Le rapport, dévoilé par le quotidien Le Parisien (et qui sera mis en ligne la semaine prochaine), a été réalisé par le Registre général des cancers de Poitou-Charentes, rattaché au CHU de Poitiers qui avait lancé une alerte sanitaire en 2018 concernant le nombre élevé de patients atteints d'hémopathies et cancers à Saint-Rogatien. Une cinquantaine d'adultes et plusieurs enfants étaient alors concernés dans ce bourg de 2 200 habitants proche de La Rochelle, dans la plaine céréalière d'Aunis. En octobre, une étude présentée par Avenir santé environnement a également révélé la présence de pesticides, dont certains interdits, dans les cheveux et urines de 72 enfants de six communes de cette zone, où 15 cas de cancers pédiatriques ont été recensés depuis 2008, entraînant deux décès, selon cette association locale. Elle réclame un «plan de sortie des pesticides de synthèse», dont la Charente-Maritime est le huitième plus gros acheteur en France en 2022, selon un classement établi par une autre association, Générations futures, à partir de données officielles. Le directeur du Registre général des cancers de Poitou-Charentes, le docteur Thomas Systchenko, et la biostatisticienne Nolwenn Le Stang ont, eux, analysé les cas de cancers des moins de 24 ans survenus entre 2008 et 2022 en Charente-Maritime pour leur étude exploratoire, subventionnée par la Ligue contre le cancer.
Première étude départementale
«Depuis sept ans, nous finançons des études épidémiologiques sur deux communes présentant des excès de risque de cancers pédiatriques, Périgny et Saint-Rogatien, explique son président, Jean-Marie Piot. Pour la première fois, nous avons voulu l'étendre à tout le département».
«À l'échelle de la Charente-Maritime, il n'y a pas d'excès de risque significatifs de cancers pédiatriques et adolescents jeunes adultes mis en évidence», affirme M. Systchenko, qui s'est appuyé sur différentes méthodologies proposées par Santé publique France. Il a ainsi relevé 514 cas de cancers chez les 0-24 ans entre 2008 et 2022 dans le département, contre 522 attendus. Mais les chiffres sont plus alarmants dans certaines communes. Deux de la plaine d'Aunis, terre de céréaliculture intensive (blé, maïs, oléagineux), «présentent des excès de risques», selon les termes du médecin: Saint-Rogatien, avec sept cancers observés pour 1,8 attendu, et Saint-Vivien (cinq pour 1,1 attendu).
"Scandale sanitaire"
La commune littorale de L'Houmeau s'affiche également en rouge sur la carte, avec cinq cancers observés pour 1,8 attendu, même si la faiblesse des effectifs «ne permet pas de parler d'excès de risques statistiquement significatif dans ce cas», précise le Dr Systchenko. Un «surrisque» a également été identifié dans des territoires viticoles à l'ouest de Saintes (54 cancers observés pour 29 attendus). «C'est un scandale sanitaire, dénonce Franck Rinchet-Girollet, porte-parole et fondateur d'Avenir santé environnement, dont le fils de huit ans est en rémission. C'est un vrai cauchemar d'apprendre qu'il y a désormais trois foyers de cancers pédiatriques dans l'agglomération de La Rochelle.»
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