URGENCES

Urgences : un tiers des hôpitaux en situation dégradée cet été

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Publié le 03/09/2025

Selon l'enquête flash de la Fédération hospitalière de France, menée auprès de ses établissements, près d'un tiers des hôpitaux publics ont constaté une dégradation de leur situation aux urgences, cet été.

deux lits, couloir, service d'urgences, deux soignants, accueil

Crédit photo : S.Toubon

Cette année encore, les établissements publics « sont restés pleinement mobilisés » face à des tensions estivales aggravées par les épisodes caniculaires, a salué Zaynab Riet, déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF) lors de la conférence de presse de rentrée de l’institution, mardi 2 septembre. « L’été est un moment qui révèle les fragilités structurelles de notre système de santé, qui se ressentent dans les services d’urgences, qui restent pour beaucoup la porte d’entrée » vers les soins.

Des indicateurs en légère amélioration

Selon l’enquête flash de la FHF réalisée auprès de 277 structures (voir encadré), la situation des urgences est demeurée stable cette année par rapport à l’année 2024 pour la moitié d’entre elles. Toutefois, 30% ont fait part d’une dégradation (contre 39% l’année précédente), et 20% d’une amélioration, a détaillé Vincent Ollivier, responsable adjoint du pôle Offres. Seuls 9% services d’urgences ont indiqué une diminution de leur activité, contre 47% qui témoignent a contrario d’une hausse. L’enquête souligne néanmoins une légère amélioration : 12% des établissements ont été contraints de fermer au moins une fois leur service d’urgences, contre 18% en 2024.

Pour répondre aux difficultés, les structures ont mis en place plusieurs solutions. 62% ont eu recours aux heures supplémentaires, 43% à l’intérim, 31% à une réorientation lors de l’arrivée des patients aux urgences, et 31% à la régulation par le 15, une pratique dont le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) dénonçait la progression, due essentiellement au manque de personnel, à la mi-août. 26% des répondants ont enfin indiqué avoir fermé ponctuellement ou réduit leurs lignes de SMUR. En prévision des tensions estivales, devenues inévitables, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) avait incité dans une instruction les hôpitaux publics à anticiper les difficultés, notamment grâce à certaines de ces mesures.

Manques de lits d'aval, de personnel et de coordination avec le secteur privé 

Deux raisons majeures sont avancées pour expliquer la persistance de ces tensions : les difficultés d’accès aux lits d’aval en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) – la situation s’est ainsi dégradée pour 25% des établissements – et le manque de personnels médicaux (3 établissements sur 5) et, dans une moindre mesure, paramédicaux (28%, en amélioration). La FHF pointe également un manque de coordination avec les structures privées. 37% des répondants expliquent ainsi les difficultés qu’ils ont rencontrées dans leurs services d’urgences par la fermeture d’autres services, souvent non-concertées, sur leur territoire. De manière générale, le manque de coordination sur le territoire entre les différents acteurs de la santé « contribue à augmenter les tensions sur l’hôpital public », a commenté Vincent Ollivier. 38% des établissements publics répondants ont indiqué que la médecine de ville avait été « partiellement ou fortement mobilisée » pendant la période, et 72% que les cliniques avaient été « faiblement voire pas du tout mobilisées », avec des « fermetures fréquentes non préparées ».

Investir dans l'hôpital pour mieux le préparer 

« On ne peut pas continuer comme ça chaque année en comptant sur les professionnels de santé », a réagi Zaynab Riet, qui a insisté sur la nécessité de procéder à une « réforme structurelle » qui puissent réorienter les moyens vers les établissements qui assurent la prise en charge et la continuité des soins durant ces périodes. Il faut également mieux prévenir les épisodes caniculaires en investissant plus largement dans l’hôpital. Ces moments de fortes chaleurs, qui relevaient auparavant de l’exceptionnel, sont amenés à devenir la norme, a-t-elle en effet poursuivi. Or personnes âgées et fragiles s'y révèlent particulièrement vulnérables et risquent rapidement l’hospitalisation si aucune prévention n’est effectuée. « On ne peut pas penser la canicule au moment où il fait chaud. » Il faut « penser aux investissements pour préparer les établissements » et activer notamment ceux prévus par le Ségur de la santé. Investir dans l’hôpital pour mieux le préparer aux problèmes de demain, c’est d’ailleurs le message que la FHF n’a cessé de marteler tout au long de sa conférence de presse.

Les répondants à l'enquête flash
L’enquête a réuni les réponses de 277 établissements, soit 68% des établissements publics :

  • 90% des CHU
  • Plus de 60% des CH
  • 29% sont sièges de SAMU
  • 93% disposent d’au moins une ligne de SMUR
  • Et 69% indiquent qu’ils sont intégrés dans le Service d’accès aux soins (SAS, contre 55% en 2024).

    Source : infirmiers.com