Au sein des établissements et services sociaux et médico-sociaux, les soignants se heurtent souvent à des difficultés pour accompagner leurs patients dans leur vie intime, affective et sexuelle. « Les personnes âgées n'ont pas de sexualité », « Parler de sexualité avec les jeunes risque de les inciter à avoir des relations sexuelles et à faire face à une augmentation des grossesses ou des infections sexuellement transmissibles »…, les professionnels sont malgré eux en butte à des préjugés qui ont un impact sur leur pratique quotidienne, observe ainsi la Haute autorité de santé (HAS) en amont de ses recommandations. « Les professionnels témoignent également d’un sentiment de gêne et d’illégitimité à aborder la question, mais aussi d’un manque de formation. » Or cette vie intime, affective et sexuelle est une composante de la dignité humaine, et elle se doit donc d’être respectée. Et son accompagnement est d’autant plus nécessaire quand les personnes sont vulnérables, en situation de précarité ou de handicap, âgées ou en perte d’autonomie.
Un accompagnement à adapter à chaque patient
C’est pour répondre à ces attentes que la HAS publie un premier volet de recommandations dont l’objectif est de « promouvoir une approche positive en fournissant aux professionnels des repères scientifiques, éthiques et organisationnels », qui leur permettent de mieux comprendre et tenir compte des besoins et aspirations des personnes qu’ils accompagnent. Tout en sachant trouver un équilibre entre cet accompagnement et le respect de la vie privée et intime.
La première étape passe l’impulsion d’une dynamique au sein de la gouvernance même des établissements, avec l’inscription de la vie intime, affective et sexuelle « dans une réflexion institutionnelle globale ». Celle-ci peut se traduire via la mise en place de différents outils ou dispositifs : livret d’accueil, règlement de fonctionnement, projets d’établissement… « Cette formalisation vise à recommander des postures et pratiques communes et à engager de façon durable l’ensemble des acteurs, jusqu’à la direction. » Autres préconisations : encourager les prises de parole, aussi bien des professionnels que des personnes accompagnées, ou désigner un référent spécialisé sur ce sujet, voire faire appel à des intervenants extérieurs. « Il est également important de recueillir les souhaits des personnes désireuses de parler de vie intime, affective et sexuelle, grâce à des questionnaires ou en introduisant ce sujet dans les projets personnalisés par exemple », ajoute la HAS.
L’accompagnement doit également être adapté au vécu et aux aspirations des personnes, et à leur développement psychique et psychosocial. Certaines peuvent ne pas vouloir en bénéficier, tandis que d’autres en ont une vision négative, soit par méconnaissance, soit du fait de leur parcours (agressions sexuelles, inceste…), qui peuvent « troubler leur perception des limites corporelles et du rapport à l’autre », souligne-t-elle.
La priorité : sensibiliser le plus grand nombre
Reste que le déploiement de ces mesures au sein des services et établissements n’est possible que si le plus grand monde est sensibilisé à ces sujets. D'où l'importance, pour les professionnels de santé, d'être en mesure de fournir les bonnes informations au bon moment. « L'accès à une information claire, adaptée et non infantilisante est essentiel pour favoriser l'autodétermination des personnes et faire évoluer certaines représentations », insiste-t-elle, précisant que cette sensibilisation doit s’effectuer tout au long de la vie.
Ce premier volet de recommandation doit apporter « un socle commun de repères juridiques et éthiques et des premières pistes d'action » aux professionnels afin qu'ils travaillent collectivement autour de ces enjeux. Un second volet consacré aux outils, interventions et pratiques est prévu pour l'année prochaine.
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