Au 1er mars 2025, 565 553 infirmier(e)s étaient inscrits au tableau de l'Ordre, (dont 145 000 libéraux), à 87% des femmes. L'âge moyen «tourne autour de 40 ans», a également indiqué lors d'une conférence de presse la présidente de l'Ordre national des infirmiers, Sylvaine Mazière-Tauran, lundi 10 mars.
Parmi les spécialités, on compte 6 338 infirmières de bloc opératoire, 7 479 infirmières-anesthésistes, 14 462 infirmières-puéricultrices, et 2 367 infirmières de pratique avancée (IPA). La direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees), compte de son côté plus de 600 000 infirmières, car toutes ne sont pas inscrites à l'Ordre. L'instance a publié une nouvelle étude sur la démographie de la profession, une enquête qu'elle réalise tous les deux ans.
La profession infirmière, un pilier de l'accès aux soins
Comme en 2023, les infirmières et infirmiers sont présents dans l’ensemble des territoires. Leur répartition est plus étendue que ce que l’on constate chez les autres professions de santé. «Seule profession de santé présente dans l'ensemble des bassins de vie», au contraire de nombreux soignants «plutôt installés en centres urbains», leur répartition «concorde» avec celle des personnes de plus de 75 ans, a souligné Sylvaine Mazière-Tauran. Les plus fortes densités de présence infirmière correspondent, par ailleurs, à des lieux à forte proportion de personnes âgées, souvent en perte d’autonomie et en situation d’isolement. Dans le Massif Central par exemple, l’offre infirmière est élevée et continue, toujours selon l'enquête de l'Ordre. La profession constitue donc un atout majeur pour l'accès au soin qui représente aujourd'hui un défi du système de santé. «C'est pourquoi l'Ordre se montre très vigilant sur la démographie et invite les pouvoirs publics à anticiper», a souligné sa présidente. Les zones moins bien couvertes sont généralement «en périphérie des métropoles» notamment en Ile-de-France, ou certaines zones frontalières. Des tensions apparaissent par exemple en Gironde ou sur le pourtour méditerranéen, des zones ou les prix des loyers sont élevés, a-t-elle observé.
Les besoins en soins infirmiers devraient augmenter d'environ 55% d'ici 2040, soit bien plus rapidement que le nombre de professionnelles.
L'urgence d'anticiper les besoins de soin
La profession infirmière est aujourd'hui confrontée à des tendances identifiées qui pourraient mener à une fragilisation de son rôle auprès de la population. Car l'un des autres constats fait par l'Ordre devant la pyramide des âges réalisé à partir des données du métier : les infirmières vieillissent.12 000 professionnelles en exercice ont plus de 60 ans. Une réalité et des besoins que l'Ordre recommande là encore «d'anticiper» afin de ne pas attendre de se retrouver «devant le mur» pour réagir, en tentant (trop tard) de renforcer l'attractivité du métier et l'accès à la formation - «erreur» faite par le passé pour les médecins. Alors même que le pays se trouve confronté au vieillissement de la population et à la hausse attendue des maladies chroniques, les besoins en soins infirmiers devraient augmenter d'environ 55% d'ici 2040, soit bien plus rapidement que le nombre de professionnelles, selon la Drees.
Plusieurs risques, à court, moyen et long terme
L'ONI a identifié plusieurs tendances de fond, avec des risques associés. A court terme, avec déjà des zones moins bien couvertes par les soins infirmiers (zones périphériques des métropoles notamment dans les Pays de la Loire, Ile-de-France, certaines zones frontalières…). A plus long terme, du fait d’un vieillissement de la population infirmière, et notamment de la population infirmière libérale, premier recours notamment pour la population à domicile. Cette évolution est déjà sensible dans les DROM, en Paca, Occitanie, Île-de-France et Aquitaine : les effectifs d’infirmiers libéraux de plus de 60 ans ont presque doublé en cinq ans. Enfin, un risque de fragilisation «exogène à la profession» émerge du fait du vieillissement de la population générale et de la progression des maladies chroniques, qui vont mécaniquement accroître les besoins en santé.
Revoir le zonage infirmier
Par ailleurs, le nombre d’infirmiers libéraux sur le territoire est certes en augmentation, mais celle-ci est disparate. «Face à cela, il convient de revoir le zonage infirmier en respectant le calendrier prévu (révision tous les deux ans), pour qu’il corresponde mieux aux besoins réels», a insisté Sylvaine Mazière-Tauran. En effet, afin de rééquilibrer la répartition des infirmières libérales sur tout le territoire français, le zonage infirmier est défini par 5 types de zones : zones très sous-dotées, zones sous-dotées, zones intermédiaires, zones sur-dotées et zones très sur-dotées. Pour les zones sous-dotées, la caisse d'Assurance Maladie a mis en place 3 contrats incitatifs infirmiers visant à encourager l'installation des infirmières libérales dans ces zones qualifiées de «déserts médicaux». Quant aux zones sur-dotées : la caisse d'Assurance Maladie prévoit au contraire des conditions restrictives, avec l'objectif de rééquilibrer la répartition des professionnels sur le territoire.
Enfin selon l'Ordre, il convient également d’augmenter les capacités de formation, de faciliter l’accès aux études infirmières par des politiques incitatives et de renforcer leur attractivité.
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