ENQUÊTE

État de santé des Français : que révèle le Baromètre de Santé publique France ?

Publié le 12/12/2025

Consommation d'alcool et de tabac, connaissances en santé, adhésion à la vaccination... Santé publique France publie son grand Baromètre sur la santé et les comportements des Français, qui met en lumière l'incidence des inégalités socio-économiques sur l'ensemble des indicateurs.

foule, extérieur

Crédit photo : S.Toubon

Comment l’état et les comportements de santé des Français évoluent-ils ? Santé publique France publie les résultats de l’édition 2024 de son grand Baromètre (voir encadré). L’agence sanitaire structure les données déclaratives d’un échantillon représentatif de la population (35 000 personnes, âgées de 18 à 79 ans) autour de 20 grands thèmes identifiés, dont la consommation d’alcool, la consommation de tabac, le sommeil, la sédentarité, l’activité physique, l’adhésion à la vaccination, la résistance aux antibiotiques ou encore les troubles anxieux. Trois nouveaux modules ont été ajoutés pour cette édition : les impacts ressentis des événements climatiques extrêmes sur la santé physique et mentale, l’insécurité alimentaire, et les discriminations. Le baromètre dédie également un volet aux inégalités socio-économiques.

Quel état de santé global chez les Français ?

«En 2024, 24,0 % des personnes âgées de 18 à 79 ans déclarent fumer du tabac, 17,4 % quotidiennement», indique-t-il ainsi, observant une baisse du tabagisme et du tabagisme quotidien par rapport à 2021 qui s’inscrit dans une tendance initiée en 2016. En octobre déjà, Santé publique France estimait à 4 millions le nombre de fumeurs en moins depuis 10 ans. La consommation d’alcool, elle, reste stable depuis 2021 : 22,2% des adultes déclarent une consommation au-dessus des repères de consommation à moindre risque, dont 30,3% des hommes et 14,6% des femmes. 26,7% d’entre eux témoignent toutefois d’une «envie de réduire leur consommation». Côté activité physique et sédentarité, «les étudiants et les personnes travaillant régulièrement en télétravail sont les plus exposés à une sédentarité élevée (temps assis supérieur à 7 heures par jour)», observe Santé publique France, avec 28 % des adultes âgés de 18-79 ans déclarant passer plus de 7 heures par jour en position assise. Pourtant, 88,8% des adultes connaissent la recommandation, actualisée en 2016, d’interrompre au moins toutes les deux heures une position assise prolongée.

Pour ce qui concerne la santé mentale, «6,3 % des adultes de 18 à 79 ans et 5,9 % des actifs occupés de 18 à 64 ans ont été concernés par un trouble anxieux généralisé (TAG) au cours des 12 derniers mois», les femmes, jeunes adultes et personnes précaires ou isolées socialement étant les plus touchés. Pour eux, se pose la difficile question de l’accès aux soins : près de 30% des personnes concernées par un trouble anxieux généralisé n’ont eu recours à aucun soin en lien avec leur santé mentale. Parallèlement, 15,6% des adultes ont vécu un épisode dépressif et 5,2% (soit un adulte sur 20) déclarent avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois.

Enfin, l’adhésion à la vaccination, malgré des réticences persistances, reste à un niveau élevé : 80% des adultes y sont favorables. «Depuis la pandémie, les réticences sont désormais centrées sur la vaccination contre la Covid-19, rassemblant la majorité des défiances, avec en 2021, 21 % de personnes défavorables à cette vaccination, versus 7 % pour la vaccination contre la grippe», ajoute Santé publique France.

Des comportements fortement marqués par les inégalités socio-économiques

L’ensemble des indicateurs observés par l’agence sanitaire sont marqués par des inégalités socio-économiques, prévient-elle, et pas toujours au détriment des mêmes catégories sociales. Ainsi, le tabagisme, l’insuffisance d’activité physique et le manque de sommeil touchent plus les catégories les plus défavorisées, le dépassement des repères de consommation d’alcool et la sédentarité, les plus favorisées. Des inégalités fortes apparaissent aussi entre les sexes. Globalement, les femmes adoptent des comportements plus favorables et sont plus sensibles aux messages de prévention. Mais parallèlement, «sur le plan de la santé mentale, les femmes apparaissent plus concernées que les hommes par la dépression et l’anxiété (et ce quelle que soit la classe d’âge), mais aussi par les pensées et tentatives suicidaires (en particulier chez les 18-29 ans).» «Les comportements à eux seuls ne suffisent pas à expliquer les inégalités de santé. La théorie de la causalité sociale démontre qu’une mauvaise situation socio-économique (éducation, emploi, ressources financières) dégrade directement la santé», poursuit-elle, appelant à mieux «comprendre le rôle que joue la position sociale sur l’état de santé de la population».

Santé publique France publie son Baromètre tous les deux ans depuis 30 ans. Son objectif est de «disposer d’informations impossibles à recueillir par ailleurs : comportements individuels, opinions, connaissances, ou encore événements de santé qui ne sont pas collectés par les systèmes de surveillance existants.» L’observation et l’analyse de ces comportements doivent ensuite permettre aux autorités sanitaires d’orienter leurs actions d’information et de prévention. Pour l’édition 2024, l’agence sanitaire a contacté 35 000 personnes, âgées de 18 à 79 ans, résidant en France hexagonale et dans les territoires d’Outre-mer (hors Mayotte). Ils ont été interrogés par questionnaire du 12 février au 27 mai 2024.

Accéder au Baromètre 2024 de Santé publique France

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com