Le 20 novembre, un jeune sans-abri se présente aux urgences du CHU de Lille, en prétendant être victime d’un AVC. Un infirmier le prend en charge et procède aux vérifications nécessaires. En l’absence de signe alarmant, il explique au patient qu’aucune surveillance n’est requise et lui demande de quitter le service. L’homme refuse de partir et devient rapidement agressif. Menaces de mort, insultes, coups de genou, lancer de chaussures au visage : l’infirmier est visé à plusieurs reprises. Une infirmière tente de désamorcer la situation en proposant à l’individu d’attendre à l’accueil. L’intervention d’un agent de sécurité est finalement nécessaire pour maîtriser le jeune homme sur un brancard. Le jeune sans-abri, déjà connu du service, est interpellé par la police aux alentours de 23 heures.
Une audience marquée par la provocation
Devant le tribunal de Lille, le prévenu reconnaît les faits sans difficulté. Il multiplie les remarques provocatrices, assurant n’avoir «jamais eu l’intention de tuer», tout en tenant des propos insultants envers le personnel agressé. À plusieurs reprises, il affirme qu’il souhaite être emprisonné : «18 mois de prison, ça va me calmer», répète-t-il, selon Lille Actu, qui a assisté à l'audience en comparution immédiate. Sous curatelle renforcée, le jeune homme souffre d’une déficience intellectuelle entrainant des difficultés à gérer certaines situations. À la barre, il évoque une consommation importante d’alcool et des informations personnelles difficiles à vérifier. Son avocate insiste sur la fragilité de son client. Elle décrit un parcours marqué par la solitude et les placements successifs depuis l’enfance et demande que la déficience intellectuelle du jeune homme soit prise en compte.
La procureure rappelle que le prévenu se trouve en situation de récidive légale après une condamnation prononcée en février pour agression sexuelle sur mineur. Elle note cependant que la peine de 18 mois souhaitée par le jeune homme serait disproportionnée au regard des faits et requiert six mois ferme. En sus, le jeune homme a l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans et de contacter les victimes pendant deux ans. Il devra également verser 2500 euros de dommages et intérêts.
Des agressions éprouvantes sur le terrain
L’avocate des parties civiles décrit un impact moral fort sur les trois professionnels visés. Elle souligne que «le jeune homme vient quasi tous les jours dans le service», provoquant régulièrement des tensions, et que les insultes ont duré «30 minutes sans arrêt » le 20 novembre. Elle sollicite des indemnisations individuelles pour chacun des soignants concernés.
Ces violences interviennent dans un climat où les agressions envers les professionnels de santé sont en hausse. Depuis la loi du 9 juillet 2025 sur la sécurité des professionnels de santé, plusieurs mesures renforcent la réponse judiciaire : aggravation des peines en cas de violence commise dans un établissement de soins, sanctions spécifiques pour les menaces ou entraves envers un soignant, possibilité d’éloignement judiciaire, et procédures plus rapides pour les cas les plus graves.
Dans ce cadre, l’affaire de Lille illustre la réalité vécue par de nombreuses équipes hospitalières où la violence met à l’épreuve les soignants déjà sous tension.
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