Comment se positionne aujourd'hui la puériculture dans le cadre de la refonte du métier infirmier ?
Concernant la réingénierie du métier socle, nous attendons la prise en compte d’un certain nombre de considérations. Nous souhaiterions notamment que la pédiatrie soit un peu plus mise en avant, puisque nous sommes amenés à prendre en charge des enfants. Pour le reste nous réclamons depuis des années qu'il y ait une réingénierie de la formation. Les puéricultrices ont une spécialité de la formation d'infirmière, avec actuellement une année de formation supplémentaire. La création du diplôme date de 1983 et depuis la formation n'a jamais été revue. Cependant, les instituts de formation se sont efforcés de prendre en compte les évolutions et les nouveautés concernant la puériculture, (notamment l’apport des neurosciences par exemple) et d’adapter les modules en unités d'enseignement pour commencer à préparer l'universitarisation de cette spécialité. Nous nous mobilisons pour cette intégration universitaire afin que la formation à la puériculture s’étende à deux ans et qu’y soit intégrée de la pratique avancée.
Intégrer de la pratique avancée dans la formation en puériculture ou accéder au statut d'infirmier en pratique avancée ?
L'ensemble des associations et syndicats des puéricultrices ont un projet qui est plutôt d'intégrer de la pratique avancée dans la formation, c'est-à-dire faire un master en deux ans de puéricultrice et de faire de la pratique avancée. Pourquoi ? Parce que puéricultrice, c'est l’un des seuls métiers infirmiers qui est à la fois médical et médico-social. On peut être puéricultrice, bien évidemment, en hospitalier ou éventuellement dans une maison de santé, mais il y a toute une partie protection de l'enfance, toute une partie référence santé, accueil inclusif dans les établissements d'accueil de jeunes enfants. Et à tout cela, s’ajoute la pratique avancée. En fait, le statut d'IPA proposé aujourd'hui, avec une année commune et une année spécialisation, ne nous correspond pas. Nous préconisons deux ans de formation spécifiques à l'enfant, car la prise en soin d’un enfant reste globalement très différente de celle d’un adulte. Cela exige des connaissances et des compétences supplémentaires y compris en pratique avancée.
Il n’existe toujours pas de nomenclature pour l’exercice libéral de la puériculture
Quels problèmes se posent actuellement dans l'exercice libéral de la puériculture ?
Aujourd'hui, L'exercice libéral de la puériculture est très, très peu représenté pour deux raisons. La première, c'est qu'il n’y a pas de nomenclature spécifique pour cette spécialité infirmière. Il existe un forfait supplémentaire lorsqu'on qu'on fait des soins infirmiers à un enfant, mais il n’y a pas de nomenclature sur tout ce qui va être l'accompagnement à la parentalité, l'accompagnement à l'allaitement, les conseils, etc. La seconde raison, c'est que les puéricultrices sont soumises, comme les infirmières, à l'installation gérée localement. C'est-à-dire qu'il n'y a pas de places réservées pour ces professionnelles. C'est également une de nos demandes que soient définies des règles d'installation spécifique pour les puéricultrices.
Mettre en place une consultation de puériculture au sein des urgences pédiatriques libèrerait du temps pour les vrais besoins médicaux
Quelles sont aujourd'hui les autres grandes préoccupations de la profession?
Tout ce qui concerne la protection de l'enfance et notamment le suivi de l'enfant placé. Par exemple, dans la loi, actuellement il doit y avoir un contrôle clinique de l'enfant dans le dossier judiciaire jusqu'à ses deux ans. Et au-delà plus rien : aucune observation clinique sur le développement de l’enfant, sur son état de santé physique et mental. Et ça, c'est une vraie préoccupation. Plus largement, ce sont les difficultés d’accès aux soins qui nous préoccupent. Les urgences pédiatriques sont saturées, avec une de visites pour des motifs non-médicaux. Par exemple, des enfants qui ont des troubles du sommeil, des parents qui ont besoin de conseils, etc. Le fait est que beaucoup de parents n'ont pas accès à un médecin ou à un pédiatre du fait de la désertification médicale et de l’inégalité du maillage médical territorial. Et souvent le seul recours, c'est les urgences. Ou alors pour certains parents, il y a la tentation de se tourner vers des interlocuteurs hors du système de santé : des coachs parentaux et autres conseillers non véritablement qualifiés… Ce qui illustre un vrai besoin d’accompagnement. Et c’est justement ce qu’une consultation de puériculture peut apporter. Il y a d’ailleurs des expérimentations qui fonctionnent très bien dans ce sens. Mettre en place une consultation de puériculture au sein des urgences pédiatriques libèrerait du temps pour les vrais besoins médicaux.
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