DROITS DES FEMMES

La prise en charge des femmes trop impactée par les biais sexistes

Publié le 12/03/2025

Une étude réalisée par IPSOS pour la Fédération hospitalière de France révèle la persistance de biais sexistes en santé, qui ont des impacts préjudiciables sur la prise en charge des femmes.

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C’est une réalité « préoccupante » que vient mettre en lumière une enquête IPSOS inédite réalisée pour la Fédération hospitalière de France (FHF) : « Les inégalités de genre dans la prise en charge médicale persistent et compromettent la santé des femmes », a alerté cette dernière. En cause, des biais sexistes persistants chez les professionnels de santé qui ont des impacts sur les diagnostics et les soins, entre retards, minimisations des symptômes, voire interventions non désirées.

La santé des femmes reste marquée par les stigmates d’une médecine pensée par et pour les hommes

« La santé des femmes reste marquée par les stigmates d’une médecine pensée par et pour les hommes », tacle la FHF, qui met en avant plusieurs exemples : risque de surmortalité des femmes en matière de maladie cardiovasculaire, femmes qui consultent aux urgences pour des douleurs abdominales et dont les symptômes sont associés à des causes gynécologiques ou psychosomatiques plutôt qu’à de potentielles causes médicales…

Plus de la moitié des Françaises estiment que leurs symptômes sont minorés

Ainsi, selon le sondage IPSOS, plus de la moitié des Françaises (51%) estiment que leurs symptômes ont été minorés au moins une fois lorsqu’elles les ont décrits à un professionnel de santé. 34% ont reçu des commentaires inappropriés sur leur apparence physique ou leur vie personnelle, et 42% ont vu leurs symptômes physiques au moins une fois attribués à des causes psychologiques et hormonales, sans que soit lancée d’autres investigations plus approfondies. Enfin, une femme sur 5 dit « avoir ressenti une pression pour des interventions non désirées », par exemple concernant la contraception ou la grossesse.

 Plus d’une femme sur 3 a vu ses douleurs non considérées

Parallèlement, les femmes sont également victimes de biais sexistes véhiculés par leur entourage. « Plus d’une femme sur 3 a vu ses douleurs non considérées, ou son jugement sur sa santé remis en question », s’inquiète la FHF. Elles sont 37% à remarquer que l’on remet en question leur jugement concernant leur propre santé, et elles sont autant (38%) à avoir ressenti au moins une fois la banalisation de leurs problèmes de santé, considérés comme « normaux » pour une femme.

Autre constatation : les femmes de moins de 35 ans et celles souffrant de problèmes de santé mentale sont celles qui témoignent être le plus fréquemment confrontées à ce type de situation.

Les inégalités sexistes, une question de santé publique

« Résultat, les femmes s’autocensurent : près de la moitié des femmes (49%) sous-estiment leur niveau de douleur », constate la FHF. Dans ce contexte, celle-ci rappelle son engagement dans la lutte pour l’égalité en santé. « Il nous apparaît nécessaire aujourd’hui de sensibiliser l’ensemble des professionnels de santé aux biais de genre et d'adapter les protocoles médicaux pour assurer une prise en charge équitable et efficace des patientes », martèle-t-elle ainsi. La persistance des inégalités sexistes est tout autant un enjeu de droits qu’une question de santé publique, réagi de son côté Zaynab Riet, déléguée générale de la FHF, qui relève que l’hôpital public a « le devoir absolu » d’être à l’avant-garde de ces questions.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com