HUMANITAIRE

Attaques contre les humanitaires : le CII dénonce une "abomination" face à la hausse du phénomène

Publié le 20/08/2025

L'année 2024 a été particulièrement meurtrière pour les travailleurs de l'humanitaire, avec des conséquences terribles pour les systèmes de santé, déplore le Conseil international des infirmières. Il appelle les gouvernements à garantir la sécurité de ces populations, trop souvent prises pour cible dans les zones de conflits.

homme blessé dans un centre de distribution, humanitaire

Crédit photo : Hassan Alzaanin/ZUMA/SIPA

« Les attaques contre les infirmières, les autres professionnels de la santé, les patients et les structures médico-sanitaires dans les conflits et les guerres » constituent des violations des droits fondamentaux de la personne et du droit international humanitaire, rappelle le Conseil international des infirmières (CII) dans un communiqué. Il met ici en lumière une augmentation alarmante en 2024 des actes de violences commis notamment contre les systèmes de santé et leurs acteurs. Selon le rapport annuel de la Coalition pour la Protection des Soins de Santé dans les Conflits, 3 623 incidents de violence ou d'obstruction des soins de santé sont survenus dans ces circonstances : c’est 15% de plus par rapport à 2023, et 62% de plus par rapport à 2022.

Un autre document sur la sécurité des travailleurs humanitaires, produit par le groupe de recherche international Humanitarian Outcome*, estime à 861 le nombre d’acteurs de l’humanitaire qui ont été victimes d’incidents graves de sécurité en 2024, dont 383 tués signalés dans 27 pays ( c’est 21 de plus qu’en 2023 – et 308 blessés. Il souligne une prévalence des violences commises par les États. « Les violences contre les travailleurs humanitaires ne sont pas inévitables. Elles doivent cesser », a réagit Tom Fletcher, Coordonnateur des secours d’urgence de l’Organisation des nations unies (ONU) à la publication de ces chiffres à l’occasion de la Journée mondiale de l’Aide humanitaire. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué, elle, avoir recensé plus de 800 attaques visant des services de soin dans 16 territoires ayant entraîné le décès de plus de 1 100 personnels médicaux et patients.

Des personnels de l'humanitaire et de la santé traumatisés

 « Aucun agent de santé, soignant ou travailleur humanitaire ne devrait craindre pour sa vie dans l'exercice de ses fonctions. Aucun patient ne devrait être menacé lorsqu'il cherche à se faire soigner », s’émeut de son côté le CII par la voix de son président, le Dr José Luis Cobos Serrano, qualifiant d’« abomination » cette propension à viser des populations civiles. « Ces dernières semaines, nous avons parlé directement avec des infirmières dans les zones de conflit qui nous ont fait part de la brutalité des blessures subies par les populations. Beaucoup de victimes sont des femmes et des enfants, et il est incompréhensible et inhumain que ces attaques se poursuivent », abonde Howard Catton, le directeur général de l’organisation. En face, les infirmiers et les autres professionnels de santé, constamment exposés à ces phénomènes, peuvent être durablement traumatisés.

Le CII, avec d’autres organisations humanitaires et sanitaires, appelle les gouvernements à :

  • Protéger les professionnels de la santé et le personnel humanitaire conformément au droit international.
  • Augmenter le financement des services de santé.
  • Renforcer les systèmes de santé afin qu'ils puissent résister aux chocs causés par les conflits et les catastrophes.

L’année dernière déjà, le CII s’alarmait d’une augmentation « inadmissible » des attaques contres soignants et humanitaires. Il fait partie des signataires d’une lettre ouverte de la l’Alliance mondiale des professions de santé (WHPA, qui réunit 5 organisations internationales, dont le CII) diffusée en février 2024 et appelant « à la protection des établissements et du personnel de santé dans les zones de conflit, conformément au droit international. » « Cette lettre est soutenue par des professionnels de la santé de 76 pays et territoires à travers le monde, notamment des dirigeants d'associations nationales de professions de santé, des cadres supérieurs d'établissements de santé, des universitaires de renom et des représentants de haut niveau des gouvernements et des ONG internationales actives dans le domaine de la santé », rappelle-t-il.

*Financé par l’USAID, il a pour mission d’enregistrer les attaques qui frappent les travailleurs de l’humanitaire dans le monde entier.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com