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Des professions de santé avec encore trop de préjugés face au handicap

Publié le 18/08/2025

Les professions de santé portent toujours sur le handicap un regard biaisé, démontrent deux études qui analysent leurs attitudes envers les personnes qui en sont porteuses. Elles pointent notamment des comportements implicites qui découlent de préjugés négatifs encore trop intégrés. 

pictogramme accès PMR

Crédit photo : GARO/PHANIE

Être professionnel de santé ne protège pas complètement des biais envers les personnes en situation de handicap, démontrent deux études, publiées respectivement dans Physiotherapy Canada et dans le European Rehabilitation Journal. Elles analysent les attitudes explicites, que les soignants peuvent être amenés à formuler, et les attitudes implicites, qui se traduisent par leur comportement sans qu’ils en soient conscients. La première s’appuie sur 660 430 participants (dont cliniciens, ergothérapeutes, physiothérapeutes, infirmiers, assistants de réhabilitation et professions non médicales), entre 2006 et 2024 ; la seconde, sur 213 191 participants, composés des mêmes professions de santé. Si « les attitudes explicites envers les personnes en situation de handicap sont devenues moins défavorables au fil des 19 années de l’étude, quelle que soit la profession », les attitudes implicites, elles, ne montrent pas la même évolution et demeurent présentes, peut-on lire en conclusion de la première étude.   

Des attitudes implicites défavorables autant présentes en santé que dans les autres professions

Celle-ci note cependant des différences en fonction de la profession exercée et du sexe des soignants. Dans l’ensemble, les hommes, et en particulier les plus âgés, « ont systématiquement montré plus d’attitudes défavorables envers les personnes atteintes de handicap que les femmes », indique-t-elle. Le handicap physique éveille par ailleurs plus d’attitudes implicites et explicites défavorables, tandis que les personnes âges suscitent moins d’attitudes explicites négatives mais plus d’attitudes implicites du même ordre. Et côté professions, les deux études prouvent que ce sont les cliniciens qui affichent le plus d’attitudes explicites défavorables à l’égard de ces populations. De tous les métiers du soins pris en compte, ce sont les assistants en réhabilitation qui en démontraient le moins. De manière générale, les attitudes implicites défavorables sont autant présentes au sein des professions de santé que d’autres métiers, observent-elles. « Nos résultats suggèrent que, malgré les changements éducationnels vers une approche plus inclusive, nos anciens modes de pensée qui font du handicap une anormalité à normaliser peuvent encore affecter les professions de santé », souligne Matthieu P. Boisgontier, l’auteur des deux études.

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Évaluation des attitudes implicites et explicites face au handicap. 

Pour réduire encore ces attitudes négatives, notamment implicites, face au handicap, il préconise de sensibiliser les soignants à ces biais encore existants et de mieux les former. Les formations qui associent information et apprentissage relationnel ou expérientiel, en particulier lorsqu’il s’effectue au contact direct de personnes en situation de handicap, tendent à être plus efficaces, note-t-il en conclusion de la première étude. « Les systèmes éducationnels doivent non seulement sensibiliser aux biais mais aussi créer les conditions dans lesquelles les interactions inclusives deviennent la norme » si l’on veut modifier les comportements et les processus dans le cadre de la prise en charge de ce type de patient.

Méthode de recherche
Les études se sont appuyées sur les données de deux tests sur le handicap, accessibles via le « Project Implicit ». Les personnes interrogées sont invitées à associer, de manière automatique, des pictogrammes renvoyant à des personnes en situation de handicap (avec une canne, un fauteuil roulant…) ou valides (marche, activité physique…) à des termes à connotation soit positive soit négative (joyeux, fabuleux, heureux, horrible, tristesse…) afin d’évaluer leurs attitudes implicites. Les explicites, elles, sont mesurées par le choix d’affirmations du type « je préfère les personnes en situation de handicap aux personnes valides » selon une échelle graduée (« fortement », « modérément », « légèrement »…).

Consulter l'étude publiée Physiotherapy Canada
Et celle publiée dans European Rehabilitation Journal

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com