ENTRETIEN

Katie Galois, première IPA à intégrer une commission médicale d’établissement

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Publié le 26/05/2025

Porter la voix de ses collègues infirmiers en pratique avancée et contribuer ainsi à l’élaboration des projets de soin de son établissement : ce sont les missions de Katie Galois, première IPA à intégrer une commission médicale d’établissement (CME), à l’hôpital de Nancy.

portrait de Katie Galois, infirmière en pratique avancée au CHRU de Nancy

Katie Galois est la première infirmière en pratique avancée à intégrer une CME

Diplômée en 2020, Katie Galois fait partie des toutes premières promotions d’infirmiers en pratique avancée (IPA). C’est aussi la toute première de ces professionnels à intégrer comme invitée permanente* une commission médicale d’établissement (CME, voir encadré) et un directoire, ceux du centre hospitalier régional universitaire de Nancy. Si elle n'a pas le droit de vote, elle est toutefois présente à titre consultatif. « Grâce à cette intégration, la profession accède à une véritable reconnaissance institutionnelle et, par une meilleure prise en charge des patients, la possibilité de pouvoir améliorer la qualité des soins au sein de l’établissement », se félicitait le CHRU lors de l’annonce de sa nomination. C’est surtout l’aboutissement d’une réflexion collective menée au sein de la structure pour mieux intégrer ces nouveaux professionnels dans l’organisation des soins et l’élaboration des parcours patients, défend Katie Galois. Entretien.

La direction générale, qui n’avait pas nécessairement connaissance de toutes nos missions, a pris conscience de la plus-value que nous pouvions apporter.

Vous êtes la première IPA à intégrer comme invitée permanente une CME. Comment êtes-vous arrivée là ?

À l’origine, c’est la réussite du collectif et de l’intégration des IPA au sein de l’établissement qui a mené à mon intégration au sein de la CME et du directoire. Nous sommes 10 IPA à être sortis de formation en 2020, et nous nous sommes rapidement retrouvés isolés dans nos services. Nous avons donc voulu créer un collectif pour travailler ensemble sur les problématiques que nous rencontrions. Parce qu’IPA est un nouveau métier, et il fallait que nous puissions nous implanter. Nous ne voulions pas que ce soit un espace de récriminations, mais plutôt quelque chose de constructif. Nous avons notamment réfléchi au paramétrage du dossier patient informatisé pour avoir un item dédié aux IPA, nous avons présenté notre rôle auprès des instances afin de nous faire connaitre. Et de fil en aiguille, la direction générale, qui n’avait pas nécessairement connaissance de toutes nos missions, a pris conscience de la plus-value que nous pouvions apporter. Elle nous a demandé de travailler sur la responsabilité populationnelle, le lien ville-hôpital, sur les parcours patients innovants, sur le développement de la recherche paramédicale…, ce qui fait que nous sommes sortis de notre exercice clinique pur pour investir les autres missions transversales que l’IPA peut avoir.

Nous sommes 35 IPA au sein de l’établissement. Il y a donc du sens à avoir une IPA intégrée à la CME.

Mais il y avait dès 2018 au sein de l’établissement une volonté de soutenir l’implantation des IPA et de promouvoir l’expertise infirmière ; cela faisait partie du projet médico-soignant. Aujourd’hui, nous sommes 35 IPA, au sein de l’établissement et toutes les mentions sont représentées. Il y a donc du sens à avoir une IPA intégrée à la CME. Cela fait désormais 5 ans que l’établissement soutient le développement des IPA, et nous prenons de plus en plus de place dans les différentes réunions institutionnelles. C’est cette dynamique-là qui a permis mon intégration.

Vous évoquez un collectif d’IPA. Pourquoi vous avoir choisi, vous, plutôt qu’un autre de ces professionnels ?

C’est vraiment un concours de circonstances. Je n’avais pas de bureau à ma disposition à ma sortie de formation et, à l’époque, la coordinatrice générale des soins m’avait proposé d’intégrer un bureau à la direction des soins. Elle s’est rapidement aperçue de la plus-value qu’y aurait une IPA, notamment pour lui faire remonter nos difficultés et nos réussites, et pour accompagner des projets. Je reconnais également que mon rôle de coordinatrice IPA, qui consiste à faire le lien entre les différents IPA du collectif, m’a permis d’avoir accès à un certain nombre d’interlocuteurs et de permettre aux IPA de participer à des groupes de travail institutionnels, en fonction de leur expertise. C’est le président de la CME, donc un médecin, qui est ensuite venu me dire qu’il souhaitait que je sois une invitée permanente de la commission et du directoire.

J’ai la possibilité de prendre la parole et de porter la voix des IPA et des autres infirmiers sur les questions de parcours de soins ou de prise en charge.

Quel est votre rôle au sein de la CME ? Et quels sujets comptez-vous porter ?

Je n’ai pas le droit de vote au sein de la CME, mais j’ai la possibilité de prendre la parole et de porter la voix des IPA et des autres infirmiers sur les questions de parcours de soins ou de prise en charge. La commission se réunit environ une fois par mois, mais nous avons des groupes de travail qui sont plus réguliers, sur des domaines plus transversaux. La direction générale et la direction des soins me missionnent pour élaborer des feuilles de route sur différents sujets (lien ville-hôpital, parcours innovants…) grâce à notre connaissance du terrain et notre expertise. Il y a par exemple une collaboration avec les assistantes sociales, qui n’était jusque-là pas forcément mise en lumière. Aujourd’hui, nous l’avons structurée et nous l’avons présentée aux instances pour qu’on formalise un vrai parcours IPA-assistante sociale.

Que les médecins viennent chercher un professionnel infirmier pour intégrer une telle instance, c’est donner voix à notre profession et reconnaître nos compétences.

Symboliquement, qu’est-ce qu’être intégrée à la CME signifie plus largement pour les infirmiers et les IPA en particulier ?

Que les médecins viennent chercher un professionnel infirmier pour intégrer une telle instance, c’est donner la voix à notre profession et reconnaître nos compétences. Actuellement, on parle beaucoup de la restructuration du métier [avec la loi infirmière, ndlr] et de la valorisation des compétences associées à la prévention, à l’éducation à la santé, à la recherche. Cela suppose d’accepter la collaboration des infirmiers. Nous avons une parole, un point de vue à donner dans l’élaboration du projet médico-soignant.

On parle également beaucoup de leadership infirmier. Quelque part, le fait d’intégrer la CME, c’est aussi prouver que nous possédons un certain leadership. Bien évidemment, des choses devraient évoluer, on devrait avoir le droit de vote. Mais déjà, que le monde médical vienne chercher un professionnel non-médical pour y participer, je trouve que c’est symboliquement fort. Je suis assez fière de représenter ce monde-là.

À quoi sert une commission médicale d’établissement (CME) ?
Présente dans chaque établissement de santé public, la commission médicale d’établissement (CME) se compose des représentants élus de ses professionnels de santé médicaux, odontologiques et pharmaceutiques ainsi que des internes, ou encore des chefs des différents services. À Nancy, des représentants de la commission des soins infirmiers, de rééducation et médico-technique sont également présents. C’est au sein de cette instance que s’élabore notamment le projet médico-soignant de l’établissement : parcours et organisation des soins, lien entre la ville et l’hôpital, formation continue des professionnels, amélioration de la sécurité et de la qualité des soins… Elle se prononce également sur la nomination des chefs de pôle, sur le recrutement et l’évolution de carrière des médecins, la politique d’accueil des praticiens et étudiants, ou encore sur la politique de recherche et d’innovation.

Source : infirmiers.com