URGENCES

Samu : plus d'appels et des réponses moins rapides aux patients

Publié le 22/01/2025

Le taux de recours au Samu-Centre 15 a augmenté fortement entre 2019 et 2022 du fait de la crise sanitaire et de l'instauration de la régulation médicale par le 15 avant tout passage aux urgences, entraînant un temps de réaction moindre des Samu, révèle une étude de la Drees.

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Crédit photo : GARO/PHANIE

La mesure devait répondre à une situation de tensions aux urgences : à l’été 2022, la mission Flash et ses 41 préconisations instaurait la régulation médicale préalable en incitant les usagers à composer le 15 avant de se rendre aux urgences. L’objectif : limiter le recours à ces services hospitaliers quand il n’était pas nécessaire. Deux ans plus tard, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie une étude sur l’évolution du recours au Samu-Centre 15. Et sans surprise, elle met en lumière une hausse de l’activité de ces structures à la suite de la crise sanitaire.

Une forte hausse inégalement répartie sur le territoire

« En 2022, le Samu-Centre 15 a traité 20,7 millions de dossiers de régulation, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2014 », où 14 millions de ces dossiers avaient été enregistrés, constate-t-elle ainsi. Le recours au Samu n’a cessé d’augmenter entre 2014 et 2019, mais elle identifie toutefois deux fortes périodes d’accélération : entre 2020 et 2021 où, sous l’impulsion des consignes données par les autorités encourageant les usagers à ne pas se rendre à l’hôpital pour éviter sa saturation, il a bondi de 27% ; et en 2022, où il atteint 31%. « Cela fait suite à la mise en œuvre des « mesures Braun » [du nom de François Braun, le ministre de la Santé de l'époque, ndlr], issues de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés qui ont introduit une régulation accrue de l’accès aux urgences, notamment par un appel préalable au Samu », avance la Drees. Le déploiement progressif des services d’accès aux soins (SAS), qui permettent de mieux orienter les patients vers les structures et professionnels de santé adaptés, constitue un autre facteur expliquant l’augmentation du taux de recours au Samu. Car ces services sont aussi accessibles via le 15.

La Drees observe toutefois que cette augmentation n’est pas homogène selon les territoires. Les taux de recours au Samu sont ainsi plus élevés dans les départements où la population âgée (soit plus de 75 ans) est « surreprésentée, où la défavorisation sociale est forte, ou encore dans les territoires où l’accessibilité aux médecins généralistes et aux services d’urgence est plus limitée. » Des évolutions « contrastées » ont pu être observées dans certains départements : la Mayenne, par exemple, a vu son taux de recours bondir de 14 points, et la Haute-Vienne, de 9 points.

La participation des médecins libéraux en hausse

Parallèlement, la participation des médecins libéraux à la régulation médicale est aussi en hausse : elle s’établit à 40% en 2022, contre 33% entre 2014 et 2019. Là encore, la crise sanitaire et les mesures Braun sont passées par là et ont conduit à accélérer la collaboration entre ces professionnels de santé et les Centres 15. Là encore, des disparités existent en fonction des territoires. La contribution des médecins libéraux « est plus de trois fois plus importante dans les 10 % de départements aux taux de participation les plus élevés que dans les 10 % aux taux les plus faibles ». Elle atteint par exemple 85% en Haute-Loire en 2020, quand la Lozère, les Ardennes ou la Haute-Marne n’ont enregistré la participation d’aucun médecin.

Une augmentation qui entraîne une hausse de la charge de travail

« L’intensification de l’activité du Samu a entraîné une augmentation de la charge de travail, particulièrement en 2022 », poursuit-elle. Si 88% des appels ont été décrochés au cours de cette année, 80% l’ont été en moins d’une minute, contre 85% entre 2018 et 2021. La Drees évoque ainsi un contexte qui conjugue à la fois surcharge du nombre d’appels et difficultés de recrutement. Depuis, l’été 2023 a notamment été marqué par la grogne des assistants de régulation qui, face à l’augmentation de l’activité, avaient enclenché un mouvement de grève illimitée afin de réclamer la reconnaissance de la pénibilité de leur profession. Ils étaient parvenus à obtenir une hausse de 100 euros de leur prime mensuelle. « Les premières estimations pour 2023 suggèrent une stabilisation du taux de recours au Samu », prévoit-elle enfin.

Consulter l'étude de la Drees

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com