Ce guide de la Haute autorité de santé (HAS) décrit « les soins, l’accompagnement et le suivi global de l’adulte » atteint d’un diabète de type 2, et vient compléter les recommandations diffusées en juin 2024 sur les stratégies thérapeutiques, y compris non médicamenteuses. À destination de l’ensemble des professionnels des secteurs sanitaire, social et médico-social, il se compose de plusieurs documents : une vue d’ensemble du parcours de soins, un plan chronologique de soins « décrivant le suivi minimal de prise en charge », une synthèses des points critiques du parcours de soins, 14 messages clés pour améliorer les pratiques, et une fiche sur la place de la télésanté dans la prise en charge.
Un parcours de soin alternant bilans et consultations de suivi
Le plan chronologique de soins s’ouvre ainsi par un bilan initial, qui consiste à « évaluer la santé globale et l’état clinique du patient » et qui repose sur une checklist à balayer avec lui (âge, tabagisme, appréciation de la sédentarité, alimentation, évaluation du risque cardio-vasculaire globale, repérage des fragilités et des complications…). Ce bilan peut aussi bien être réalisé par le médecin généraliste que par un infirmier, en collaboration avec le médecin (infirmier sous protocole de coopération, dont Asalée, infirmier en pratique avancée, notamment). S’organise ensuite une consultation de suivi tous les trois mois, là aussi cadrée par une checklist, avec au bout d’un an, un nouveau repérage des vulnérabilités et un bilan rénal, lipidique, cardiaque et hépatique ; une gradation du risque de développer un pied diabétique est également prévue. L’alternance consultations/bilans se reproduit ensuite d’une année sur l’autre. « En présence de complications, un suivi spécialisé supplémentaire devra être mis en place (ophtalmologue, cardiologue, néphrologue…) », ajoute la HAS.
14 messages clés pour couvrir l'ensemble de la prise en charge
Les 14 messages clés, eux, ont été élaborés afin d’aider les professionnels de santé à améliorer leur prise en charge.
- Ils s’ouvrent sur une action de dépistage, qui « s’appuie sur l’identification de facteurs de risque »
- Il est suivi du diagnostic. Un diagnostic différentiel, réalisé par un médecin spécialisé en diabétologie, est nécessaire en cas de présentation inhabituelle (patient âgé de moins de 40 ans, absence de surpoids…)
- En cas de diagnostic de prédiabète, la HAS recommande de « sensibiliser le patient au risque de développer » un diabète de type 2 ultérieur et des complications qu’il peut entraîner, et de « l’encourager à adopter les mesures de prévention axées sur une modification du mode de vie.»
- « Une consultation d’annonce dédiée pour informer et échanger avec le patient permet d’expliquer la pathologie en vue de définir avec lui des objectifs réalistes et une prise en charge adaptés à sa situation », continue la HAS, qui précise : « Les modifications thérapeutiques du mode de vie sont un préalable indispensable à l’éventuelle mise en place d’un traitement médicamenteux. »
- Sont cités notamment lutte contre la sédentarité, pratique d’une activité physique régulière, amélioration de la qualité et de l’équilibre alimentaires, arrêt du tabac…
- Ce changement du mode de vie s’accompagne d’un plan de soins diététique personnalisé, mis en place avec un diététicien et « évitant toute restriction alimentaire excessive ».
- Les traitements médicamenteux n’interviennent qu’en seconde intention, si les mesures non médicamenteuses n’ont pas permis d’atteindre les objectifs fixés.
- À la stratégie thérapeutique, s’ajoute une éducation thérapeutique (ETP) du patient, qui « fait partie intégrante de la prise en charge globale » et qui « confère un rôle actif au patient en visant à lui faire acquérir des compétences d’autogestion et d’autosoins nécessaires à la gestion quotidienne de la pathologie. » Ces séances d’ETP peuvent être individuelles comme collectives et sont dispensées par des professionnels formés à ce type d’action.
- La HAS rappelle également la nécessité d’intégrer le parcours du patient atteint de diabète de type 2 dans une équipe multidisciplinaire en soins primaires : médecin traitant, infirmier, diététicien, professionnels de l’activité physique adaptée, pédicure-podologue, pharmacien, voire psychologue si besoin.
- Si la situation le nécessité ou si elle est jugée trop complexe par le médecin traitant, l’adressage à un médecin spécialisé est requis.
- Tout au long du parcours, des mesures de dépistage des complications (ophtalmologiques, cardiovasculaires, neuropathiques, maladie rénale chronique) doivent être réalisées.
- Et elles s’accompagnent d’un « dépistage annuel systématique du risque podologique par gradation du risque de plaies », celle-ci permettant de déterminer le nombre de séances de soins nécessaires.
- Il faut également prendre en compte « l’espérance de vie, la fragilité et les comorbidités » avant toute intervention sur les modes de vie, afin d’adapter au mieux les objectifs glycémiques, et éviter les hypoglycémies. Les patients âgés sont plus exposés « au risque de dénutrition en raison de modifications de l’appétit, de diminution de l’activité physique, de polymédication, des comorbidités ou de la présence d’un état dépressif qui exerce une influence négative sur la prise alimentaire. Les régimes restrictifs, a fortiori dans cette population, sont à proscrire », rappelle en effet la HAS.
- Enfin, en dernier lieu, l’agence sanitaire recommande de prendre en compte « le retentissement psychologique » de la maladie en repérant les signes de souffrance psychique, les éventuels troubles anxieux, dépressifs ou alimentaires, et ce dès le bilan initial.
« Développés en coproduction avec les professionnels et les usagers du système de santé, ces messages courts visent à inciter les professionnels de santé à engager un dialogue avec les patients au sujet des examens, des traitements et des interventions les mieux indiqués et d’identifier ceux qui ne sont pas nécessaires », conclut la HAS. En 2023, 4,2 millions de personnes étaient atteintes de cette pathologie chronique.
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