L’objectif est, comme chaque année depuis 2022, de préparer au mieux les services d'urgence aux tensions que fait peser sur eux la période estivale, durant laquelle se conjuguent prises de congés des personnels, afflux touristiques et impact sur la santé des potentielles vagues de chaleur. Ces tensions « appellent à une vigilance particulière de l’ensemble des acteurs de santé et rendent nécessaire une organisation anticipée du système de soins dans son ensemble afin de garantir partout, et à chacun de nos concitoyens, l’accès aux soins non programmés et aux soins de médecine d’urgence », insiste la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) dans son instruction, publiée dans son Bulletin officiel « Santé-protection sociale-solidarité » de juin 2025.
Des enseignements à tirer de la période hivernale
Adressé aux agences régionales de santé (ARS) de l’ensemble du territoire, à l’exception de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie, le document indique s’appuyer sur les retours d’expérience des ARS après l’hiver 2024-2025 ; la DGOS avait alors formulé en janvier un certain nombre de recommandations pour prévenir l’augmentation de l’activité à prévoir dans les services, du fait de l’arrivée des différents virus hivernaux. « La majeure partie des mesures dérogatoires de l’été 2022 ont été inscrites dans le droit commun à l’occasion de la réforme des autorisations de médecine d’urgence qui s’est déployée en 2024 », indique ainsi la DGOS, faisant référence aux mesures qui avaient été mises en place à l’été 2022 sous François Braun, alors ministre de la Santé.
L'utilité démontrée des services d'accès aux soins (SAS)
La généralisation des services d’accès aux soins (SAS) constitue un autre levier identifié pour soulager les urgences : ils couvrent désormais plus de 97% du territoire métropolitain. Combinés, ces dispositifs ont permis d’assurer une réponse aux besoins en soins non programmés, à éviter les fermetures « sèches » et à recentrer l’activité sur les urgences, grâce notamment au passage par le 15, et de trouver des solutions d’hospitalisation en aval. L’uniformisation des doctrines de déclaration des tensions ont également facilité leur pilotage et la mise en place de solutions, fait-elle valoir.
Anticiper les manques de personnels en ville et à l'hôpital
Pour la période estivale, la DGOS appelle les ARS à identifier les territoires à « risque de rupture saisonnière d’accès aux soins », à déployer des plans d’action territorialisés en sollicitant l’ensemble des acteurs de la santé (dont les unions régionales des professionnels de santé et les Ordres), ou encore à assurer la remontée d’informations relatives à la situation des établissements de santé. Elle insiste également sur la nécessité de mobiliser la médecine de ville pour garantir la continuité et la permanence des soins : identification des territoires où les tensions sont amenées à être importantes pour y déployer des actions de sensibilisation, réquisition des médecins en cas d’incomplétude persistante des tableaux de garde, ou encore promotion de toutes les actions facilitant la mise en œuvre des SAS.
Replacer le patient dans la bonne filière de soins et recentrer les urgences sur leur cœur de métier.
Concernant les établissements de santé, ceux-ci doivent anticiper la prise de congés de leurs personnels afin de garantir la complétude des tableaux de présence. « Selon la situation, l’ARS peut demander des modifications des plannings et des organisations prévues par les établissements pour assurer une cohérence territoriale des ressources. Elle peut par exemple proposer et accompagner la concentration des ressources humaines disponibles sur le territoire afin d’assurer le maintien d’un point d’accès à la médecine d’urgence sans régulation préalable avec la mobilisation du pool d’urgentistes », précise la DGOS. La réforme des autorisations de la médecine d’urgence a également introduit un certain nombre de nouvelles modalités d’accès aux soins d’urgence qu’il faut anticiper, poursuit-elle. « Enfin, les pratiques de réorientation à l’entrée des urgences par le médecin (ou par l’infirmier d’organisation de l’accueil lorsqu’il existe un protocole) doivent être encouragées et développées afin de replacer le patient dans la bonne filière de soins et de recentrer les urgences sur leur cœur de métier. »
La question des tensions aux urgences en été demeure critique depuis la crise de 2022, avec un fonctionnement en mode dégradé qui est devenu la norme dans certains territoires. En septembre dernier, Samu-Urgences de France soulignait ainsi que 61% des services avaient dû fermer au moins une ligne de soins au cours de la période estivale 2024, souvent du fait du manque de professionnels de santé pour assurer la prise en charge, contre 57% l’année précédente.
Accéder au Bulletin officiel « Santé-protection sociale-solidarité »
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