« Le pic épidémique avait été annoncé pour mi-avril par les épidémiologistes. Nous y sommes », a déclaré Lionel Calenge, le directeur du CHU de La Réunion, sur RMC dimanche 20 avril. L’île fait face depuis plusieurs mois à une épidémie galopante de chikungunya. D’après l’Agence régionale de santé (ARS), qui juge les chiffres avancés par les autorités sanitaires très sous-estimés, plus de 100 000 Réunionnais auraient déjà été contaminés par le virus. Que cette évaluation soit juste ou non, sur le terrain, la réalité est elle incontestable. « Tous les jours depuis plusieurs semaines, on accueille entre 30 et 40 patients atteints de chikungunya sur nos deux services d'urgence, à Saint-Denis et à Saint-Pierre, entraînant vraiment une grosse tension sur nos capacités », a alerté le directeur de l’établissement sanitaire de l’île.
Un hôpital mieux préparé mais qui reste sous tension
Le CHU, en première ligne dans cette situation de crise, cumule en effet les difficultés : nombre de lits insuffisants, taux d’occupation en médecine et en chirurgie à 95%, et afflux de patients ; ils sont 581 à avoir été hospitalités pour chikungunya depuis le début de l’année, dont 127 en pédiatrie et 46 en néonatologie et réanimation néonatale, a décompté Lionel Calenge. Les services d’urgences ont ainsi vu leur niveau d’activité augmenter de 12% dans le dernier mois. Et il y a les soignants malades : 540 d’entre eux ont dû être arrêtés après avoir été infectés par le virus. Alors pour y faire face, le CHU a réclamé « le renfort de trois médecins du service sanitaire ». « On a demandé également six médecins supplémentaires au niveau national », a-t-il ajouté.
Un plan blanc et 300 opérations déprogrammées
Le 7 avril dernier, le CHU de La Réunion avait déjà dû déclencher un plan blanc, afin de déprogrammer certaines opérations et rappeler des personnels en congés. Il a permis d’ouvrir 14 lits de médecine supplémentaires et de transformer des hôpitaux de semaine en médecine post-urgences. 300 opérations ont également été déprogrammées. « On a recruté des paramédicaux, des infirmiers, des personnels paramédicaux, on a eu plus de difficultés par rapport aux médecins », a précisé Lionel Calenge. Dans cette situation de crise, il y a toutefois une source de satisfaction. L’hôpital, devenu leader dans la recherche mondiale sur le chikungunya, est mieux préparé face au virus. « On a mieux compris les facteurs environnementaux qui accélèrent l'épidémie. On connaît également mieux les symptômes du chikungunya, comme les douleurs chroniques qui peuvent durer des années, mais aussi sur les formes graves. Enfin, on a compris aussi qu'il y avait une transmission de la mère à l'enfant. »
Les soignants encouragés à se faire vacciner
C’est également le 7 avril que s’est ouverte une campagne de vaccination contre le chikungunya à destination des populations les plus vulnérables. L’hôpital a aussi proposé de son côté aux soignants volontaires d’en bénéficier. 1 000 d’entre eux se sont manifestés. « On peut saluer l'effort de notre personnel », a souligné son directeur. « Nous sommes le premier pays du monde à avoir acheté autant de doses disponibles de ce tout nouveau vaccin », a déclaré de son côté Emmanuel Macron, ce mardi 22 avril. En déplacement dans l’océan Indien, le président de la République s’est en effet rendu sur l’île après un passage à Mayotte pour faire le point sur l’épidémie de chikungunya et les dégâts provoqués par le cyclone Garance. À l’heure actuelle, les personnes de 65 ans et plus présentant des comorbidités sont concernées par la campagne de vaccination. Mais « toutes les mesures de protection et de prévention, surtout pour les femmes enceintes », doivent être mises en place, a-t-il ajouté, promettant que si des renforts s’avéraient nécessaires, ils seraient mobilisés. Depuis le début de l’année, les autorités sanitaires ont recensé 6 décès provoqués par le virus.
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