LOI INFIRMIÈRE

La contribution des IADE pour favoriser leur reconnaissance en pratique avancée

Publié le 14/04/2025

Le Conseil national professionnel des infirmiers anesthésistes s'est fendu, en amont de l'examen par le Sénat du projet de loi relatif à la refonte infirmière, d'une nouvelle contribution. L'objectif : convaincre les sénateurs du bien fondé d'en repenser l'Article 2, qui prévoit la reconnaissance des spécialités en pratique avancée.

sénat, salle

Crédit photo : GARO/PHANIE

Ce devait être une révolution pour l’ensemble de la profession infirmière ; mais pour les spécialités, infirmiers anesthésistes (IADE) et infirmiers de bloc opératoire (IBODE) en tête, c’est devenu un sujet d’inquiétude. La loi infirmière, adoptée début mars 2025 par l’Assemblée, suscite chez ces professionnels de la méfiance. L’Article 2, qui prévoit la reconnaissance de certains diplômes de spécialités en pratique avancée, ne répond ni aux attentes des IADE, qui militent depuis longtemps pour plus d’autonomie, ni à celles des IBODE, qui craignent la disparition de leur exercice en raison du dispositif des mesures transitoires. Pour ces deux spécialités, l’Article 2 entraînerait in fine une dilution de leurs compétences et de leur spécificité. Le Conseil national professionnel des IADE (CNPIA) profite donc de l’occasion du futur examen de la loi par le Sénat pour soumettre une nouvelle contribution et espérer infléchir la décision des élus.

Une pratique avancée française dont le champ est encore trop limité

Telle qu’elle a été définie puis repensée depuis son introduction dans le système de santé français en 2016, la pratique avancée ne répond pas réellement à l’évolution des besoins en santé, souligne-t-il d’abord. La limiter au seul modèle de l’infirmier en pratique avancée (IPA), et quand bien même ce dernier a vu son champ de compétences s’élargir avec l’accès direct et la primo-prescription, revient « à priver le système de santé de la richesse et de la diversité des compétences des différents professionnels » infirmiers. Il faut donc que la pratique avancée reflète « la pluralité des expertises infirmières, construites grâce à des formations spécifiques. » C’est le premier axe défendu par la contribution du CNPIA. « Reconnaître plusieurs modèles de pratique avancée permettrait d’adapter les réponses aux réalités que les établissements de santé doivent et devront affronter: réanimation, bloc opératoire, périnatalité, soins critiques, urgences, etc. », poursuit-il, surtout dans un contexte où se conjuguent pénurie médicale et vieillissement de la population et augmentation des maladies chroniques.

Et de prendre l’exemple des États-Unis, où la déclinaison de l’exercice infirmier en pratique avancée en 4 fonctions (infirmier praticien certifié, infirmier certifié en anesthésie, infirmier sage-femme certifié, et infirmier clinicien spécialisé) contribue à donner plus d’autonomie aux infirmiers et à développer leur raisonnement clinique, tout en sécurisant une diversification des exercices permettant de répondre aux demandes des patients.

Une spécialité qui attend un élargissement de ses compétences

C’est ce type de déclinaison que le CNPIA souhaiterait voir mis en place : soit une profession, celle d’infirmier autorisé en pratique avancée, qui se déclinerait en quatre autres fonctions, à savoir les trois spécialités (IADE, IBODE et les infirmiers de puériculture, IPDE) et les IPA. Car en réalité, les IADE incarnent déjà « un modèle reconnu de pratique avancée, tel que défini par les standards internationaux », estime le CNPIA, citant notamment les orientations stratégiques pour les soins infirmiers et obstétricaux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou la description et l’évaluation des pratiques infirmières avancées réalisées dans 12 pays par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). « Leur formation, leur autonomie clinique, leur expertise technique et leur rôle décisionnel dans des contextes à haut risque (anesthésie, réanimation, urgence) s’inscrivent pleinement dans cette logique », juge-t-il, avançant que les normes internationales qui définissent la pratique avancée sont en adéquation avec la formation et l’exercice IADE :

La profession gagnerait également à voir s’étendre ses compétences : sécurisation de l’acte anesthésique et libération de temps médical,  transport inter hospitalier en autonomie de patient intubé/ventilé dans le cadre des urgences pré-hospitalières, ou encore suivi et éducation des patients dans celui du traitement de la douleur, sont quelques-uns des axes de progrès listés dans la contribution. Aussi reconnaître légalement les IADE en tant que professionnels exerçant en pratique avancée permettrait à la fois de stabiliser leur cadre d’exercice, de perfectionner leur formation, de valoriser leurs compétences et de renforcer leur place au sein des équipes, et d’améliorer l’organisation des soins, déroule l'organisation.

« Cette reconnaissance doit être portée au niveau législatif, intégrée de façon claire au Code de la santé publique, et articulée avec le maintien du décret encadrant leurs actes ainsi que du référentiel de formation actuellement mis en œuvre », conclut le CNPIA ; qui appelle les sénateurs à repenser l’Article 2 de la loi infirmière. « La reconnaissance de l’exercice des IADE en pratique avancée n’est ni une faveur ni une exception : c’est une mesure de santé publique étayée par des données probantes qui promeut la cohérence et la responsabilité. »

Accéder à la contribution du CNPIA

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com