TROUBLES ALIMENTAIRES

#SkinnyTok : une infirmière lance une pétition contre l’incitation à la maigreur extrême

Publié le 24/04/2025

Afin de sensibiliser aux troubles du comportement alimentaire et lutter contre la tendance #SkinnyTok qui véhicule le culte de la maigreur, une infirmière lance une pétition en ligne appelant les pouvoirs publics à réagir.

jeune femme devant une assiette vide

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Culte de la maigreur et prosélytisme de l’anorexie. Sur TikTok, la tendance #SkinnyTok enjoint les jeunes filles à perdre du poids en réduisant drastiquement leur alimentation. Portés par des jeunes femmes qui souffrent de troubles du comportement alimentaire (TCA), qui partagent des photos de leurs corps dénutri, les contenus sont également souvent violents, avec des propos qui cherchent à faire culpabiliser celles qui ne parviendraient pas à se restreindre. « Elles tiennent des propos chocs, brutaux, assez dégradants et jouent beaucoup sur la honte que peuvent ressentir les personnes qui vont être exposées à ces contenus », détaille Hugo Saoudi, psychiatre spécialisée dans les TCA, auprès de l’AFP. 

Or de tels messages peuvent conduire à l’apparition de ces troubles de l’alimentation, surtout chez des personnes déjà vulnérables, ou à des rechutes chez des patientes atteintes de TCA en rémission, avec des conséquences graves : perte de cheveux, problèmes de fertilité ou cardiaque, voire arrêt cardiaque. C’est pour alerter sur cette tendance et les impacts qu’elle peut avoir sur la santé des jeunes que Charlyne Buigues, infirmière en Isère, a lancé le 8 avril 2025 une pétition en ligne afin de demander aux pouvoirs publics de réagir.

Des comportements particulièrement dangereux pour la santé

Assurant le suivi de jeunes filles de 13 à 18 ans souffrant de TCA, l’infirmière est en effet « confrontée aux effets dévastateurs que certaines images et/ou messages véhiculés sur les réseaux sociaux tels que ceux du #skinnytok (mouvement pro ana sur Tiktok) peuvent avoir sur la santé mentale et physique de nos jeunes adolescents », indique-t-elle. Face aux normes corporelles irréalistes et aux pratiques alimentaires dangereuses que promeuvent ces contenus et qui , elle appelle à une « prise de conscience ». « Il est impératif de lutter contre cette propagation des contenus liés au #skinnytok qui glorifient la minceur extrême et favorisent des comportements alimentaires dangereux. » Elle table notamment sur l’ouverture en mars 2025 d’une commission d’enquête consacrée aux effets de TikTok sur la santé mentale des adolescents, qu’elle enjoint à se saisir de la tendance #SkinnyTok. « Beaucoup de mes patientes témoignent de la dangerosité de ce réseau social et revivent depuis la suppression de celui-ci », martèle-t-elle.

Parallèlement, Charlyne Buigues relaie son message sur son compte Instagram, @aucoeurdestca. « La dénutrition est banalisée voire valorisée. Des vidéos de filles qui se font vomir cumulent des millions de vues, alors qu'elles risquent un arrêt cardiaque », y rappelle-t-elle notamment.

Depuis la crise du Covid, les demandes de prise en charge pour des TCA continuent d'exploser et l'offre de soin se révèle très insuffisante, souligne Pierre Dechelotte, médecin et professeur de nutrition au CHU de Rouen, qui regrette auprès de l’AFP « des semaines voire des mois d'attente ». En France, près d’un million de personnes sont touchées par l’anorexie mentale, de boulimie nerveuse, ou d'hyperphagie boulimique, dont une majorité de jeunes femmes.

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP

Source : infirmiers.com