Le jour choisi ne correspond pas à un jour de pic d’activité attendu, et les services d’urgences spécialisés (SOS mains, urgences psychiatriques, dentaires, gynécologiques, ophtalmologiques…) n’ont pas été pris en compte. Et pourtant, depuis 2013 et sa précédente enquête, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) constate que la durée de prise en charge des patients aux urgences, entre leur enregistrement administratif et leur sortie, s’est considérablement allongée : la moitié des personnes y passent ainsi plus de 3 heures, soit 45 minutes de plus qu’il y a 10 ans. Parallèlement, le nombre de patients qui se rendent dans ces services a aussi augmenté.
Les durées des passages varient selon l'âge
« La durée passée aux urgences varie fortement selon les parcours des patients, mais la hausse est générale », note-t-elle, expliquant que, lors de leur arrivée, certains patients sont placés en observation en unité d’hospitalisation de courte durée. Ce sont eux qui subissent les séjours les plus longs. Parmi les patients qui peuvent retourner à leur domicile sans avoir été hospitalisés après leur passage aux urgences, soit 80% des personnes qui arrivent dans ces services, la moitié d’entre eux y passent plus de 2h30, contre 1h50 en 2013. Enfin, pour les patients qui sont hospitalisés dans d’autres unités que celle d’hospitalisation de courte durée, la durée médiane de séjour est passée de 3h55 en 2013 à 5h20 en 2023.
« La durée de passage augmente avec la taille du service : la moitié des patients passent moins de 2 heures dans les points d’accueil qui reçoivent 40 patients ou moins en 24 heures, contre 3 heures 50 dans ceux avec plus de 120 passages », précise par ailleurs la Drees. Ainsi, si 15% des patients passent plus de 8 heures aux urgences, ces temps longs concernent rarement les enfants, à la différence des personnes de plus de 75 ans ou plus : ils représentent 36% de ces séjours (contre 24% en 2013). En cause, e nombre plus élevé des examens médicaux et des passages en unité d’hospitalisation de courte durée. « Les difficultés à trouver un lit dans un autre service pour ces patients plus souvent hospitalisés à la sortie des urgences affectent aussi ces durées. »
Seuls 5% des patients pris en charge en urgences vitales
Concernant les types de prises en charge, traumatologie, gastro-entérologie et pathologies cardio-circulatoires constituent les trois principaux motifs de recours aux urgences, la première représentant un tiers des passages, les deux autres un dixième chacun. « Les motifs de recours sont très différents selon l’âge des patients »,avec des patients de 5 à 14 ans pour lesquels les lésions traumatologiques dominent, et des patients de 75 ans et plus qui consultent pour des motifs traumatologiques (25%) et des problèmes cardio-vasculaires (16%). « 5 % des patients sont pris en charge en salle d’accueil des urgences vitales lors du passage, comme en 2013. C’est plus fréquent pour les personnes de 75 ans ou plus », poursuit la Drees. Actes diagnostiques, de soins et administration de médicaments augmentent par ailleurs avec l’âge, même si certains examens sont plus fréquents pour certaines catégories de population. Les actes d’imagerie sont ainsi plus fréquents chez les enfants de10 à 14 ans (53%).
Des difficultés d'accès aux soins en ville
L’enquête met également en lumière les conditions de prise en charge et d’adressage en aval des urgences. La moitié des personnes déclarent avoir été soit adressées par un médecin soit transportées par un véhicule de secours, et 62% évoquent une spécificité imposant une prise en charge par les urgences. Autre voie d’adressage : le Samu. Le recours à ce dernier a augmenté fortement entre 2013 et 2023, comme le notait la Drees en janvier 2025, observant une hausse du nombre d’appels au Samu-Centre 15 et un temps de réponse plus long. Mécaniquement, la part de patients qui arrivent aux urgences après régulation par le 15 a également augmenté : 16% en 2023 contre 7% en 2013.
Mais ils sont aussi près du quart (21%) à indiquer avoir atterri aux urgences en raison d’une difficulté à obtenir un rendez-vous médical en ville ; ils étaient 14% à avancer cet argument en 2013, souligne la Drees. Dans son rapport publié en novembre 2024, où elle étrillait le manque d'efficacité des mesures mises en place pour soulager les urgences, la Cour des Comptes alertait notamment sur le manque de coordination entre les professionnels de santé en ville, illustrant une nouvelle fois combien les difficultés de prise en charge en aval ont un impact sur le fonctionnement des services d'urgences.
Pour réaliser son enquête et dresser « une photographie nationale des urgences sur 24 heures », la Drees a interrogé les 58 500 patients s’étant présentés dans les 719 points d’accueil des urgences de France, générales et pédiatriques.Elle a été conduite le mardi 13 juin 2023, de 8 h le matin au lendemain à 8 h, en évitant les périodes de forte affluence (épidémies hivernales, notamment). Pour ces raisons,« les données ne sont pas représentatives de l’activité globale annuelle ni hebdomadaire des urgences », nuance la Drees.
Une baisse des hospitalisations observée pour toutes les classes d'âge
Enfin, la Drees note une baisse des hospitalisations en sortie des urgences : 15% des patients ont été hospitalisés en 2023 à la suite de leur passage, contre 20% en 2013. « La baisse des hospitalisations à l’issue des urgences s’observe à tous les âges, dans tous les types d’établissement et quelle que soit la catégorie de diagnostic à l’issue du passage », affirme-t-elle, avançant comme explications possibles la modification des pratiques médicales ou… la moindre disponibilité des lits, suite à la baisse continue des capacités d’hospitalisation des établissements. « En dix ans, le nombre de lits d’hospitalisation complète a en effet décru de 11 % (soit 43 000 lits en moins). »
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