RECOMMANDATIONS

Vigilance sur le suivi des maladies cardiovasculaires chez les plus de 75 ans

Publié le 19/02/2025

Un rapport de l'Académie nationale de médecine recommande un dépistage systématique des maladies cardiovasculaires chez les 75 ans et plus, et insiste sur la nécessité d'éviter la surmédicalisation.

auto-tensiomètre, mains, personne âgée

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Altérations physiologiques et accumulation des facteurs de risque : les personnes âgées de plus de 75 ans, en forte croissance démographique, sont particulièrement vulnérables aux maladies cardiovasculaires. Celles-ci représentent d’ailleurs la première cause de morbidité et de mortalité dans cette catégorie de population, relève l’Académie de médecine dans un rapport adopté le 28 janvier.

Pour un dépistage systématique de la fragilité et des capacités fonctionnelles des personnes âgées

Mais si « les sujets âgés les plus fragiles sont souvent à très haut risque de complications cardiovasculaires graves, et nécessitent donc des traitements médicamenteux préventifs et curatifs », ils sont aussi particulièrement susceptibles de présenter des effets indésirables. Aussi le rapport entend-il mettre en lumière l’intérêt d’une stratégie de dépistage systématique de la fragilité et des capacités fonctionnelles des personnes âgées, afin d’évaluer au mieux la balance bénéfice/risque des différentes stratégies de prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire. Les recommandations formulées s’adressent aussi bien à l’ensemble des professionnels de santé qu’aux autorités politiques, aux universités et aux patients eux-mêmes et à leurs proches. « Une action commune de tous ces acteurs est nécessaire afin de faire rentrer la sensibilisation et les pratiques gériatriques dans la vie quotidienne », est-il en effet indiqué.

Proposition : débuter le dépistage à partir de 70 ans, via des outils qui peuvent être utilisés aussi bien par les médecins que par les infirmiers en soins généraux ou en pratique avancée.

Adapter la prise en charge médicamenteuse

 Cette prise en charge se doit d’être « personnalisée, coordonnée et holistique » et de tenir plus compte des fragilités et de l’état de fonctionnalité des patients que de leur âge, insiste l’Académie de médecine. Car les personnes de plus de 75 ans présentent en réalité une « très grande hétérogénéité de capacités fonctionnelles et d’autonomie. » Aussi les patients les plus fragiles pourraient-ils bénéficier de traitements moins agressifs, tandis que ceux préservant de bonnes capacités fonctionnelles suivraient des traitements plus proches des recommandations appliquées aux adultes plus jeunes, avance l’institution. L’Académie propose de débuter le dépistage à partir de 70 ans, via des outils qui peuvent être utilisés aussi bien par les médecins que par les infirmiers en soins généraux ou en pratique avancée.

Trois facteurs à bien surveiller

Les trois principaux facteurs à surveiller sont : l’hypertension artérielle, la dyslipidémie et le diabète, qui ont tous trois une prévalence qui augmente avec l’âge et qui nécessitent un suivi clinique régulier. Ils sont « responsables d’une part importante de la morbi-mortalité de la population dans son ensemble », et doivent donc eux-mêmes être pris en charge, toujours en fonction de l’état de santé et de fonctionnalité du patient. « La formation des professionnels de santé à la prise en charge spécifique des personnes âgées doit être renforcée pour garantir une meilleure adaptation des traitements », insiste également l’Académie.

Une attention particulière envers les résidents en EHPAD

Autre recommandation : porter une attention particulière aux résidents d’EHPAD. « Parmi les 700 000 résidents d’EHPAD, 70% ont des troubles cognitifs significatifs et la plupart présentent au moins trois pathologies dont des affections cardiovasculaires traitées en moyenne par 8 à 10 différents médicaments par jour, dont 2 à 3 à visée cardiovasculaire », note le rapport, qui préconise notamment « l'intervention d'équipes mobiles pluridisciplinaires » afin de mieux suivre les patients fragiles et d'ajuster leurs traitements de manière régulière.

Pour l'utilisation systématique d'un pilulier

Pour prévenir la iatrogénie, il recommande l’utilisation systématique d’un pilulier pour éviter « les prises médicamenteuses inappropriées », et pour les patients à domicile isolés et/ou fragiles, le passage quotidien d’un infirmier. Enfin, il faut promouvoir une recherche clinique qui n’exclut pas les plus fragiles. « Actuellement, les patients âgés sont souvent exclus des études cliniques, ce qui empêche une meilleure compréhension de leurs besoins thérapeutiques », constate ainsi l’Académie de médecine.

Consulter le rapport de l'Académie de médecine

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com