C’est l’un des espoirs des infirmiers anesthésistes (IADE), qui militent depuis plusieurs années maintenant pour cette évolution : que la loi relative à la refonte du métier infirmier entraîne enfin une reconnaissance statutaire de leur exercice en pratique avancée. Et si le Syndicat national des infirmiers anesthésistes salue bien « l’initiative » de cette loi votée à l’unanimité par les députés dans la nuit du 10 mars 2025, force est de constater que le texte, en l’état, ne répond pas à ses revendications. En cause, un Article 2 qui constitue une « erreur majeure » et qui doit être absolument révisé, fait-il valoir dans un communiqué.
Un texte qui ne tient pas compte des "spécificités" des infirmiers anesthésistes
Cet Article vient en effet modifier l’article L. 4301-1 du code de la santé publique, qui définit les cadres d’exercice en pratique avancée ainsi que ses conditions et règles. Il ajoute ainsi comme lieux d’exercice possibles les services départementaux de protection maternelle et infantile (PMI) et les établissements scolaires, mais aussi – et c’est là le point qui éveille la méfiance du SNIA – propose de reconnaitre certains diplômes d’infirmiers en tant que diplômes d’infirmier en pratique avancée (IPA). La liste de ces diplômes doit être « arrêtée par le ministre chargé de la santé », précise d’ailleurs le texte. Or, pour le SNIA, une telle formulation « ignore la réalité des IADE, qui revendiquent une reconnaissance en tant que profession en pratique avancée spécifique » et donc bien distincte du métier d’IPA. Comme le rappelait Christophe Paysant, le président du syndicat, quelques mois avant le vote de la loi, il ne s’agit pas de transformer les IADE en IPA, mais bien de leur reconnaître un degré spécifique d’autonomie et de technicité.
Pire encore, l’Article 2 irait même dans le sens contraire des attentes des IADE. En « ouvrant la porte à une expansion incontrôlée des voies d’accès […] sans tenir compte des compétences spécifiques, du champ d’activité » et des équilibres « entre les instances professionnels », il fragiliserait la « structuration des diplômes d’infirmiers en pratique avancée ». Et le SNIA de donner un exemple concret : comment intégrer les représentants des spécialités dans les organisations d’IPA ? Ce qu’il pointe du doigt ici, c’est en réalité l’idée d’un modèle unique qui engloberait l’ensemble des spécialités (IADE, infirmiers de bloc, infirmiers puériculteurs), au risque de sacrifier le niveau de compétences et de technicité propre à chacune d’entre elles. « Il est impératif de développer une filière spécifique de pratique avancée pour les IADE, plutôt que d’imposer un modèle unique, conçu initialement pour la prise en charge des pathologies chroniques, sans lien avec les soins aigus, l’autonomie clinique actuelle et les compétences » des IADE, plaide-t-il.
Le texte relatif à la refonte doit encore poursuivre son parcours au Sénat en procédure accélérée, où il pourrait toutefois être amendé. Le SNIA appelle donc les parlementaires à « poursuivre le dialogue » pour l’adapter et garantir une « solution raisonnable, pérenne et sécurisante » pour l’ensemble des acteurs, IADE comme patients.
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