RÉACTION

Surveillante tuée : "les réponses strictement sécuritaires sont insuffisantes"

Publié le 12/06/2025

Le syndicat des infirmières scolaires, le SNICS-FSU, exprime son émotion et sa solidarité à la suite du drame survenu devant un collège, où une assistante d’éducation a perdu la vie et rappelle que les réponses autoritaires ne suffiront pas. 

Infirmier scolaire, un rôle de vigie

Crédit photo : pexels-tima-miroshnichenko

«Drames à l’École, jeunesse en détresse : Les portiques n’écoutent pas, ne soignent pas, ne protègent pas». Dans un communiqué publié le jeudi 12 juin, le SNICS-FSU réagit au drame survenu devant un établissement scolaire. Un élève de 14 ans a poignardé à mort une surveillante, mardi 10 juin 2025, devant le collège Françoise-Dolto à Nogent (en Haute-Marne).

Des réponses sécuritaires inadaptées 

«Ce fait tragique, survenu malgré la présence de forces de l’ordre, démontre une fois encore que les réponses strictement sécuritaires sont insuffisantes. Elles ne protègent ni les élèves, ni les personnels, et n’apportent aucune solution aux violences qui traversent notre jeunesse», martèle le syndicat. Le même jour que le drame, le 10 juin, une mobilisation interprofessionnelle d’ampleur a justement rassemblé à Paris des infirmiers, des psychologues et des assistants de service social de l’Éducation nationale, venus de toute la France, pour dénoncer une réforme de la santé scolaire très loin d'être à la hauteur des enjeux, et même taxée de réforme «cache-misère» par les syndicats.

Le SNICS-FSU alerte :

  • Aucune des mesures proposées n’est de nature à améliorer concrètement l’accompagnement des jeunes.
  • Cette réforme acte l’abandon de la lutte contre les inégalités sociales et de santé.
  • Elle détériore encore davantage les conditions de travail et ignore leurs missions de prévention, d’écoute et de soin. Les chiffres de la détresse psychique chez les jeunes sont pourtant sans appel.

Le manque de postes dans les écoles, en chiffres

7 827 infirmières pour 15 millions d’élèves et plus de 60 000 établissements. Ce sont plus de 15 300 postes supplémentaires qui seraient nécessaires pour garantir une présence effective dans chaque établissement.

L'accent sur la réponse préventive 

Les infirmières conseillères de santé sont en première ligne pour y répondre : prévention, éducation, repérage, soins, orientation. Mais le système craque. Les professionnels s’épuisent. Les départs de la Fonction publique s’accélèrent.

Le SNICS-FSU rappelle le rôle prépondérant des infirmières conseillères de santé, en première ligne pour répondre à la détresse des adolescents et effectuer une mission de prévention, d'éducation, de repérage, de soins et d'orientation. Le syndicat dénonce également le refus persistant de reconnaître la spécialité infirmière «Éducation nationale et enseignement supérieur», pourtant inscrite dans la loi infirmière votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, l’absence de garantie d’accès libre, gratuit et anonyme à la consultation infirmière sur l’ensemble du territoire, l'absence de moyens supplémentaires, et de formation renforcée malgré des besoins croissants.

Le syndicat fustige du même coup le plan santé mentale présenté par le gouvernement le 12 juin, qu'il taxe de «politique de façade» : «sans ambition, sans moyens, recentrée sur le médical, et construite sans les professionnels de terrain». Le SNICS-FSU réaffirme «que seule une politique de prévention primaire ambitieuse peut répondre durablement à la souffrance des jeunes». Une politique qui doit «agir sur les déterminants de santé mentale», «créer un environnement favorable au bien-être» et «s’appuyer sur les professionnelles déjà présents dans les écoles».

C’est là que les infirmières ont l’impact le plus fort. Le SNICS-FSU porte deux exigences essentielles :

• La création officielle d’une spécialité infirmière «Éducation nationale et enseignement supérieur».

• La garantie d’une consultation infirmière gratuite, libre et anonyme pour chaque élève et étudiant, par la création immédiate de 15 300 postes.

«La montée des violences, des inégalités et des troubles psychiques appelle des réponses humaines, préventives, plurielles. L’école a besoin d’équipes pluriprofessionnelles complètes. Elle a besoin d’infirmières formées, reconnues, et en nombre suffisant. Nous sommes là. Il est temps que l’État nous donne les moyens d’exercer pleinement nos missions», conclut le SNICS-FSU.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com