PSYCHIATRIE

Contention : les familles de malades demandent l'abolition de cette pratique néfaste

Publié le 11/06/2025

L’Unafam, qui représente les familles de malades et handicapés psychiques, appelle à «l’abolition de la contention mécanique» des patients en psychiatrie, en dénonçant les effets qu’elle juge «délétères».

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Crédit photo : APHP-St ANTOINE-GARO/PHANIE

«La contention n’est pas un soin, c’est une méthode coercitive extrême qui pousse à son paroxysme la suspension des droits fondamentaux : droit à la dignité, droit à la liberté, droit au consentement libre et éclairé», écrit l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) dans un «manifeste pour l'abolition de la contention» publié mercredi 11 juin. En 2022, 8 000 patients (sur 324 000 hospitalisations en psychiatrie) ont été soumis à une mesure de contention, qui consiste à attacher physiquement un patient pour contenir ses mouvements, selon l'association. Cette mesure temporaire est destinée à empêcher un patient en état de crise d'être dangereux pour lui-même et pour les autres. L'Unafam compte demander au gouvernement de changer la loi pour l'interdire, alors qu'il organise un comité interministériel consacré à la santé mentale. 

La contention génère de l'angoisse et va à l'encontre de la mission soignante 

L’Unafam, qui accueille chaque année 20 000 familles dans ses 350 sites, a reçu de «nombreux témoignages de souffrances physiques et psychologiques subies, des angoisses, des sentiments de désespoir et de honte» par les patients qui ont été soumis à la contention. Les soignants eux-mêmes vivent mal cette pratique, qui va à l’encontre de leur mission, qui «compromet l’alliance thérapeutique» et «nuit à l’attractivité» de la psychiatrie, assure l'association. Pour l’Unafam, le recours à la contention est le symptôme d’un «dysfonctionnement» plus large du système de santé mentale : manque de soins en amont, du fait d'une «coordination insuffisante» entre généralistes et psychiatres et d'une pénurie d’équipes mobiles.

De l’hospitalisation à l’isolement : les chiffres de 2022

  • 324 000 patients ont été hospitalisés à plein temps en psychiatrie.
  • 76 000 patients parmi eux ont été hos- pitalisés en soins sans consentement. 28 000 parmi eux ont subi une mesure d’isolement.
  • 8 000 patients ont subi au moins une mesure de contention.

Son usage n’est pas inévitable, selon l'Unafam, qui indique que 10% des établissements psychiatriques français n’y ont jamais recours. Pour ne pas y recourir, elle demande une meilleure formation des professionnels aux «techniques de désescalade», le développement d'«espaces d'apaisement» et la préparation, en lien avec les malades, de «plans de prévention».  

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com