VACCINATION DES SOIGNANTS

L'Ordre des médecins pour une extension de l'obligation vaccinale

Publié le 03/12/2025

Dans un rapport sur la vaccination, l'Ordre des médecins se dit ouvert à une extension des obligations vaccinales pour les professionnels de santé, ciblant notamment la grippe saisonnière et la rougeole. Il met en avant le devoir d'exemplarité des soignants, dans un contexte de défiance contre ce geste de prévention.

Vaccination, geste, mains de soignants, bras

Crédit photo : GARO/PHANIE

« Aujourd’hui, 140 ans après la découverte du vaccin contre la rage, la France est à la fois le pays de Pasteur et celui où l’hésitation vaccinale reste un défi permanent. » C’est ainsi que s’ouvre le rapport sur la vaccination du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), publié le 2 décembre. L’instance y réalise un état des lieux de ce moyen de prévention, mais y fournit également un certain nombre de recommandations, notamment pour lutter contre l’hésitation vaccinale. À commencer par la vaccination des professionnels de santé, en particulier contre la grippe saisonnière et la rougeole.

« La vaccination traverse une période de transformations importantes qui nécessitent une adaptation constante des pratiques professionnelles. Si les fondements scientifiques et éthiques de la vaccination demeurent stables, le contexte a considérablement évolué, particulièrement depuis les nouvelles obligations vaccinales consacrées aux nourrissons de 2018, mais également depuis la crise sanitaire liée à la Covid-19 », recontextualise ainsi le CNOM. Or « les vaccins obligatoires imposés aux médecins sont peu nombreux et il est légitime de s'interroger sur la nécessité ou non de rendre obligatoires d'autres vaccins qui sont aujourd'hui fortement recommandés », écrit-il, appelant à « leur révision ciblée » pour s’adapter aux évaluations des risques actuels et aux niveaux de couverture vaccinale. Actuellement, l’obligation vaccinale pour les professionnels de santé concerne l'hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.

La grippe et la rougeole particulièrement visées

En juillet 2023, lors de l’actualisation de ses recommandations, la Haute autorité de santé (HAS) a proposé de maintenir celles visant la coqueluche, la grippe, l’hépatite A et la varicelle ; elle s’est également positionnée pour une vaccination obligatoire contre la rougeole pour les étudiants et les professionnels non immunisés en contact avec des publics à risque. L’Ordre note toutefois que 70 à 80% des soignants sont correctement vaccinés contre cette maladie, « bien en deçà du seuil de 95% nécessaire pour interrompre la transmission », et qu’ils sont impliqués dans 75 à 83% des cas de transmission. Et ce alors que la maladie connaît une recrudescence des cas dans toute l'Europe, y compris en France.

Quant à la vaccination contre la grippe, elle plafonne à 25%, un niveau jugé bien insuffisant. « Elle demeure toutefois fortement recommandée pour les professionnels concernés, avec pour principal objectif de protéger leurs patients fragiles des grippes saisonnières », note le CNOM, s’alignant ainsi sur l’avis de l’autorité sanitaire. En 2023, l’Académie de médecine défendait elle-même l’obligation vaccinale contre la grippe et le Covid-19 pour les professionnels du sanitaire et du médico-social, au nom des principes de la protection des patients et pour des questions de santé publique. Le CNOM précise toutefois que, sur cette question, il suivra l'avis de la HAS. Sollicitée par le ministère de la Santé, celle-ci a prévu de se prononcer sur cette obligation vaccinale en 2026.

Un devoir "d'exemplarité"

Car dans un contexte de défiance contre la vaccination, les professionnels de santé ont un devoir d’exemplarité. « Un professionnel bien informé, vacciné et suivi incarne les messages qu’il transmet » et il est également « mieux armé » pour convaincre ses patients, argumente le CNOM. Il identifie plusieurs actions à mettre plus largement en place pour améliorer la couverture vaccinale : faciliter l’accès à la vaccination des médecins libéraux, renforcer la communication sur l’intérêt de la vaccination, en particulier en milieu scolaire et professionnel, mais aussi simplifier le calendrier vaccinal, qui demeure trop peu lisible pour le grand public. « La vaccination sauve près de 2 millions de vies par an selon l’OMS. Si 75 % des Français y sont favorables, plus de la moitié se juge mal informée et près de 90 % souhaitent un parcours vaccinal simplifié », insiste-t-il.

La publication de ce rapport intervient alors que l’obligation vaccinale contre la grippe pour les professionnels de santé divise députés et sénateurs en s’invitant dans les débats autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2026 (PLFSS 2026). Si l’Assemblée nationale a rejeté en première lecture l’idée d’instaurer cette mesure pour les soignants et les résidents d’EHPAD, le Sénat, lui, s’est positionné pour sa mise en place pour certains professionnels. Le texte est depuis de nouveau en discussion dans l'Hémicycle, le vote final étant prévu pour le 9 décembre.

Accéder au rapport du Conseil de l'Ordre des médecins

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com