Kevin Brige, ancien étudiant de l’IFSI de Berck, dans le Pas-de-Calais et Caroline Krauth, Cadre de Santé Formateur, adjointe au directeur à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers de l'IFSI/IFAS Epsan-Brumath nous livrent informations utiles et recommandations.
Quels conseils donneriez-vous à un étudiant en soins infirmiers nouvellement admis ?
Kevin Brige : Je lui conseillerais d’abord de suivre tous les cours magistraux (c'est à dire, y compris ceux qui sont facultatifs), parce que l’apprentissage sera plus facile. Pourquoi ne pas se créer aussi un petit « carnet mémo » pour y noter tous les médicaments rencontrés (surveillance, effets attendus, effets indésirables), aussi bien lors des cours que lors des stages. C’est ce que j’ai fait et j’ai toujours aujourd’hui mon petit carnet dans les services, qu'il m'arrive de sortir lorsque j’ai un doute. Il ne faut pas hésiter non plus à s’entraider. Dans certains IFSI, des associations mettent en place du tutorat. Les étudiants des années supérieures donnent des astuces, reprennent éventuellement les cours pour les étudiants de première année. Vraiment, je conseille de s’y rendre si vous avez cette possibilité. Il faut enfin échanger avec les autres étudiants. En première année, je le faisais peu mais ça m’a finalement beaucoup aidé. Ça permet de mutualiser les forces. Quand on a des questions et des doutes, on en discute et c’est plus facile de retenir les connaissances
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Caroline Krauth : Je lui conseillerais en premier lieu de vivre sa formation et non de la subir ! La formation en soins infirmiers est une formation relativement longue (en alternance, avec des plages horaires très variables selon les périodes), qui va demander à l'étudiant de l'adaptabilité et de l’organisation. Ne pas la subir, cela signifie donc peut-être d'abord être capable de sortir de sa zone de confort. Tout au long du parcours, les étudiants doivent appréhender beaucoup de nouvelles informations (pathologies, vocabulaire professionnel, techniques de soin...) : il faut donc faire preuve de concentration, mais aussi d'une forme d'assiduité aux cours, pour digérer ces informations et également donner du sens à ce que l'on apprend. En effet, en cours, les intervenants et formateurs ne délivrent pas seulement des connaissances théoriques, ils font aussi le lien entre les différents apprentissages et les attendus de la profession. Il est par ailleurs important que l’étudiant comprenne ce qu'il apprend et qu'il fasse preuve de motivation. Celle-ci peut d'ailleurs parfois s'avérer progressive, mais il est opportun que l'étudiant ressente un besoin d'apprendre, qu'il soit curieux. Enfin, il est essentiel que l'étudiant apprenne à gérer ses émotions. Ce qui se fait par étapes : d’abord en étant capable de repérer ses émotions (là je me sens à l'aise, là je sens qu'il y a pour moi des axes d'amélioration...), ensuite en développant sa capacité à les exprimer, pour enfin savoir plus facilement les gérer. Sur l’ensemble du cursus, chaque temps de formation est nécessaire pour que l’apprenant puisse devenir un futur professionnel autonome et responsable
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La formation en soins infirmiers est une formation professionnelle. L'étudiant sera donc rapidement en contact avec des équipes de soin. Un travail d'ajustement de sa posture professionnelle est ainsi nécessaire au fur et à mesure de la formation. Pour cela, il faut véritablement apprendre à travailler en équipe. Pour le préparer au terrain, les méthodes pédagogiques favorisent justement le travail en groupe. Là encore, cela demande un certain nombre de valeurs : tolérance, échange, authenticité, loyauté, patience... C'est ce qui fait de la formation en soins infirmiers une formation exigeante mais enrichissante autant sur le plan professionnel que sur le plan personnel
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Qu'est-ce qui a pu vous manquer, vous-même, en entrant en 1ère année?
Kevin Brige : Ce qui m’a le plus manqué en première année, c’est sans doute une méthodologie de travail. En sortant du BAC ou d’un autre cursus, il arrive que l'on soit un peu perdu. Des conseils m’auraient aidé, d’où l’intérêt du tutorat. C’est ainsi en échangeant avec les étudiants et en testant plusieurs méthodes qu’on va trouver la sienne. Moi par exemple, c’était plutôt en réalisant des fiches sur les cours que je retenais les informations. Pour d’autres étudiants, c’était plutôt en passant par des schémas ou des cartes mentales (schématisation du cours). A l’approche du premier stage, effectivement, on peut aussi être stressé. On peut alors se confronter à des simulations de stage (j’en reviens au tutorat) ou en discuter avec des professeurs ou des ESI de 2e ou 3e année. Le partage d’expérience est déterminant pour arriver à se projeter positivement.
Que dire à un étudiant qui redouterait sa rentrée ? Son premier stage ?
Kevin Brige : Redouter sa rentrée ou son premier stage est tout à fait normal. On se retrouve confronté à un nouveau milieu... Il faut donc garder en tête que cette appréhension est naturelle et ne pas hésiter à poser des questions (Il n’y a pas de questions bêtes !), à aller voir ses pairs pour des retours d’expérience. En un mot : à s’ouvrir aux autres. J’ai effectué mon premier stage dans un Ehpad. J’y ai appris la base du rôle propre infirmier et ça s’est très bien passé parce que j’ai été très bien encadré. Lors des stages, il faut absolument oser aller voir son tuteur de stage, sur le terrain, pour s’appuyer sur son expérience
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Caroline Krauth : L'étudiant n'est jamais laissé seul. Il a autour de lui différentes personnes "ressources". Il est donc important qu'il lie une relation de confiance avec son formateur référent de suivi pédagogique, qu'il apprenne à exprimer ses émotions et à se laisser accompagner. (Souvent, on dénoue ainsi un certain nombre de problèmes, simplement en s'ouvrant aux autres). L'étudiant peut aussi s'appuyer sur les professionnels en stage (que ce soit le maître de stage, le tuteur ou un professionnel de proximité). Parfois, les étudiants enchaînent 5 à 10 semaines de stage, donc il est essentiel de savoir s'exprimer pour ne pas rester seul avec ses doutes tout ce temps. C'est un métier de relation à l'autre. Certains pensent que le métier infirmier n'est qu'un métier technique, or il comporte une grande part relationnelle. Les étudiants ont trois ans pour progresser et il ne faut pas vouloir brûler les étapes
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L'étudiant doit accepter l'enjeu de cette formation, les efforts qui vont avec, les épreuves qu'il va rencontrer et les risques qu'il va prendre, mais surtout : prendre plaisir à ces apprentissages et à sa propre progression.
On sait que de nombreux étudiants arrêtent en cours de route... Comment se préparer à ces trois ans ?
Kevin Brige : Personnellement, ça m’est arrivé d’avoir envie d’arrêter ma formation, après un stage qui s’est mal passé ou après des partiels décevants. Ce sont trois ans très riches en émotions et en épreuves. Le principal est donc vraiment de s’accrocher et de tenir bon. Le jeu en vaut la peine, on est les soignants de demain. Pour résumer, je dirais qu’il ne faut pas hésiter à utiliser toutes les ressources à notre disposition. Quand on se sent démoralisé, discuter avec ses amis, s’entourer, permet de sortir du cercle vicieux. Quant aux partiels décevants, mieux vaut en parler avec son référent pédagogique, pour trouver des solutions. Les lectures peuvent aussi apporter une aide précieuse, donc il faut faire l’effort de se rendre au CDI ou à la bibliothèque universitaire. J’incite enfin les futurs étudiants à suivre les infirmiers en poste sur les réseaux sociaux. Ils apportent par ce biais de nombreux conseils et connaissances. Et garder ceci en tête : Dans sa vie professionnelle, on apprend tous les jours. J’ai travaillé aux urgences cet été et il y avait des soins que je ne maîtrisais pas. Mes collègues m’ont alors encadré et m’ont formé. Le métier d’infirmier implique une formation continue. L’important est donc surtout de rester curieux et alerte
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Caroline Krauth : Au cours du premier semestre, il arrive que des étudiants interrompent leurs études. Pour plusieurs raisons. L'idée, c'est donc aussi pour certains étudiants de se laisser ce premier semestre de réflexion pour s'interroger : est-ce un métier qui me convient ? Parfois, la réponse est non et les formateurs, dans ce cas, doivent accompagner les étudiants qui s'interrompent. L'idée n'est pas de s'accrocher coûte que coûte. Malgré tout, il faut du courage et de l'implication car il peut y avoir des moments de découragement et de doutes sans que cela signifie pour autant que l’étudiant n’a pas fait le bon choix. Il faut également savoir prendre soin de soi avant d'aider les autres et donc être capable, dans ces moments de doute, de se tourner vers ses formateurs ou ses camarades de promotion pour demander de l'aide. Ce sont trois années intenses avec des rythmes différents, beaucoup de travail personnel, une grande implication. Il faut en avoir conscience. Pour se donner toutes les chances, il est aussi incontournable de trouver le juste équilibre : la formation, ce n'est pas "ne plus profiter de la vie". Il faut donc s'aménager des temps de loisir, sans pour autant se surcharger. Il faut savoir trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
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Pour conclure, l'étudiant doit accepter l'enjeu de cette formation, les efforts qui vont avec, les épreuves qu'il va rencontrer et les risques qu'il va prendre, mais surtout : prendre plaisir à ces apprentissages et à sa propre progression. Les périodes de découragement sont normales et l'étudiant doit pouvoir trouver un accompagnement auprès de l'équipe pédagogique, de ses camarades de promotion ou des étudiants des années supérieures dans ces moment-là
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