Doublement des franchises médicales, qui entraînera une hausse du reste à charge, et durcissement de l’accès l’Aide médicale d’État (AME) qui fragilisera encore plus les sans-papiers et dont les professionnels de la santé craignent les impacts sur la santé publique. Alors qu’il menace de chuter à l’issue du vote de confiance à l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain, le gouvernement de François Bayrou tente de faire passer en force deux décrets pour cadrer ces deux mesures, qui s’intègrent dans le plan d’ensemble du Premier ministre pour réduire les dépenses. Et qui ne passent pas, comme le reste des arbitrages du budget en santé, auprès d’un certain nombre d’organisations syndicales et d’associations. C’est le cas de la Coordination Nationale des Comités de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité, qui appelle les soignants à se joindre au « mouvement citoyen » prévu le 10 septembre et aux manifestations planifiées par les syndicats le 18 septembre.
Un appel pour protéger le système de sécurité sociale
« Il y a urgence à un changement de politique pour répondre aux besoins vitaux de la population », fait valoir l’association, qui regroupe des citoyens, usagers, élus, et professionnels de la santé dans des collectifs ou comités locaux ou départementaux. « Les hôpitaux sont exsangues, les médecins généralistes sanctionnés pour des arrêts de travail, alors même que des médecins du travail disent voir plus de gens continuer à travailler malades au détriment de leur santé que d'arrêts de travail injustifiés, les facultés de médecine manquent des moyens nécessaires pour former des professionnels en nombre suffisant. » La colère est d’autant plus grande au sein de ces organisations que, au regard des économies supplémentaires demandées à la santé, la Coordination nationale rappelle qu’un récent rapport du Sénat chiffrait à 211 milliards d’euros l’aide accordée en 2023 par l’État aux entreprises, et ce dans un total manque de transparence. « Aucun tableau de bord ne permet de connaître le montant des aides publiques octroyées aux grandes entreprises, car les obligations de transparence en vigueur sont parcellaires, de portée limitée et peu opérationnelles, comme par exemple celles applicables aux aides d’État », relevait-il notamment.
« La Sécu, c’est vital ! », martèle la Coordination nationale, reprenant le titre d’une pétition lancée par Convergence des Services publics et regroupant organisations syndicales, politiques et associatives, dont la CGT, le Parti socialiste, la France insoumise et EELV ou encore la Ligue des droits de l’Homme. « Nous privilégions le financement de la Sécurité Sociale par la cotisation c’est à dire l’affectation d’une partie des richesses produites par le travail à la protection sociale solidaire. Les moyens financiers existent pour répondre aux besoins », indiquent-elles ainsi dans la présentation de la pétition. Elles réclament l’accroissement des recettes de la Sécurité sociale par les cotisations « notamment en faisant contribuer les revenus financiers des entreprises. »
Par ailleurs, la Coordination nationale indique soutenir l’appel lancé par la CGT Santé et Action sociale à mobilisation pour l’hôpital et l’action sociale le 9 octobre, ainsi que « toutes les actions locales ou nationales visant à l’accès aux soins pour toutes et tous sans discrimination comme la manifestation à Nantes le 16 septembre à l' appel de FO et CGT santé des Pays de la Loire et d’AUDACE 53. »
Ces mouvements de grève et manifestations s’organisent en réaction du budget présenté par François Bayrou à la mi-juillet, et dans lequel il demande 5 milliards d’économie à la santé. Des exigences qui désespèrent les acteurs de la santé, aussi bien la Fédération hospitalière de France (FHF), qui craint un coup « de rabot aveugle », que les professionnels eux-mêmes, dont infirmiers, que ces mesures révoltent, dans un contexte qui allie difficultés croissantes d’accès aux soins, épuisement et pénurie de soignants.
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