Plus d’un mois après les faits, les deux frères interpellés le 8 janvier pour des violences commises contre des soignants à Annemasse ont été jugés en comparution immédiate au tribunal de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie), dans la nuit du lundi 17 au mardi 18 février. À l’issue d’une audience où les versions des accusés et des soignants ont largement différé, dix-huit mois de prison, dont six avec sursis, ont été requis contre les deux prévenus.
Deux versions contradictoires
Devant le tribunal, les deux parties ont livré des relations des faits aux antipodes. Les soignants ont ainsi rapporté avoir été victimes d’une agression très violente : coups de pied et de poing, cheveux tirés, cris. Un soignant aurait également été traîné « sur quatre à cinq mètres », et il y aurait eu « un mouvement de foule ». Soit « une grande violence sur un temps très court ».
« C'est tout faux, tout simplement », ont réagi les deux frères, âgés de 25 et 33 ans. Le plus jeune a accusé le personnel de l'avoir laissé dans le « doute » quant à la prise en charge de son frère, pour des raisons administratives. « Certains sentaient l'alcool » a-t-il également affirmé. Le pot de Noël de l'équipe des urgences se déroulait bien ce soir-là, et des agents en service avaient rejoint ceux hors service. Mais « il n'y avait pas d'alcool », ont assuré plusieurs parties civiles.
Des images qui mettraient à mal la version des soignants
Le visionnage de la vidéosurveillance n’aura pas vraiment permis de trancher. La caméra qui aurait pu filmer l’altercation était hors-service ce soir-là ; les autres montrent des gestes de violences difficilement attribuables aux uns ou aux autres. Selon un article de Mediapart, qui s’appuie sur des éléments de l’enquête de police, on peut toutefois voir sur les images un infirmier porter « violent coup de poing avec sa main droite contre le mur (ou la porte de son bureau) (...) dix minutes après le départ » des deux frères. Le même infirmier s’est présenté avec une entorse du poignet droit, qui aurait été causée par les coups portés par le plus jeune des prévenus. D’autres images, enfin, montrent les deux frères « accompagnés calmement par les services d'urgence à la sortie » de l'établissement, poursuit Mediapart. Quand les infirmières, elles, ont assurés qu’ils s’étaient enfuis avec leur voiture.
La défense a demandé la relaxe des deux prévenus, pointant une enquête menée exclusivement à charge, influencée par le contexte médiatique : le ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Yannick Neuder, s’était en effet rendu à Annemasse le lendemain des faits pour assurer l’équipe de son soutien. Sur les 13 victimes, 12 s’étaient vu reconnaitre des incapacités de travail, et l’établissement avait dû fermer plusieurs jours à la suite de l’agression. La décision du tribunal, elle, sera rendue le 10 mars prochain.
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