Si la France demeure un pays à faible incidence de tuberculose, avec un taux inférieur à 10 cas pour 100 000 habitants par an, certaines parties du territoire sont toutefois plus touchées, à commencer par la Guyane, Mayotte et l’Ile-de-France, a rappelé la Haute autorité de santé (HAS). En mars 2024, Santé publique France s’inquiétait déjà d’un rebond de la tuberculose en France, avec 4 728 cas déclarés. Or, d’une part, la maladie passe d’un stade non infectieux à un stade infectieux, parfois sans se manifester par des symptômes, et, si elle n’est pas traitée, peut entraîner la mort. D’autre part, certaines personnes sont exposées à un risque plus élevé d’infection en raison de leurs conditions de vie (détenus, migrants, sans domicile fixe, usagers de drogues…), alors qu’elles sont par définition plus éloignées du soin. Et donc plus susceptibles de ne pas être en mesure d’identifier ou de signaler d’éventuels symptômes.
Des stratégies de dépistage hétérogènes
Parallèlement, il existe en France des stratégies de dépistage hétérogènes, entre un dépistage « opportuniste », effectué lors d’une consultation médicale, et un dépistage systématique pour deux types de populations (détenus entrant en maison d’arrêt, et migrants réguliers lors de la visite médicale de prévention obligatoire de l’Office français de l’immigration et de l’intégration). « On constate, par ailleurs, une hétérogénéité des pratiques et des moyens selon les départements, les structures et les types de populations cibles », juge la HAS, qui souligne qu’une détection précoce de l’infection et l’initiation rapide d’un traitement « sont essentielles à la réduction de la transmission ». « On estime qu’une personne ayant une tuberculose pulmonaire peut contaminer en moyenne 10 à 15 personnes par an », ajoute-t-elle en effet.
Deux stratégies de dépistage recommandées
C’est dans ce cadre qu’elle a réévalué ces stratégies de repérage précoce de la tuberculose. Elle préconise d’harmoniser les pratiques en proposant deux types de programmes :
- Un dépistage systématique ciblant les migrants adultes et adolescents entrés en France depuis au moins deux ans et provenant d’un pays marqué par une incidence égale ou supérieure à 100 cas pour 100 000 habitants, les adultes et adolescents ayant fait un séjour à l’étranger d’au moins 6 mois dans un pays endémique et présentant des conditions de vie marquées par une forte promiscuité, les personnes détenues entrant en maison d’arrêt ou sorties de prison depuis moins de deux ans, et les enfants de 0 à 11 ans originaires de pays endémiques ou ayant eu un contact prolongé avec une personne atteinte de tuberculose pulmonaire ou provenant d’un pays à forte incidence.
- Un dépistage opportuniste, soit lors de tout recours aux soins, pour les adultes et adolescents sans-abri ou sans domicile fixe, ou vulnérables et précaires, ou ayant une mobilité internationale, et vivant dans la promiscuité.
La Haute autorité de santé conseille « d’informer, de sensibiliser et de former les professionnels intervenant auprès des populations cibles sur le dépistage de la tuberculose, son traitement et ses risques de transmission », défendant une « approche globale de dépistage » visant également le VIH et les hépatites C et B.
Un rebond qui touche toute l'Europe
Les recommandations de l’agence sanitaire interviennent alors qu’un rebond de la maladie s’observe plus largement en Europe et en Asie central. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les enfants de moins de 15 ans représentaient 4,3% des nouveaux cas et des cas de rechute dans la région européenne en 2023. Et plus de 172 000 personnes atteintes de tuberculose nouvelle ou récidivante ont été recensées cette même année.Pamela Rendi-Wagner, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), a souligné en réaction à ce rapport qu’il est « essentiel que l'Europe se concentre à nouveau sur la prévention et sur un traitement rapide et efficace ». « Avec l'augmentation de la tuberculose résistante aux médicaments, le coût de l'inaction aujourd'hui sera payé par nous tous demain », a-t-elle également alerté.
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