordé par la mer puisse y accéder", témoigne Charlotte Delavaud-Tschan. Le statut associatif permet également de maintenir un lien avec les patients accompagnés. "Dans ce genre de programme, ce qui est délicat, c'est l'après. L'association est là pour ça aussi ; pour permettre à celles et ceux qui en ont l'envie de pouvoir continuer et pour fédérer autour de la santé mentale", assure la monitrice de surf.
Cet article a été publié originellement sur Hospimedia
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