Qu’est-ce que l’éthique ? Une science, la conscience du bien, une démarche réflexive, la voie du bonheur, le soin en toute chose... ? Ce dossier « L'éthique du soin » paru dans la revue SOINS de décembre 2015 explicite ce « supplément d'âme » que l’on attend des soignants et qui est de nature éthique...
Avant-propos - L’éthique ou la quête du préférable
Fil rouge du discours hippocratique, l’éthique est aujourd’hui l’ultime recours, en médecine, face aux dilemmes de conscience, quand la loi, la morale et la déontologie montrent leurs limites.
Quand la morale et le droit ne peuvent garantir le “bien agir”, l’éthique est le recours. Par-delà les normes, elle est la voie de la raison et de la sagesse : une sagesse pratique. Mais cela ne suffit pas à la définir. Qu’est-ce que l’éthique ? Une science, la conscience du bien, une démarche réflexive, la voie du bonheur, le soin en toute chose… ? Tout cela à la fois et bien plus. Ici, dans le soin, nous l’envisageons comme une démarche réflexive et pragmatique en quête du préférable.
Fil rouge du discours hippocratique, l’éthique est aujourd’hui l’ultime recours, en médecine, face aux dilemmes de conscience, quand la loi, la morale et la déontologie montrent leurs limites. Comment appliquer, dans sa lettre et son esprit, la loi sur la ï¬ n de vie ? Au nom de la dignité humaine, faut-il laisser ou faire mourir ? La réponse est au cas par cas, fondée sur une délibération collective et consensuelle. L’éthique est dans le soin, c’est son essence même, et aucune loi ne sait dire comment prendre soin. Il s’agit d’une affaire singulière, un face-à-face de consciences, unique à chaque fois.
L’éthique est, en principes, en intention et en action, une et indivisible. Le respect dû à l’être humain n’est pas graduable, ni négociable ou à géométrie variable. Mais la question éthique doit être cependant traitée à la lumière des problématiques de chaque discipline et de chaque situation. La biomédecine, dont les incessants déï¬s technologiques bousculent jour après jour nos repères établis, oblige à une réï¬exion, à une vigilance et à une créativité éthique. Ainsi la bioéthique, lieu de science et de conscience, fait de la dignité humaine un principe matriciel que toute décision de soin doit respecter. C’est bien de dignité dont il s’agit quand la pratique médicale fait de l’autonomie du malade, de la bienfaisance ou de la justice dans le soin, des repères cardinaux. La bioéthique va jusqu’à décliner certains de ces repères éthiques en loi, mais l’éthique ne peut en être un énoncé implicite.
Si la vigilance éthique du soignant est au fondement même du soin au quotidien, les décisions à prendre en situation extrême nécessitent bien souvent un esprit formé à la démarche éthique.Le processus de délibération, dans sa méthode et ses étayages, relève d’un apprentissage auquel tout soignant est convié. Recourir à des experts pour délibérer en matière d’éthique doit rester exceptionnel à notre sens, sous peine de briser les fondements et la qualité du colloque singulier soignant/soigné.
Le “supplément d’âme” que l’on attend des soignants est de nature éthique, un mélange de raison, de devoir, de conviction et une bonté de service dont les effets bienfaisants peuvent surplomber ceux de la pharmacopée.
Daniel MAROUDY Cadre supérieur inï¬rmier d’anesthésie-réanimation, chargé d’enseignement à l’Agence de la biomédecinedmaroudy@yahoo.fr
L'auteur déclare ne pas avoir de conï¬its d’intérêts en relation avec cet article.
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