SANTÉ A L'ÉCOLE

Santé des élèves : les infirmiers scolaires demandent des moyens urgents

Publié le 14/05/2025

La ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne a annoncé vouloir améliorer la santé et le bien-être à l'école, mettant l'accent sur une meilleure prise en charge de la souffrance psychique des élèves. Des mesures "cache-misère" pour les syndicats infirmiers, qui ont exprimé leur déception. 

soignante de dos, fillette, consultation

Crédit photo : BURGER / PHANIE

Alors que les Assises de la santé scolaire se sont tenues ce 14 mai, infirmiers, médecins, psychologues ou AESH attendaient des mesures concrètes pour renforcer l'attractivité du secteur et améliorer leurs conditions de travail, au bénéfice des élèves. En effet les effectifs de professionnels et le manque général de moyens ne permettent pas d’apporter des réponses à la hauteur de l’enjeu, estiment-ils. 

L'accent mis sur la santé mentale 

C’est dans ce contexte qu’Elisabeth Borne, la ministre de l'Education, a annoncé des mesures : dès la rentrée 2026, tous les élèves de six ans devront bénéficier d'une «analyse personnalisée de leur situation de santé». La visite médicale ne concerne aujourd'hui que 20% des élèves de cet âge. Autre point : dès juin 2025, les élèves en fragilité pourront bénéficier d'un système de «coupe-file» pour accéder en priorité aux centres médico-psychologiques. Elisabeth Borne a également insisté sur la prise en charge de la santé mentale, définie comme «une priorité nationale», indiquant qu'une lycéenne sur trois a eu des pensées suicidaires ces 12 derniers mois.

Ainsi, chaque collège et lycée devra se doter d'un protocole de santé mentale d'ici la fin de l'année, pour mieux repérer et prendre en charge la souffrance psychique des élèves. A la rentrée prochaine, chaque département sera doté d'un «conseiller technique en santé mentale». Bémol : les 100 conseillers devraient être recrutés principalement parmi les psychologues scolaires, qui manquent déjà cruellement, soulignent régulièrement les syndicats.

13% des 13-16 ans présentent au moins un trouble psychique. Pourtant, dans les établissements scolaires en France on compte en moyenne un infirmier scolaire pour 1 600 élèves et 1 médecin scolaire pour 13 000 élèves, avec la plupart du temps des professionnels du soin qui se partagent plusieurs établissements. 

Dans chaque lycée, collège et circonscription, seront aussi formés deux «personnels-repères» en santé mentale d'ici la fin de l'année scolaire 2026. Elisabeth Borne a également indiqué que les inspecteurs et les directeurs d'établissements, tout comme les personnels sociaux et de santé, auront accès à des modules de formation liés à la santé mentale. Les compétences psychosociales seront développées aussi chez les élèves, en étant intégrées au programme du socle commun de la maternelle à la troisième à partir de la rentrée 2026. L'objectif : promouvoir «l'entraide entre pairs».

Renforcement des effectifs infirmiers de l'Education nationale

Enfin, la question des moyens a été abordée par la ministre, qui a concédé que près de 40% des postes de médecins scolaires sont vacants. Leur carrière «sera revalorisée et fluidifiée», a affirmé Elisabeth Borne. L'objectif est de permettre une revalorisation allant jusqu'à 500 euros brut par mois, a précisé le ministère. La ministre a aussi évoqué «le renforcement des effectifs d'infirmiers et de psychologues de l'Education nationale». Deux points qui feront l'objet de négociations lors de la préparation du projet de loi de finances 2026.

"Cache-misère"

Les syndicats Snics-FSU (infirmières), Snuas-FP FSU (assistants sociaux), Snes-FSU (principal syndicat enseignant du secondaire) et FSU-Snuipp (premier degré) ont regretté des «mesures étriquées» et des «réponses inadaptées».

«Les projets présentés relèvent davantage du cache-misère que d'une véritable ambition», ont-ils ajouté dans un communiqué, appelant à ce que «cette réforme change de cap», avec «des moyens humains supplémentaires» et une «revalorisation de tous les personnels». La CFDT Education a aussi jugé ces mesures «très loin de répondre aux attentes des personnels et aux enjeux». C'est «une déception importante», a regretté sa secrétaire générale, Catherine Nave-Bekhti.

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP

Source : infirmiers.com