Un quotidien de soin hors du cadre standard
Dans les établissements médico-sociaux, les unités spécialisées ou les services accueillant des personnes en situation de handicap, les soignants sont confrontés à des formes de dépendance variées, parfois extrêmes. La parole peut être absente ou altérée, la communication difficile, et les gestes de la vie quotidienne nécessitent une assistance constante. Les expressions émotionnelles sont parfois déroutantes, les réactions aux soins complexes à interpréter.
Dans ce contexte, la pratique du soin ne suit pas un protocole figé : elle suppose une attention fine, une capacité d’adaptation constante, une lecture intuitive du corps et des micro-réactions. Elle implique aussi de travailler dans l’incertitude, et parfois dans le doute.
Ce soin soulève des questions éthiques fondamentales : comment accompagner sans toujours comprendre verbalement ? Comment “faire juste” sans confirmation explicite ? Comment respecter une altérité singulière, sans la réduire à ses symptômes ou à ses limitations ?
Les aides-soignants : présence, ajustement, écoute
Ce sont souvent les aides-soignants qui sont les plus présents auprès des personnes en situation de handicap. Leur rôle va bien au-delà des soins d’hygiène ou de confort : ils assurent la continuité de la relation, la stabilité des repères, l’observation des moindres signaux corporels. Ils sont aussi ceux qui, jour après jour, inventent des manières de faire, ajustent les gestes, tentent, corrigent, interprètent.
Mais ces savoirs sont rarement enseignés. Ils se transmettent entre collègues, dans l’informel, dans les couloirs, au fil des services, par mimétisme ou expérience. Ce sont des compétences invisibles mais fondamentales, qui engagent le corps, l’écoute, l’éthique. Peu formalisés, rarement valorisés, ces savoirs “tacitement maîtrisés” sont pourtant le socle d’un soin adapté, respectueux, et profondément engagé.
Dans ces situations émotionnellement et physiquement impliquantes, les aides-soignants ont aussi besoin de prendre soin d’eux-mêmes, de se ressourcer et de partager.
Accompagner une personne en situation de handicap, ce n’est pas seulement faire des soins : c’est tenir une posture.
Le manque de formation : un angle mort persistant
Il existe encore peu d’espaces de formation continue spécifiquement consacrés à l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Ce champ du soin reste souvent à la marge des dispositifs institutionnels classiques, intégré à des formations généralistes sans toujours distinguer les besoins spécifiques ou les contextes complexes.
Les aides-soignants eux-mêmes expriment ce manque : besoin d’échanger entre pairs, de partager les pratiques, de poser des mots sur ce qui se fait intuitivement, de nommer les dilemmes, de se sentir moins seuls face aux incertitudes du quotidien.
Les JFAS : un espace d’échange pour faire émerger les pratiques
C’est dans cette optique que se tiendra la prochaine édition des Journées de Formation des Aides-Soignants (JFAS), le 4 décembre 2025 à Strasbourg. Cette journée proposera un cadre de réflexion, d’écoute et de mise en commun sur cette thématique essentielle.
Au programme :
• Des retours d’expérience de professionnels du soin confrontés à différentes formes de handicap
• Des interventions de terrain, portées par des aides-soignants, des encadrants, des directions d’établissement
• Des temps d’échange pour confronter les réalités, partager les approches, reconnaître les gestes et les postures
L’objectif : penser ensemble ce que soigner veut dire dans ces situations singulières, où l’humain prime sur le protocole.
Informations et inscriptions aux JFAS
*Ces journées sont organisées par Phosphoria par l’Entreprise Médicale, expert de la formation des soignants depuis 25 ans
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